Par une belle journée d'automne, des centaines de parachutistes sous les ordres du colonel Ernesto Bella prennent d'assaut la ville de Calumet, au Colorado. Les Cubains alliés aux Soviétiques viennent de déclencher les hostilités contre les États-Unis.
Alors voilà un film qui pose un problème ! Pour plusieurs raisons. D’abord parce que le réalisateur John Milius qui sortait, à ce moment-là du succès planétaire de « Conan Le Barbare », ne cachait pas ses positions politiques : Membres de la NRA, Pro militaire et de Droite assumée, il participa à la modification du scénario, écrit, de base, par Kevin Reynolds, à qui l’on refusa la réalisation, suite à l’échec de « Un bringue d’enfer » en 1985 (Il se rattrapera quelques années plus tard avec « Robin des Bois : Prince des voleurs ») et en fit une œuvre d’anticipation aux accents un peu douteux, en imaginant que les Etats-Unis étaient envahis par les forces Russes, Cubaines et Nicaraguayennes. Un parti prit presque évident en plein cœur des années Reagan et de la paranoïa ambiante.
Ensuite il y a le casting, un choix audacieux, s’il en est puisque certains comme Patrick Swayze et C.Thomas Howell ont déjà tourné ensemble dans un film devenu culte : « Outsiders » de Francis Ford Coppola, deux actrices qui vont marquer des générations de spectateurs : Léa Thompson, qui enchainera ensuite avec « Retour vers le futur » dans le Lorraine Banes-McFly et Jennifer Grey que l’on retrouvera dans « La Folle Journée de Ferris Bueller » et surtout dans le rôle de Bébé dans « Dirty Dancing ». Et puis surtout il y a un petit nouveau : Charlie Sheen qui signe là son premier vrai grand rôle avant de se retrouver dans « Platoon » d’Oliver Scott. Ces acteurs sont débutant et doivent faire avec une mise en scène qui accumule les incohérences et les raccords douteux.
Car le réalisateur a, bien sûr, la volonté de mettre en valeur son goût pour les armes et pour les combats militaires, notamment en filmant de jeunes américains, soucieux de défendre leurs terres contre de parfaits incompétents soldats Russe, Cubains et Nicaraguayens. Et sur la base, le propos pourrait être intéressant si nous nous basions uniquement sur ces valeurs que sont le courage, la volonté de défendre son pays, comme une sorte d’hommage à la résistance Française durant la seconde guerre mondiale. Alors oui, pourquoi pas, de ce côté-là le scénario est plutôt intéressant et peut même faire penser à « Sa Majesté des Mouches » dans lequel des enfants vont recréer une société avec ses propres hiérarchies. Mais voilà, le trait est tellement appuyé de l’autre côté de la barrière que le scénario et particulièrement la mise en scène finissent par s’essouffler.
Et c’est notamment de la faute de cette direction d’acteurs quasi inexistante et de ficelles tellement grosses que l’on pourrait appeler ça des cordes que le film se perd et perd dans le même temps le spectateur. Car le metteur en scène ne s’embarrasse pas de détails, il fait tout exploser, les gamins commencent avec des arcs et des flèches et finissent avec des lance-roquettes. Ils creusent des trous près de la ville, pour faire des trappes et se cacher, sans que cela n’alerte personne, et des incohérences comme cela il y en a tout le long du film. Sans parler du fait que lorsqu’ils tirent les armes ne tiennent pas dans leurs mains, et les coups partent n’importe où, mais dans le plan suivant ils ont touché leur cible. Ce manque de précision dans la mise en scène est beaucoup trop grossier pour être considéré comme légitime et servant le propos quel qu’il soit.
« L’Aube rouge » trouvera son public et aura même le droit à un remake en 2012, mais force est de constaté que rien ne fonctionne totalement dans ce film, que ce soit la mise en scène ou le scénario qui reste bien trop léger pour nous toucher. Un film culte peut-être mais mal filmé et mal écrit, ça c’est également une certitude.