Le portrait sans concession d’une femme complexe qu’on surnommait la Voix. De ses débuts comme choriste dans le New Jersey à son statut d’artiste parmi les plus récompensées et renommées de tous les temps, le film retrace le périple galvanisant, poignant et profondément émouvant de Whitney Houston. Un parcours exemplaire ponctué de concerts sensationnels et des chansons les plus emblématiques de la star.
Alors voilà exactement le type de résumé qui devrait être relu plusieurs fois avant d’être validé, car le « Sans Concession » du distributeur, fait allusion à la relation entre Whitney Houston et sa meilleure amie Robyn Crawford, qui agit pendant de nombreuses années comme un rempart entre le monde et la chanteuse. Mais ce biopic, particulièrement linéaire ne va pas plus loin que le « Sage » pour évoquer ces parts d’ombre dans la carrière de l’artiste et se focaliser sur les performances vocales. Ainsi, le scénario signé Anthony McCarten, déjà auréolé par le biopic sur le groupe Queen et son leader emblématique : Freddie Mercury, se lance dans une retranscription bien gentille de la carrière et de la vie de Whitney Houston. Tout est survolé, compressé, mais jamais exploré. Ainsi l’angle de narration qui consiste à se concentrer sur les qualités vocales de la chanteuse, ne font qu’effacer toutes les blessures qui ont jalonné son parcours, à commencer par cette relation avec Robyn Crawford qui fut, non seulement cachée, mais qui resta une blessure béante dans le cœur de la jeune femme qui souffrit tout au long de sa carrière de la pression familiale autour de son orientation sexuelle. La place de la Drogue dans la cellule familiale, est également largement éludée peut-être pour ne pas avoir de problème avec les membres restants ou encore l’importance et la pression de la mère non pas seulement sur la technicité mais également sur la vie privée de la star.
Un choix narratif qui manque, nous le voyons bien, de courage ou de précision volontairement éclipsée, que la mise en scène, sommes toutes assez classique, peut-être un peu trop, ne va rien arranger. Car si les passages inévitables sur les relations entre Whitney Houston et son père, ou encore la mariage orageux et toxique avec Bobby Brown, ne sont pas effacées, ils manquent sérieusement de consistance pour toucher leur but. Et surtout, la réalisatrice Kasi Lemmons (Harriet) n’arrive jamais à garder une ligne directrice claire. Nous faisons ainsi des bonds dans le temps sans que cela soit annoncé, et il faut quelques minutes avant de réaliser par exemple que nous avons fait un bond de 10 ans. Un manque de clarté et de cohérence qui perd le spectateur dans une narration à la fois linéaire et fourre-tout. A l’instar de la relation tumultueuse entre Bopbby Brown qui n’est jamais prise de manière frontale, la mise en scène se contente d’accumuler des scènes comme d’autres accumuleraient des photos. Seul la mise en scène des prestations scéniques garde suffisamment de consistance et d’inspiration pour ramener le spectateur quelques années en arrière lorsque Whitney Houston était au sommet de sa gloire.
Enfin côté distribution, il n’y a pas grand-chose à dire, chacun livre une prestation précise à l’instar de Naomi Ackie (Master of None) dont la ressemblance avec la star ne saute pas aux yeux, mais qui parvient tout de même à tirer son épingle du jeu par une prestation assez solide. « Whitney : I Wanna Dance With Somebody » souffre de bien des maux dont souffrent une grande majorité des Biopics, à commencer par la linéarité et le manque de folie ou d’originalité qu’une obligation de temps impose. Le film accumule les scènes, livre des informations intéressantes, mais ne va jamais au fond des choses, et ne cherche pas à bouger les lignes. C’est Dommage, car cela aurait rendu un véritable hommage à la star, dont le parcours remarquable fut terni par une environnement familial chaotique et toxique.