Le Labyrinthe de Pan
El Laberinto del Fauno
Sortie:
01/11/2006
Pays:
Espagne
Genre:
Durée:
1h50 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Le Labyrinthe de Pan

par: Sebastien Keromen



Guillermo del Toro s’y connaît en fantastique : Mimic, Blade II, Hellboy, l’Échine du diable. Alors quand vous voyez des créatures bizarres sur les affiches, ça vous allèche. Mais quand le film sent la tromperie sur la marchandise, c’est moins appétissant.

Le Labyrinthe de Pan
Titre original : El Laberinto del Fauno
Pays, année
Réalisateur
 : Guillermo del Toro
Acteurs : Sergi Lopez
Durée : 1h50

L’histoire
Espagne, 1944. Pendant qu’une petite fille rencontre des créatures magiques et affronte des épreuves (15% du film), un cruel capitaine franquiste traque la résistance (80% du film). Et 5% de générique


La critique


Vous avez vu les images du film ? Cette espèce de Dieu-faune, ou ce monstre avec les yeux dans les mains ? Ça avait l’air super prometteur. Le film commence dans l’Espagne de 1944, ça ne fait pas de mal d’avoir une toile de fond. Peut-être même la découverte du labyrinthe par la fillette, telle qu’on l’attend, va prétendre à un subtil parallèle avec l’Espagne franquiste (c’est pas que ça me motive, mais ça fait toujours plaisir aux critiques professionnels). Tiens, la fillette replace un morceau de pierre dans une statue, et une espèce d’insecte géant apparaît. La fillette le prend pour une fée (moi ça m’aurait plutôt fait flipper, mais bon). La fillette et sa mère arrivent chez le méchant capitaine franquiste convaincu et cruel. Les personnages ne sont pas très fins, mais c’est pas ce qu’on est venu voir : on veut du fantastique imaginatif.
La fillette entre enfin dans le labyrinthe, et rencontre un faune pas mal foutu, qui lui révèle qu’elle est une princesse et qu’elle doit le prouver en passant trois épreuves. Jusque là, tout s’annonce encore bien. Première épreuve : elle rentre dans un arbre et rencontre un gros crapaud. Déjà on n’est plus si sûr. Surtout que l’histoire qui devait faire toile de fond, la lutte entre soldats franquistes et résistants cachés dans la montagne, prend pas mal de temps pour raconter tout ce qu’on savait déjà dès le début : qui est gentil, qui est méchant, qui trahit, qui va mourir. Enfin la deuxième épreuve, et le fameux monstre avec les yeux dans ses mains. Et la fillette, déjà qu’elle nous énervait déjà un peu, va définitivement nous donner envie de lui filer des baffes : elle arrive sans problème, ouvre la bonne porte (alors que les fées lui indiquaient une autre, va savoir comment elle a choisi la bonne), prend l’artefact, n’a plus qu’à partir rapidement parce qu’un sablier s’écoule (oui, c’est comme Fort Boyard sans le Père Fourras), et décide, alors qu’on lui a intimé de ne rien manger ni boire, hein, fais pas la conne, tu touches à rien, c’est super important, c’est quand même un vieux faune qui te le dis, décide, disais-je, de manger trois grains de raisin. Deux baffes je vous dis. Bien sûr le monstre s’éveille et bien sûr elle va s’en tirer, mais tant elle que le scénariste mériteraient des claques.


Bon, encore une épreuve à subir.
Sauf que c’est surtout le spectateur qui va en subir une, avec encore plein de choses qui se passent avec sa mère, les rebelles, le très méchant capitaine (Sergi Lopez, parfait dans son rôle, peut-être très méchant dans le film, mais aussi le seul personnage intelligent et à qui on n’a pas envie de donner des baffes toutes les 10 minutes). Bref, la dernière épreuve sera minable, et on aura vu au maximum dix grosses minutes de fantastique pour 1h45 de film de guerre. Bon, je vais avoir de la conscience professionnelle, et me dire que peut-être c’est juste moi qui me suis imaginé que c’était un film fantastique. Et je relis le synopsis officiel : " Espagne, 1944. Fin de la guerre. Carmen, récemment remariée, s'installe avec sa fille Ofélia chez son nouvel époux, le très autoritaire Vidal, capitaine de l'armée franquiste. Alors que la jeune fille se fait difficilement à sa nouvelle vie, elle découvre près de la grande maison familiale un mystérieux labyrinthe. Pan, le gardien des lieux, une étrange créature magique et démoniaque, va lui révéler qu'elle n'est autre que la princesse disparue d'un royaume enchanté. Afin de découvrir la vérité, Ofélia devra accomplir trois dangereuses épreuves, que rien ne l'a préparé à affronter... ". Je vous l’ai mis in extenso, et c’est quand même pas moi qui ai mis en avant ces épreuves qui prendront moins d’un cinquième du film. Moi j’appelle ça tromperie sur la marchandise.
Alors concluons. Ayant pris le film pour ce qu’il n’était pas, j’ai difficilement pu le trouver satisfaisant. Et même en m’étant assez vite résigné à son vrai contenu, je n’ai pas réussi à m’intéresser. Mais je m’étais également ennuyé à l’Échine du Diable, du même auteur, qui avait pourtant été apprécié. Peut-être que si vous avez aimé celui-là, vous aimerez celui-ci. Pour ma part, je ne peux que vous recommander d’éviter Le Labyrinthe de Pan, surtout si vous espérez voir des créatures fantastiques toutes les trois minutes.

A voir : pour un film de guerre (résistance contre occupation), et uniquement cela
Le score presque objectif : 5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -3 pour un film fantastique, -1 pour un film de guerre, donc en fait non

Sébastien Keromen