Manquant un rien d’originalité, Love Song est un film de Shainee Gabel, déjà remarquée pour son documentaire Anthem. Pour son premier film, elle s’octroie le luxe d’avoir à l’écran un magnifique duo, Scarlett Johansson et John Travolta.
L’histoire
En apprenant la mort de sa mère, Pursy revient dans sa ville natale, plus exactement, dans la maison de son enfance. Elle y trouve Bobby Long, ancien professeur de littérature et Lawson Pines, son protégé. Bon gré, mal gré, ces trois personnages haut en couleur vont devoir cohabiter…
La critique
Malgré une distribution brillante, Love Song ne respire pas, à proprement parler, la réussite. Dans ce petit drame situé à la Nouvelle-Orléans, Shainee Gabel accumule rapidement les erreurs en lieu et place d’une histoire agréablement amenée : en cherchant à les éviter, la réalisatrice américaine accumule les poncifs, multiplie les plans fixes de manière inadéquate et travaille fort peu la psychologie de ses personnages. Souffrant rapidement d’un rythme laborieux, Love Song s’embourbe vite pour ressembler à un drame rural typiquement américain… Mais seulement, voilà, ce qui serait un échec annoncé pour tant de réalisateurs et d’acteurs ne l’est pas pour ce splendide duo incarné par Scarlett Johansson et John Travolta. Ces deux acteurs étant plus qu’admirables, on évitera de prétendre qu’il s’agit ici d’une de leur meilleure interprétation car au-delà d’un scénario boiteux et inégal, ils transcendent complètement une histoire pourtant banale : celle du retour au bercail d’une jeune fille dont la mère est récemment décédée. La demoiselle va rapidement se trouver face à Bobby et Lawson, deux lascars alcooliques et complètement égarés dans leur vie, dont la principale occupation est d’exister par procuration (celle des livres). Déblatérant en permanence des tirades d’autres vies, ces deux effarés en oublient ce qu’ils sont devenus jusqu’au moment où la fille de leur défunte amie débarque dans leur maison-poubelle.
Bien logiquement, cette jolie demoiselle chamboule tout, pour finalement s’imposer comme le retour rêvé à la Vie et à la Lumière de nos deux compagnons d’infortune. Pour d’autres, ce serait du bavardage, mais dans le visage aigri et usé de John Travolta, même ces bribes de vie volées à d’autres prennent tout leur poids afin de transcender un personnage doux sur le papier mais fade dans les mains de Shainee Gabel. Aux côtés de ce vieux professeur complètement brisé, Scarlett Johansson incarne délicieusement une enfant perdue par une mère dont l’amour n’avait d’égal que sa maladresse… Sa vigueur et sa fraîcheur éclatent à chaque plan et à chaque photo jusque dans un dernier quart d’heure bouleversant où son interprétation flirte avec celle de ses compagnons d’une vie. Ces derniers sont magnifiquement servis par une ribambelle de seconds rôles extrêmement touchants, dont la très rare Deborah Kara Unger.
Sans ses magnifiques acteurs, Love Song serait finalement une œuvre un tantinet vide, écueil auquel il échappe de justesse. C’est certes un peu dommage mais cette splendide histoire humaine constitue sans nul doute un film qui vaut le détour et, étrangement, en laissera plus d’un sur le carreau…
Verdict : 7,5/10
S’il ne peut complètement cacher une certaine prétention et un manque de rythme, Love Song est un bien beau film servi par un trio d’acteurs splendide, Scarlett Johansson et John Travolta en tête.