Contre-enquête
Sortie:
07/03/2007
Pays:
France
Genre:
Durée:
1h25 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Contre-enquête

par: Arnaud Weil-Lancry

Jean Dujardin dans un rôle dramatique au cœur d’un polar frenchie et un tantinet américanisé ? Pourquoi pas…

L’histoire
Malinoswki est capitaine à la Crim’. Lorsque sa fille, Emilie est assassinée, il bascule. Une enquête rapidement menée conduit un suspect, Daniel Eckmann, derrière les barreaux. Alors que ce dernier ne cesse de clamer son innocence, Malinowski se lance dans une contre-enquête…

Tronche figée…
A ses débuts, Jean Dujardin s’était entendu dire qu’il ne pourrait pas devenir acteur car son visage était trop mobile. Si les faits démentirent ce mauvais augure, l’acteur de un gars, une fille n’a pas hasardé une carrière tous azimuts. Plutôt habitué du registre comique, Jean Dujardin se lance dans un genre différent, le polar frenchie. Catégorie actuellement à la mode suite aux succès de Anthony Zimmer et consorts, le film de flics s’enrichit aujourd’hui avec Contre-enquête, réalisé par Franck Mancuso, dont c’est le premier film. Ce film lugubre et malsain raconte la vie Richard Malinowsi, un flic dont la fille a été violée et assassinée. Difficile d’apprécier un film d’un tel scénario. On peut à peine le qualifier de bien fichu ou éventuellement réussi. Et Contre-enquête l’est. Pas complètement, mais pratiquement.

36 quai des violeurs…
Franck Mancuso n’est pas né de la dernière pluie. Il a notamment participé au scénario de 36 quai des Orfèvres et connaît donc le milieu policier, un milieu cloîtré à la limite de l’opaque, dans lequel les règles sont souvent à lire entre les lignes… Mais Contre-enquête ne s’oriente nullement vers les rouages de cet univers, mais s’immiscie dans la vie banale d’un capitaine de la Crim, Richard Malinowski. A orienter son film dans une dimension plus affective, Franck Mancuso rentre dans l’univers malsain de la pédophilie, récemment exploité avec le thriller allemand Antibodies, sans toutefois trop s’y attarder.
Dans son film, Il tend plutôt à favoriser la forme que le fond, l’image plutôt que le scénario, l’émotion, plutôt que la trame. Ainsi aux images léchées succède le mal-être de ce flic détruit, aux tons pastel magnifiquement contrastés succèdent les images insolentes des présumés coupables incarcérés. Aux premières loges, on retrouve Laurent Lucas, dont on pourrait douter de l’état mental, tellement son interprétation de Daniel Eckmann frise la perfection. Mais quelle perfection ? Vicieuse, peut-être… malsaine ? Probablement… Douteuse, sûrement. Car Laurent Lucas accumule les rôles morbides depuis maintenant sept ans avec en 2000, Harry, un ami qui vous veut du bien. De Calvaire, à Lemming en passant par Qui a tué Bambi, l’acteur originaire d’île de France prête inlassablement ses traits aux pires cinglés du cinéma Français contemporain. Grand bien lui fasse, moi, il me fiche les jetons.

Avec un savoir-faire exemplaire, Franck Mancuso embarque son spectateur dans une odyssée policière amère où les rebondissements flirtent avec une certaine linéarité scénaristique. De temps en temps laborieux, parfois longuet et fastidieux, Contre-enquête demeure tout de même scotchant de bout en bout. D’une durée fortement concentrée (95 minutes) et d’une sobriété visuelle classieuse, ce polar ne mérite finalement pas d’être dédaigné. Son contenu pervers et malsain, certainement. Mais cela, c’est un autre débat…

Verdict : 6,5/10
Contre-enquête est un polar réussi avec un Jean Dujardin et un Laurent Lucas impeccables. Une intrigue un peu plus agitée ou une structure moins linéaire aurait été bienvenue.
Site officiel: Contre-enquête