Separate Lies
Separate Lies
Sortie:
29/03/2006
Pays:
Angleterre
Genre:
Durée:
1h26 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Separate Lies

par: Arnaud Weil-Lancry



Il y a fort peu de chances pour qu’un film aussi modeste que Separate Lies soit parvenu jusqu’à vos oreilles. Pourtant, ce drame conjugal si British réalisé par Julian Fellowes ne mérite pas la pénombre injuste dans laquelle il a été jeté dès sa sortie…

L’histoire
James Manning et sa femme Anne vivent tranquillement entre leur maison à la campagne et leur appartement à Londres. Mais tout va s’effondrer lorsque, près de chez eux, le mari de leur femme de ménage va être victime d’un accident de voiture…

La critique

So British, isn’t it ?
Dans la plus pure lignée de Gosford Park dont il fut le scénariste, Julian Fellowes s’attaque à la réalisation avec Separate Lies, drame amoureux original, douloureux traité sur le mensonge, tout comme l’amour et le sacrifice. Car nos personnages principaux, James et Anne, paraissent jouir de la plus parfaite des quiétudes dans leur demeure de la proche banlieue londonienne. Dans une maison de rêve à l’abri du moindre besoin, chacun vogue à une vie protégée et ouatée sans consciemment se douter que sa vie n’est qu’un sacrifice permanent : pour Anne, celui d’une vie étouffante aux bras d’un époux sec et intransigeant. Pour James, celui d’une vie amoureuse sacrifiée sur l’autel de sa vie professionnelle irréprochable… Car irréprochable, cet avocat aride et froid l’est. Au point de tout faire et tout sacrifier par amour…. D’ailleurs, même le sien sera abandonné, et ce, au bénéfice d’une abnégation déroutante et d’une dévotion sans pareille pour le bonheur de sa femme…


De l’amour, encore et toujours…
Car finalement, Separate Lies n’est rien d’autre qu’une impressionnante histoire d’amour. D’un départ rappelant sur certains points le Gabrielle de Patrice Chéreau dans son traitement d’un amour à sens unique et empli d’aveuglement, le premier film de Julian Fellowes s’embarque directement dans les dédales d’une histoire mêlant amour et mensonge. Un mensonge lourd et vénéneux dont les personnages de notre histoire feront tout pour se dépêtrer tout en essayant de survivre dans un monde qui leur paraissait si bien établi. William (Rupert Everett) et son univers de Lord écoeurant, Anne (Emily Watson) dans sa petite vie de femme bourgeoise affairée, James (Tom Wilkinson), dans son cabinet d’ivoire intouchable. Qu’est ce que l’insouciance et l’opulence lorsque le malheur vous frappe et que le remord vous ronge ? Plus grand-chose, effectivement, tous également à nus dans de telles souffrances… Si de tels thèmes sont monnaie courante au cinéma, Julian Fellowes leur apporte une sensibilité british pleine d’une finesse étonnante et chacun de nos personnages y contribue, affichant à outrance une caractéristique marquée et marquante : James et son inflexibilité, Anne et sa contrition, William et son insolence… A outrance car l’excès ne fait pas toujours bonne figure, Emily Watson et Rupert Everett décrédibilisant partiellement leur personnage, même si l’essence de leur rôle est préservée.

Finalement, le héros de cette histoire de mensonge et de sentiments est Tom Wilkinson. Cet acteur, éternel abonné des seconds rôles demeure le point d’ancrage du film, aussi bien par son sentimentalisme que par sa force face aux affres de la vie conjugale. Son interprétation puissante d’un avocat maître de lui et de sa vie est très subtile et ne laisse aucun autre sentiment que celui d’un amour fort, pur et d’une sincérité touchante… Le genre d’amour dont nous souhaiterions tous pouvoir bénéficier…

Le score presque objectif : 7/10 pour un drame plutôt poignant
Mon score perso (de -3 à +3): +2, un drame conjugal assez réussi mais qui souffre d’un léger déséquilibre entre l’interprétation des personnages…
Site du film : Separate Lies