Babel
Babel
Sortie:
15/11/2006
Pays:
USA
Genre:
Durée:
135 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Babel

par: Guillaume Patard Legendre



L'histoire

Deux gamins tirent au fusil dans le désert marocain et touchent accidentellement une touriste américaine. Plus de deux heures durant, le film va tenter de présenter les répercutions de ce coup de feu aux quatre coins du globe. Des Etats-Unis au Maroc en passant par le Mexique et le Japon, le spectateur va se retrouver "baladé" à travers des histoires hétérogènes qui se tissent peu à peu en un tout cohérent.

Troisième films du cinéaste mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu, Babel confirme la naissance d'un nouveau grand nom du septième art. Aidé par des comédiens d'une justesse rare, le cinéaste livre une oeuvre à fleur de peau. Explications :

Un bien beau papillon...

Réfléchir sur Babel c’est avant tout s’intéresser au ressort fondamental de la dramaturgie du film. L’effet papillon de Babel n’est-il qu’un effet scénaristique? Ne fait-il parti que de ces fausses grandes idées dont les productions contemporaines se gorgent avec délectations (le fameux twist final chère à M. Night Shyamalan)? Dans cet exercice cinématographique qui tient du miracle, Inarritu répond par la négative et opte pour un film sans cesse au bord du précipice mais qui reste définitivement installé du bon côté de la falaise. Reposant sur un effet qui aurait pu s’apparenter à une figure de style de deux heures trente, Babel puise justement sa force dans cet entremêlement du récit. En liant toutes ces histoires le film d’Inarritu nous propose une série de personnages-pions incapable de lutter contre la toute puissance du destin, réminiscence moderne de la tragédie antique. Les personnages se débattent autant qu’ils peuvent dans ce vaste monde mais ne parviennent jamais à s’affranchir de la fatalité ; tout est joué et le spectateur ne peut qu’y assister, impuissant.


La sobriété avant tout

Refusant d’appuyer le pathos de situations déjà émotionnellement fortes, Babel  se révèle être une oeuvre poignante mais sobre. De ce point de vu, l’épisode japonais se révèle être une véritable réussite et l’on se prend presque à regretter de ne pouvoir assister à cette histoire familiale le temps d’un long métrage. Servi par des comédiens d’une justesse exemplaire, Babel frappe fort et assoit définitivement l’étendue du talent d’Inarritu : Visuellement très inspiré, le cinéaste n’en demeure pas moins un grand directeur d’acteur et permet à sa petite troupe de comédien de composer des personnages tout en finesses et en fragilités. Sur ce point, Cate Blanchett et Brad Pitt forment un duo absolument remarquable ; perdu avec les touristes dans un petit village au coeur du désert marocain, le spectateur oublie rapidement le statut de super star de ce couple cinématographique et se laisse rapidement convaincre par ces deux âmes en peine. Le risque sérieux de prendre ces deux icônes hollywoodiennes est contourné avec grâce est participe à la magie de l’ensemble

 


En bref

Une caméra qui "colle" littéralement à ses personnages, une narration cohérente, une émotion constante, une interprétation des plus juste...on en viendrait presque à regretter que le film n’ait eu "que" le prix de la mise en scène au dernier festival de Cannes.