Gardien de la paix sympathique et maladroit, le brigadier Pinot décide de prendre sous son aile Marylou, une jeune toxicomane originaire du même village que lui. Mais la jeune femme est sous l'emprise de Tony, un dangereux dealer. Le policier va prendre tous les risques dans cette affaire qui pourrait lui coûter sa carrière... ou faire de lui un héros.
Après avoir été un roi de la comédie d’abord avec la troupe du Splendide et des succès comme « Les Bronzés » et sa suite en 1978 et 1979, ou encore « Le Père Noël est une ordure » en 1982, puis en solo avec des films comme « Pour Cent Briques t’as plus rien » d’Edouard Molinaro en 1982, Gérard Jugnot se lance dans la réalisation en 1984 avec « Pinot Simple Flic » et va commencer à façonner un personnage radicalement différent de ceux qu’il incarnait dans les films du Splendide, des rôles de loosers antipathiques ou d’égocentriques faussement joviales. Avec Pinot c’est toujours un personnage maladroit, mais cette fois-ci, avec une humanité débordante et l’envie de toujours faire le bien en rapport avec ses valeurs. Un personnage que l’on retrouvera au fur et à mesure de sa carrière quelle qu’en soit sa peinture ou son époque. Le seul moment où il sortira de ce cadre se révélera un échec cuisant comme avec « Sans Peur et sans Reproche » en 1988, son troisième film en tant que réalisateur.
La première grande qualité de « Pinot Simple Flic », se situe notamment dans cette écriture, en collaboration avec Christian Biegalski (Le Prince du Pacifique) et Pierre Geller (Scout Toujours), qui cherche avant tout à coller au plus prêt de la réalité. Pour cela les auteurs se sont immergés dans un commissariat pour en connaître les codes et pouvoir créer des personnages drôles sans jamais être complètement hors d’une réalité parfois désarmante. En ressort un scénario drôle, avec des situations graves mais jamais plombantes et surtout une véritable sensibilité dans la peinture de ce héros, à la fois maladroit, pour le côté comique et sensible et volontaire pour mettre en lumière ses valeurs. Les auteurs du scénario s’amusent à caricaturer certains personnages, comme le chef joué par Pierre Mondy (La 7ème Compagnie) très proche d’une de ses agents.
Et Gérard Jugnot fait tout de suite preuve d’une véritable maitrise dans sa mise en scène avec des plans soignés et une caméra toujours proche de ses personnages pour mieux en souligner les traits et les émotions. Car c’est de ca qu’il s’agit dans une réalisation de Jugnot, il faut rire mais toujours garder un fond de tendresse et une sensibilité qui viennent en contre-point des gags ou des bons mots. Le réalisateur ne cherche pas à compliquer sa narration par des plans ou par des effets de styles trop complexes, il veut, avant tout rester simple et efficace pour que le spectateur se sente chez lui dans ses films, c’est d’ailleurs ce qui pourra lui être reproché dans « Sans Peur et sans Reproche ». Le réalisateur aime les personnages aime trouver l’humanité dans ses personnages et la mettre en valeur dans sa réalisation.
« Pinot Simple Flic » n’est pas un film parfait, heureusement, et c’est surtout dans la distribution que la faiblesse est parfois visible notamment chez l’actrice Fanny Bastien (C’est beau une ville la nuit) qui semble bien mal à l’aise dans ce rôle de jeune fille perdue et droguée. Ou encore l’acteur Patrick Fierry (La femme de sa vie) qui cherche à convaincre en mauvais garçon, mais qui se prend parfois les pieds dans le tapis par un surjeux maladroit. Une faiblesse qui n’empêche pas le film de toucher au but.