Alexandre Gordy, célèbre dramaturge, confie le premier rôle de sa prochaine pièce à Catherine Miller, chanteuse de Music-Hall. Déterminé à la séduire, il l’invite dans sa villa de la Côte d’Azur pour préparer la pièce. Elle y rencontre Jacques Merval, l’assistant d’Alexandre, qui est en réalité le véritable auteur des pièces à succès... Quand ce dernier tombe éperdument amoureux de Catherine, un combat s’engage entre les deux hommes pour conquérir le cœur de la jeune femme.
André Hunebelle est connu en France pour être derrière de grands succès populaires tels que « Fantomas » en 1964, mais également « Les Trois mousquetaires » avec Bourvil en 1953, « Le Bossu » avec Jean Marais en 1959 et j’en passe et bien d’autres. Si le réalisateur aime la comédie, son style de mise en scène virevoltante est tout simplement sa marque de fabrique et il va s’évertuer à le distiller dans chacun de ses films. Ici avec « Casino de Paris », le réalisateur se lance dans une œuvre musicale, dont le scénario reste un vaudeville assez classique, mais qui réserve de bonnes surprises, notamment dans deux séquences majeures : L’ouverture et un ballet de 11 minutes en plein milieu du film qui se révèle être un hommage aux grandes comédies musicales américaines, on peut y voir : « Les Misérables », « Oliver Twist », entre autres.
Si le film, en lui-même n’est pas une perle rare, il n’en demeure pas moins une œuvre flamboyante, dans laquelle le style Hunebelle transpire à chaque plan, avec un mélange d’anachronisme ou une scène que l’on retrouvera, notamment dans les « Fantomas », celle du magnétophone, où la jeune héroïne entend la voix du secrétaire qui se révèle venir d’un magnétophone. C’est aussi, un film où l’humour apparaît dans des situations courtes, presque inutiles, comme lorsque Gordy vient assister à un spectacle où Catherine Miller chante, et dont le chapeau haut de forme empêche un spectateur de voir la scène. Ces petites séquences savoureuses viennent donner un peu de folie au film. Nous pourrions également parler de la machine a écrire qui écrit toute seule.
Autre surprise du film, la présence à l’écran d’un trio surprenant. D’abord Gilbert Bécaud, le chanteur surnommé Mr 100 000 Volts. L’artiste ne brille pas particulièrement par sa prestation, mais elle est suffisamment en phase avec la mise en scène de Hunebelle pour ne pas être ridicule. Il y a également Caterina Valente, une chanteuse Italienne, naturalisée Française, avec une carrière musicale principalement en Allemagne. Une situation hors normes, mais pas tant que cela à l’époque. Dans « Casino de Paris », la chanteuse se révèle pétillante et rafraichissante dans des numéros musicaux parfaitement orchestrés. Et enfin Vittorio De Sica, le réalisateur Italien de « Le Voleur de Bicyclette » en 1948, qui livre, ici, une prestation toute en grandeur, en snobisme, mais surtout d’une drôlerie folle qui colle parfaitement au personnage de Maestro.