Le Nouveau Monde
The New World
Sortie:
15/02/2006
Pays:
USA
Genre:
Durée:
2h 16 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Le Nouveau Monde

par: Olivier Sandoval

Chaque nouveau film du génial Terrence Malick est attendu religieusement. Sa vision du Nouveau Monde et son approche de la légende de Pocahontas saura-t-elle ne pas décevoir ?

L'histoire
En 1607, les anglais débarque en Amérique du Nord. Ils établissent un avant-poste dans ce "Nouveau Monde", ayant l'ambition de créer une petite ville coloniale. Mais la contrée est déjà celle des Indiens, et le choc des civilisations est inéluctable. John Smith (Colin Farrell), rebelle parmi les anglais, s'attache à cet autre peuple et est bien le seul à vouloir les comprendre. Il rencontre Pocahontas (Q'orianka Kilcher) et au-delà des rivalités entre leur peuple et des différences de civilisation, leur relation devient de plus en plus étroite.

La critique
Terrence Malick signe son 4ème film seulement avec Le Nouveau Monde (après La Ballade Sauvage en 1974, Les Moissons du Ciel en 1979 et La Ligne Rouge en 1999). Force est de constater que chacun de ses opus a été un chef-d'oeuvre, trouvant séparément un souffle nouveau tout en gardant la patte visible entre 1000 de Malick.
Dans Le Nouveau Monde pourtant, on retrouve beaucoup d'éléments de La Ligne Rouge. Certes, les grandes thématiques du cinéaste secret sont encore là (beauté incroyable des images, plans quasi parfaits, voix off, omniprésence des thèmes bibliques...), mais cette fois on perçoit une plus grande difficulté de renouvellement quand on connaît son oeuvre : pour caricaturer énormément, c'est un peu la Ligne Rouge chez Christophe Colomb. Et pourtant...


Pourtant on reste émerveillé devant ce cinéma qui ne ressemble à nul autre. On est spectateur de ce film qui transcende certains personnages, en abat d'autres, place la Nature au plus haut, berce nos yeux d'un rythme unique et propose un esthétisme rare et jamais gratuit.  Certains y trouveront des longueurs : c'est méconnaître l'approche de Malick, ses images à multiples sens, sa vision de l'humanité, les rapports qu'il propose à différents niveaux (visuels, auditifs...un cinéma tellement sensoriel, peut-être plus que tout autre) entre l'enveloppe charnelle des personnages et leur pensées.
Le petit bémol réside sans doute dans le creux de l'histoire entre l'anglais John Smith et l'indienne Pocahontas : au delà de toute mythologie que Malick sait évidemment rendre à sa manière, depuis sa naissance jusqu'à sa mort et sa reconstruction dans un autre "niveau", le réalisateur peine à s'approprier la relation charnelle de la femme et de l'homme. Ce n'est pas nouveau dans son oeuvre, mais c'est peut-être plus frappant dans ce film, tellement le dépouillement est fort autour du lien Smith-Pocahontas.

Mais quel plaisir de suivre les contradictions et les failles qui mèneront à des ambiances de fin de règne, d'empire déchu, quelqu'en soit les protagonistes, indiens ou anglais. Les comédiens sont aussi remarquables, avec un Colin Farrell animal collant à son personnage ou des Christian Bale et Christopher Plummer impecable, sans oublier la débutante Q'orianka Kilcher dans le rôle pas si facile de Pocahontas. La musique comme toujours chez Malick se compose à la fois des notes de la bande originale et des voix off : l'ensemble donne une puissance rarement égalée dans le cinéma contemporain. Envouté, le spectateur ne peut qu'admirer, et se laisse envelopper, tout sens en éveil, dans ce voyage que Terrence Malick ne propose qu'au compte-goutte.



A voir : pour se laisser envoûter par un cinéma total
Le score presque objectif : 8
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, pas le meilleur Malick, mais un Malick quand même, et ça, ça ne se rate pas