Difficile d’aborder la critique d'un monument tel que Docteur Folamour tant le 7ème film de Stanley Kubrick aura imprimé tant la pop culture que l'histoire du cinéma. Ce qui devait être au départ un film tout à fait sérieux sur le sujet du péril nucléaire et du fait que la sécurité de milliards de personne tiennent sur le bons sens que quelques uns est donc devenu cette farce satirique au fil des écritures. On ne rit pas réellement pendant le film, il n'y a pas ou peu de gags à proprement parler, on est dans un style humoristique différent ou l'on se moque des personnages qui sont tour à tour ridicules, pathétiques ou déconnectés.
Si Kubrick n'est pas encore ici tout à fait l'orfèvre de la mise en scène qu'il deviendra à partir de son film suivant (2001, premier d'une série ininterrompue de chef-d’œuvre) cette dernière ne manque pas de maestria. En résulte des scènes et plans iconiques (le largage de la bombe, la salle de commande, la "marche du Docteur Folamour ou encore le générique de fin) et une précision impeccable dans sa photographie. C'est ici la dernière fois que Kubrick utilise le noir et blanc et la beauté plastique de certains plans n'ont toujours pas vieilli aujourd'hui.
Le propos même du film reste plus que jamais d'actualité, la confiance envers les dirigeants politiques étant de plus en plus friable. Ainsi le film amuse mais pas que, il y a une réelle gravité sous-jacente derrière l'aspect comédie. Aux côté de personnages tous plus grotesques et ridicules les uns que les autres on en trouve d'autres, qui représentent le point de vue du public, qui assistent impuissants à la catastrophe qui est sur le point d'arriver. C'est dans ces moments qu'on trouve alors les ressorts les plus tragi-comiques du film. Impossible d'ailleurs d'oublier les acteurs qui offrent dans l'ensemble des interprétations excellents, dominés par un Peter Sellers dans un triple rôle mémorable. Il vole la plupart des (nombreuses) scènes dans lesquelles il apparait, principalement rivalisé par un George C. Scott lui aussi parfait.
Plus qu'un classique du cinéma, Docteur Folamour fait partit de ces films qu'il faut au moins avoir vu une fois.