Ne le dis à personne

par: Sebastien Keromen



Quand un best-seller américain est adapté au cinéma par la France, c’est déjà un événement. Guillaume Canet a réuni un casting de luxe, avec en tête François Cluzet, pour l’adaptation du roman de Harlan Coben.

Ne le dis à personne
France, 2006
Réalisateur
 : Guillaume Canet
Acteurs : François Cluzet, André Dussollier, Marie-Josée Croze, Kristin Scott Thomas, Nathalie Baye, François Berléand, Jean Rochefort, Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Olivier Marchal, Florence Thomassin, Marina Hands, Jalil Lespert
Musique de : M
Adapté du roman " Tell no one " de Harlan Coben
Durée : 2h05

L’histoire
Alex est pédiatre, et vit depuis huit ans dans le souvenir de l’assassinat de sa femme, qu’il chérissait. Mais le jour de l’anniversaire de sa mort, un e-mail le redirige vers une webcam qui montre une foule, parmi laquelle sa femme…


La critique


Souvent, les adaptations de bouquin au ciné sont très en dessous du bouquin. Et bien pour une fois, l’adaptation est à peu près à la hauteur. Si seulement ça avait pu tomber sur un livre qui m’avait plu ! Mais commençons par le début. Adaptation du best-seller de Harlan Coben (et à ma souvenance seul exemple d’adaptation française d’un best-seller américain), Ne le dis à personne se devait d’être à la hauteur du challenge. Et il ne démérite pas un seul instant, alignant un casting 7 ou 8 étoiles, une réalisation sans faille et un rythme sans temps mort. Du bon boulot de réalisation, et du bon boulot de direction d’acteurs. On regrettera juste que certains des noms prestigieux aient un temps d’écran si réduit (moins de 3 minutes pour Jalil Lespert, moins de 4 minutes pour Guillaume Canet, moins de 5 minutes pour Jean Rochefort, moins de 6 minutes pour Florence Thomassin, moins de 7 minutes pour Nathalie Baye…). Vu le nombre de personnages, il a fallu faire des choix, et plutôt que d’en supprimer, le scénariste a réduit le rôle de certains (quitte à ce qu’on n’ait pas bien le temps de comprendre qui est qui). Pour ceux qu’on voit plus, les prestations sont d’un excellent niveau, malgré des personnages écrits sans beaucoup d’épaisseur.


Mais le film tombe vite dans les limites du livre.
Tout d’abord, l’enquête est franchement pas passionnante. On collecte divers indices pas très intéressants, on interroge des gens qui n’ont que vaguement des trucs à dire, pour s’apercevoir finalement que, comme dans les séries télé françaises de l’été, il aurait suffit qu’un des personnages révèle ce qu’il sait pour que le film s’arrête au bout de 5 minutes. Sans compter que l’explication finale est assez insipide, sans surprise particulière. On peut être alors tenté de chercher l’intérêt de l’histoire dans les personnages, mais ceux-ci sont assez vides et résumables à des clichés (le mec amoureux, la bonne copine lesbienne, le père qui souffre, le flic intelligent…). Même si chaque acteur fait du bon boulot dans son rôle, ça ne suffit pas à rendre intéressant des personnages si unidimensionnels.
Ne reste plus alors que l’intérêt d’un film policier d’action, avec des gens qui courent, des gens qui cherchent. Et de ce point de vue (un peu insuffisant pour être satisfaisant), le film réussit son pari. J’y ai tout de même retrouvé le même plaisir qu’à la lecture concernant ma partie favorite : les relations du docteur avec un caïd de banlieue, parfaitement joué par Gilles Lellouche (quand on pense que c’était lui qui jouait le copain mou dans Ma vie en l’air, alors que là il est tous muscles dehors, c’est impressionnant), et qui reste un passage très délectable dans le film. En résumé, si vous avez aimé le livre vous aimerez le film, mais si comme moi vous n’avez pas accroché au livre, le film ne vous convaincra pas. Et si vous n’avez pas lu le livre, attendez-vous à un film pas trop mal, mais dont le scénario et les personnages pêchent tout de même pas mal.

A voir : pour passer le temps
Le score presque objectif : 6,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -1, quand même un peu faiblard, comme le livre

Sébastien Keromen