Dans les années 70, les rues de Dogtown, un quartier de Venice, en Californie, sont le territoire d'un groupe de jeunes qui pour la première fois, transposent les plus spectaculaires mouvements du surf sur le béton. En peu de temps, les Z-Boys deviennent des légendes. Véritables magiciens du skateboard, ils sont à l'origine des sports extrêmes d'aujourd'hui. Les compétitions se les arrachent, les filles leur tombent dans les bras. Soudain, tout le monde les veut, le sport, le marketing, la pub...Mais dans ce tourbillon qui voit une passion devenir un business et des ados se transformer en stars, que vont devenir la flamme, la passion, et l'amitié qui les unit ?
D’abord pressenti pour David Fincher, le réalisateur de « Seven », c’est à Catherine Hardwicke (Thirteen) qu’est revenue la lourde tâche de mettre en scène l’histoire de ce groupe de Skaters légendaires qui révolutionnèrent le sport dans les années 70, en y insérant des figures du Surf. De ce groupe sont nés des légendes comme Stacy Peralta (Dogtown and Z-Boys) et Jay Adams. Chacun eut un parcours différent mais tous ont en commun d’être devenu des légendes dans le monde du Skate, notamment grâce à ce qu’ils ont apporté à ce sport et, également, à leurs vies personnelles souvent faites de démêlés avec la justice, par une enfance cabossée et une envie irrépressible de liberté.
Avec une mise en scène très « clipesque », la réalisatrice parvient à capter un univers fait de mouvements permanents et d’envie de liberté, de casser les barrières quitte, pour cela, à faire un peu trop de bruit pour les autres. Cela donne forcément une sensation, à la fois de vertige et parfois de gêne, mais cela participe à une atmosphère particulière qui vient habiller une histoire hors du commun où des gosses d’un quartier de Los Angeles, livrés à eux-mêmes, font les 400 coups et grâce à leur skate-board se sentent soudainement au cœur de l’attention, avec tout ce que cela implique de dérive et de franchissement de lignes non autorisées. C’est aussi ce qui les a rendu célèbres et les fit entrer dans la légende et est venu renforcer ce sentient d’impunité, y compris avec les jeunes filles chez qui ces « sales gosses » suscitent un nouvel intérêt. Catherine Hardwicke, tout juste sortie de « Thirteen », déjà une œuvre qui parlait de la jeunesse et de cette envie irrépressible de trouver sa place et d’être reconnu, et avant de se retrouver à la tête du premier volet de la triste saga « Twilight », signe ici, une œuvre dynamique, portée par ses personnages et par un sport éprit de liberté et de dépassement de soi dans un milieu urbain ou chaque obstacle devient d’un seul coup un accessoire de jeu.
Et la distribution de se laisser aller à un dynamique parfois hystérique, n’est jamais prise en défaut, à commencer par la bande comme Jay Adams, joué avec une véritable folie et un véritable détachement par Emile Hirsch (Into The Wild), Stacy Peralta, joué avec justesse et subtilité par John Robinson, que l’on avait déjà vu chez Gus Van Sant dans « Elephant » (2003) pour ne citer qu’eux dans les plus jeunes et puis bien sûr l’incroyable et surprenante prestation d’Heath Ledger, qui signera plus tard l’hallucinante prestation du Joker dans le « Batman : The Dark Knight » de Christopher Nolan en 2008, et qui ici se plonge à corps perdu dans un personnage à la fois visionnaire et complètement halluciné qui va pousser ces gosses à se faire entendre dans les compétitions. Le comédien est méconnaissable physiquement et livre une prestation de folie qui laisse déjà supposer l’incroyable destin qui l’attend dans sa carrière.