The Good German
The Good German
Sortie:
14/02/2007
Pays:
USA
Genre:
Durée:
1h 45 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

The Good German

par: Olivier Sandoval

"The Good German" est un film hommage aux productions des années 50. Mais le jusque boutisme du dernier Soderbergh tourne à l'exercice de style...


L'histoire
Berlin, 1945. Dans une ville détruite, coupée par les zones Alliées, le correspondant de guerre américain Jack Geismar (George Clooney) débarque pour suivre la conférence de Potsdam. Mais rapidement, il retrouve son ancienne maîtresse-indic Lena (Cate Blanchett), au centre des attentions de haut-placés américains et russes. Quand le chauffeur de Geismar, qui est aussi l'amant de Lena, est retrouvé mort à Potsdam avec 50 000 marks sur lui, de sombres enjeux mettant en scène d'anciens nazis et des secrets militaires font peu à peu surface. Qui dit vrai dans l'imbroglio d'après-guerre ?

La critique
Ce qui frappe dès les premiers plans de The Good German, c'est l'aspect film d'époque de l'image : pour mieux plonger le spectateur dans l'Allemagne de 1945, Steven Soderbergh n'a pas hésité à utiliser les techniques du cinéma des années 50. Pellicule, objectifs, lumière, décors, jeux des comédiens, musique, transitions, angles de prises de vue, construction du scénario... Tout est reproduit fidèlement, comme un hommage, d'ailleurs plus ou moins ostensible, aux films de Curtiz (Casablanca), Reed (Le Troisième Homme) ou Rossellini (Allemagne Année Zero). Des images d'archive sont régulièrement montées, et le format en 1.66 parachève le jusque boutisme du réalisateur.
Mais tout ce souci du détail, s'il faut certes le saluer, ou tout du moins le remarquer, n'entraîne pas forcément l'adhésion totale du spectateur.


Ainsi le couple Clooney-Blanchett s'inspire ouvertement d'acteur comme Humphrey Bogart ou Marlene Dietrich, mais sans en dégager tout à fait le charme. La magie des années 50 n'est pas franchement là. Les ruines de Berlin ne sont pas aussi réelles que celles de Rossellini (et pour cause !), et dans la volonté de reconstitution, l'attention du spectateur se porte davantage sur la volonté qu'à la reconstitution. Et ce d'autant plus que le scénario est un vrai casse-tête.
Reprenant nombres de construction d'intrigues des années 50, The Good German s'enfonce trop dans l'imbroglio. A force de ne plus savoir où sont les intérêts, à force de déplacer les enjeux, de multiplier les thèmes et les relations entre les différents personnages, le scénario nous perd. Anciens nazis, luttes de pouvoir russo-américaine, marché noir, prostitution, récupération des cerveaux allemands, conférence de paix, survie des civils, questionnement sur la culpabilité du peuple allemand, réflexion sur les hypocrisies des Alliés...un vrai sac de noeuds. Le film progresse lentement, distille ses indices et ses fausses pistes prudemment. On retourne plusieurs fois dans les mêmes habitations en ruine, on croise les mêmes personnages, on fait pas mal de surplace...bref, The Good German perd peu à peu de son intérêt par ses complications presque superflues pour certaines.


On connaissait l'éclectisme de Soderbergh et sa filmographie inclassable, et ce film ne fera pas mauvaise figure comme pièce du puzzle de l'oeuvre du cinéaste. Mais à force de parti-pris, The Good German tourne à l'exercice de style dont la construction mollassonne pourra rebuter certains.


A voir : pour le souci de reconstituion en tout point de l'époque
Le score presque objectif : 6
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1 pour l'éclectisme de Soderbergh, -1 pour l'exercice de style