Inspiré des années d'études du cinéaste, School daze décrit l'affrontement de deux groupes d'étudiants afro-américains aux idées opposées, les « Wannabes » et les « Jigaboos ».
Après trois courts-métrages, un moyen et un long métrage qui lui a ouvert la porte des studios, Spike Lee, se lance dans une nouvelle réalisation, dans laquelle les thèmes qui lui sont chers et qui dicteront ses choix de réalisation durant toute sa carrière y apparaissent déjà. Car avec « School Daze », Spike Lee va axer son propos sur deux éléments : Le premier concerne le Morehouse Collège situé à Atlanta en Géorgie. Un Etablissement que l’on désigne par l’acronyme HBCU (Hytorically Black College or University). Créé après la guerre de Sécession (Certains même un peu avant) ces Lycées ou Université avaient pour but d’offrir un enseignement de qualité aux noirs et exclusivement. Ce qui avait pour effet pervers de renforcer l’esprit ségrégationniste ambiant. Et justement pour renforcer son propos, le réalisateur s’amuse avec un deuxième élément de narration deux bandes rivales les « Jigaboos » (A traduire par : Noir) et les « Wannabees » (Traduire par : Les Aspirants). Pour résumer il y a les filles et garçons à la peau noir et revendiquant la culture africaine venues de l’esclavage et les Aspirants, ceux qui veulent ressembler aux blancs et qui ont la peau métissée.
Spike Lee, qui a écrit le scénario, fait déjà preuve d’un sens de l’humour aiguisé qui va, sous couvert d’une mise en scène un peu loufoque, va allégrement se moquer des comédies musicales de l’époque et y insuffler toute la puissance de la culture Afro Américaine que ce soit dans la musique ou dans la danse. Mais surtout le réalisateur va interroger le spectateur et, ce, quelle que soit sa couleur, sur ces établissements et cette ségrégation toujours et va jusqu’à mettre en générique les figures emblématiques noires qui ont traversé les frontières à commencer par Hattie McDaniel ou Mohamed Ali. Spike Lee interroge sur ces guerres fratricides issues d’un monde qui ne leur laisse pas beaucoup d’horizons et qui, à l’époque, ne laisse pas beaucoup d’espoir de voir un jour un Président noir.
Avec une folie contagieuse, et un sens du burlesque, le réalisateur met en scène ses amis et s’amuse des codes de l’université avec ses Fraternités et ses mises e scène à rallonge, ses codes de déontologie, et ses propres censures. Il s’interroge également sur le rapport que les garçons ont aux filles e la façon dont ils les déshumanisent à leurs profits pour peu que les hormones les chatouillent. Spike Lee est un réalisateur imparfait mais qui a le sens de la dérision et du discours pour mieux marquer les consciences et les interroger. La dernière phrase du film va dans ce sens et peut être à destination de toutes les communautés.
Dans « School Daze » nous pouvons voir le réalisateur en tant qu’acteur, mais surtout nous avons le plaisir de découvrir des acteurs alors au début de leurs carrières comme Laurence Fishburne (Matrix), Samuel L. Jackson (Avengers), Giancarlo Esposito (Breaking Bad) ou encore le regretté Bill Nunn (Sister Act). Une bande de fidèles qui vont suivre le réalisateur durant une bonne partie de sa carrière et qui, pour « School Daze », se laissent embarquer par la folie communicative du réalisateur. Le film est une folie narrative et visuelle mais laisse percevoir un grand réalisateur qui assume ses combats et cherche avant tout à sensibiliser et surtout à bousculer les idées pour mieux amener les gens à se pencher sur la condition des Afro-Américains.