Le tyrannique Lord Cromwell est prêt à tout pour conquérir le royaume d’Ehdan, même à recourir à la magie noire. Avec l’appui du sorcier démoniaque Xusia de Delos, il parvient à anéantir ses ennemis et à neutraliser le roi Richard et sa famille. Seul son fils Talon réussit à échapper au massacre. Onze ans plus tard, le jeune homme, devenu un guerrier redoutable, est de retour au royaume où un complot contre Cromwell se prépare…
Les années 1980 marquent l’avènement du genre de l’heroic fantasy avec les succès d’ « Excalibur » (1981) de John Boorman et « Conan le barbare » (1982) de John Milius. Sorti à cheval entre les deux films, bien que bénéficiant d’un budget beaucoup plus modeste, « L’Épée sauvage » d’Albert Pyun (Cyborg) a lui aussi marqué les esprits grâce à son inventivité et son savoir-faire rivalisant avec les grosses productions hollywoodiennes. Coup de maître pour le cinéaste débutant, « L’Épée sauvage » est une saga d’aventure bourrée d’action qui ravira les amateurs de batailles sanglantes, de valeureux guerriers et de monstres sauvages. Bon ça c’est sur le papier, car sur la pellicule c’est tout autre chose. Il faut dire que la genèse du projet ne prête pas forcément à rassurer, bien au contraire.
Mais attention, n’allons pas jouer, les critiques qui ne se voient glorieux que dans la phrase assassine. « L’Epée Sauvage » est très loin d’être un film raté, mais est très loin également d’être une réussite et ne parlons même pas de chef d’œuvre. Au début, il y a un réalisateur et une bande de pote qui passent leur temps à harceler les pontes des studios. Et puis un jour, il y a la sortie et le carton planétaire de « Excalibur » de John Boorman qui vient de redonner une nouvelle vie à l’Héroïc Fantasy, avec maestria et avec un sens de la narration indémodable, puis est annoncé la mise en chantier d’un autre projet qui fait saliver tout le monde : « Conan le Barbare » avec un acteur inconnu dans le rôle-titre. La bande de copains, décide alors de revenir à l’attaque avec un scénario d’Héroïc Fantasy qu’ils ont signé. Le Studio hésita un cours instant, puis donna un peu moins de deux Millions de dollars pour que la bande réalise le film. L’aventure « L’Epée Sauvage » démarre !
Avec un budget assez serré pour ce type de film, Albert Pyun va alors prendre la direction du projet et se laisser littéralement « bouffer » par les producteurs et particulièrement par Brandon Chase, vous savez le gars qui a produit : « L’Incroyable Alligator ». Le producteur alimente les rayons des vidéos clubs de séries B, qui finiront par trouver un public amateur de ce type de productions. Chase va imposer des choix esthétiques au réalisateur comme les filles en bikini qui se battent ou souffrent sans que l’on ne sache réellement pourquoi. Et lorsque le réalisateur trouve une idée, elle est souvent modifiée par le réalisateur. Le résultat est décevant forcément, mais relève pourtant un réalisateur suffisamment créatif pour donner des scènes de combats, peu nombreuses mais plutôt réussies, mais surtout un méchant qui n’est pas sans rappeler celui joué par Tim Curry dans « Legend » de Ridley Scott en 1985.
Seulement les bonnes idées ne suffisent pas à sauver les sérieux manquent scénaristiques et les facilités utilisées par le réalisateur et ses scénaristes Tom Karnowski (Max Payne) et John V. Stuckmeyer (Les Frères Scott), notamment en ce qui concerne le Prince Talon joué par une star de la TV Lee Horsley (Matt Houston), qui se voit crucifié mais parvient à s’arracher de sa croix par la seule force de sa volonté et bien d’autres du même genre, ou encore un monstre revenus des morts pour aider le méchant usurpateur qui perd assez rapidement ses pouvoirs et retourne au trépas (Du moins provisoirement) par la seule forcé d’un coup de couteau. Ou encore le manque de consistance et de relief dans l’ensemble des personnages ou dans la construction narrative, qui font descendre de plusieurs crans sur l’échelle qualité du film. De grosses longueurs, des costumes soignés mais étonnamment léger pour les femmes, une épée sauvage assez ridicule, mais quelques bonnes idées visuelles et un monstre assez réussit, en font une série B honnête, mais tout juste.