Rocky Balboa est champion du monde de boxe poids lourd, mais il doit faire face à un nouveau challenger : Drago, un combattant qui a le soutien de l'Union soviétique. Rocky se prépare à un combat très intense, dans lequel il doit non seulement se défendre mais aussi défendre l'honneur de son pays !
Il y a toujours eu, une espèce de malentendu, lorsque l’on parle de la saga « Rocky » et particulièrement du 3ème et quatrième volet. Comme une sorte de bascule où l’incompréhension des uns a fini par nourrir le mythe de l’autre. Et encore plus maintenant, où tout est question d’informations et de désinformations, de vérités et de mensonges qui finissent par s’entremêler et faire une sorte de bouillabaisse indigeste. Longtemps, les deux derniers volets de la saga furent considérés comme des œuvre prônant la capitalisme et l’impérialisme américain, le même genre de malentendu que Springsteen vécut avec « Born In The USA », jusqu’à ce qu’un jour la finesse du texte finisse par exploser au grand jour et que tout le monde se mette à baisser la tête et murmurer un « J’m’ai gouré ! » penaud et honteux. Sans pour autant aller jusqu’à dire que le scénario de « Rocky IV » soit un exemple de finesse, il y a pourtant à aller chercher ailleurs qu’au premier degrés le discours sous-jacent que Stallone a voulu développer à travers ce quatrième opus.
Il est d’abord bon de se rappeler que les deux premiers volumes des aventures de « Rocky » mettaient en lumière un personnage, plutôt loser, surtout dans le premier film, mais qui se bat pour accéder à son rêve, une sorte d’American Way of Life de la boxe. Stallone n’a de cesse de regarder son pays dans son cœur, de rester en bas de l’échelle pour faire ressortir toutes les nuances d’un pays où l’argent est roi et où la réussite semble, plus que tout, le graal de la reconnaissance. Dans ce quatrième volume c’est aux vieux démons de l’Amérique Reaganienne : La Guerre froide. Nous sommes au cœur d’une société qui vit dans la paranoïa constante. Ici, le réalisateur et scénariste va utiliser les images d’Epinal, de cette Amérique qui regarde de haut son principal opposant, le traitant d’archaïque, mais qui a bien du mal à se mettre dans la course aux technologies, un peu comme avec l’aventure spatiale.
Et c’est là que le malentendu commence, car, si l’on se laisse aller au premier degré, nous allons tout de suite lever la pancarte et la fourche d’opposition à une œuvre d’un patriotisme dégoulinant, qui trouve son paroxysme dans le passage où James Brown qui chante « Living in America ». Mais en fait, si l’on y regarde de plus près que voyons-nous ? Une Amérique parano, perdu dans ses excès et qui a besoin de retrouver ses sources pour pouvoir avancer. C’est tout le sens de cet exil au cœur de la Sibérie, où Balboa ne va pas utiliser les nouvelles technologies, comme son opposant, mais utiliser tout ce qui l’entoure pour retrouver sa gloire et surtout pour conserver son rang. Une remise en question salvatrice ! Cela peut paraître tarabiscoté, mais que nous dit l’époque à laquelle fut tournée « Rocky IV », c’est celle de la paranoïa, du white power. Et Stallone, à sa manière, nous donne un exemple, assez malin, il faut bien le dire, sa propre vision des choses, avec un Rocky, à terre, rongé par le chagrin d’avoir perdu son ami, qui va trouver sa rédemption dans les pires conditions. Mais pour gagner, ce n’est pas la technique qui va l’aider c’est l’écoute et la compréhension de l’autre et de sa colère.
Bien loin d’une œuvre ouvertement pro-américaine, « Rocky IV » c’est avant tout un film qui parle de son pays, de la manière dont il est divisé et comment il doit pouvoir changer. Il est dommage que cela ne soit toujours encore de rigueur, et même si les choses ont changé, le discours de Stallone reste indéniablement contemporain. Et puis surtout, « Rocky IV » est le film qui fit découvrir Dolph Lundgren, que l’on retrouvera peu de temps après dans une première adaptation des « Maitres de l’Univers » (1987) sous la direction de Gary Goddard.