Borat, leçons culturelles sur l'Amérique au profit...
Borat, cultural learnings of America for make benefit glorious nation of Kazakhstan
Sortie:
15/11/2006
Pays:
USA
Genre:
Durée:
1h30 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Borat, leçons culturelles sur l'Amérique au profit...

par: Sebastien Keromen



Comment présenter un film comme Borat ? Imaginez un mélange de mauvais goût, de caméra cachée, de rire honteux, de délires débridés, et un accent à couper au couteau ? Vous imaginez ? Ça m’étonnerait.

Borat, leçons culturelles sur l'Amérique au profit glorieuse nation Kazakhstan
Titre original : Borat, cultural learnings of America for make benefit glorious nation of Kazakhstan
USA, 2006
Réalisateur
 : Larry Charles
Acteurs : Sacha Baron Cohen, Pamela Anderson
Durée : 1h30

L’histoire
Borat est journaliste au Kazakhstan. Il obtient le financement de son gouvernement pour tourner un documentaire aux États-Unis sur leur mode de vie. Le choc des cultures va être aussi douloureux qu’un choc dans des parties plus vives…


La critique


Il y a des films comme on en a déjà vu mille fois. Celui-ci, au contraire, même en sortant de la salle vous ne serez pas certain de l’avoir vraiment vu. Borat est le genre de film qui va laisser votre cerveau pantois et pas tout à fait convaincu d’avoir vu ce qu’il a vu. En fait il essaie juste de refouler tout ça, alors que vos zygomatiques essaient de le convaincre qu’au contraire c’était super, et qu’un peu d’exercice à se remémorer les moments les plus délires leur feraient du bien. Bref, c’est un film complètement barré.
Si ça fait longtemps que vous n’avez pas rit fort, que vous n’avez pas rit gras, que vous n’avez pas rit jusqu’au sang, Borat est le remède qu’un rirologue vous prescrirait si vous alliez en voir un (et si vous arriviez d’abord à en trouver un dans l’annuaire). Car Borat est un film drôle. Si. Très. Entre les scènes irrésistibles parce que juste drôles, les scènes irrésistibles parce qu’osées au-delà de toute raison, les rires méchants et bêtes, vos zygomatiques vont se muscler. Bon, c’est sûr, c’est pas toujours un rire très fin. Sans doute même, au sortir de la salle, vous aurez honte d’avoir ri à certains trucs, et vous ne vous risquerez à en parler qu’aux personnes ayant également vu le film et donc aussi coupables que vous de ces mêmes rires. Le tout est tout de même vachement vulgaire et grossier, avec du choquant implicite et explicite, de la nudité (mais pas celle qu’on aurait souhaitée), de la misogynie et de l’antisémitisme pour rire, du pipi-caca et du zizi-panpan, enfin bref absolument pas le film où emmener en amoureux la fille de la baronne de Rothschild. Mais bon, une fois cet avertissement noté, vous pouvez aller vous fendre la poire.


Ai-je bien précisé que le film est drôle ?
Parce qu’à vrai dire, si c’est sa force, c’est aussi un peu son seul intérêt. Même s’il a également été présenté comme une petite étude sociologique de l’Amérique profonde, ça se réduit plutôt à un genre de caméra cachée avec quelques Américains moyens, donnant lieu certes à quelques scènes ou réparties assez hallucinantes, mais sans avoir la force d’un documentaire structuré à la Michael Moore. De plus, pour des caméras cachées, c’est vachement bien cadré et monté, avec souvent plusieurs caméras. Ça n’engage peut-être que moi, mais cette débauche de moyens et l’absence totale du cameraman dans l’histoire et dans les réactions des " piégés " me fait un peu me demander si tout n’est pas truqué. C’est pas censé l’être, mais ça serait dans la lignée de la mystification générale qui baigne le film. J’éviterai donc de juger comme réelle les scènes de rencontre avec les Américains, ça ne diminue de toute façon pas l’intérêt du film.
Sacha Baron Cohen mène de bout en bout son film, avec un enthousiasme qui fait plaisir à voir et entraîne d’autant mieux le spectateur dans ses délires. Le personnage qu’il a créé et qu’il fait totalement exister devant nos yeux ébahis est pour beaucoup dans la drôlerie de la chose, et son sourire béat et son accent incroyable décuple le pouvoir comique des répliques. On regrettera juste un peu l’histoire générale manquant d’intérêt, qui réduit finalement le film à une succession de saynètes vraiment courtes, provoquant vers la fin un petit sentiment de lassitude. Mais rien de bien grave. Finalement, à défaut d’être inoubliable, Borat reste un film complètement atypique et assez irrésistible. Faut bien sûr être client de ce type d’humour qui n’a aucun interdit (genre South Park), mais vous pourrez alors vous payer une bonne tranche de rire gras et franc comme vous n’en avez pas eu depuis longtemps.

A voir : pour rire de bêtises, si vous n’êtes pas trop choquable
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, les bonnes comédies ça court pas les rues, et originales n’en parlons pas !

Sébastien Keromen