Grandeur et décadence d'une romancière au début du 20ème siècle en Angleterre. "Angel" n'est pas un très bon Ozon...
L'histoire
Au début du 20ème siècle, une jeune fille connaît une ascencion fulgurante en tant que romancière. Issue du "peuple", elle se rêve une autre vie, forte d'une inébranlable confiance en elle. Evidemment, qui dit grandeur, dit aussi décadence...
La critique
Encore une fois, il faut dire que François Ozon est un cinéaste à la filmographie pour le moins variée. La latitude de son oeuvre n'évite pas les coups de moins bien, et l'accueil du public diffère sensiblement. Avec Angel, Ozon se tourne vers la langue anglaise et le cadre historique (l'Angleterre du début du 20ème siècle) et se laisse gagner par un certain classicisme, tant dans la mise en scène que dans le propos.
Car rien de bien nouveau dans le scénario : une jeune fille, Angel (Romola Garai) rêve éperdument d'une nouvelle vie, qu'elle ne peut atteindre qu'à travers les récits qu'elle écrit et les romans qu'elle vend. L'éditeur trouvé (Sam Neill), le succès arrive vite, et avec lui, l'argent, la célébrité, l'amour... Ascencion sociale, apprentissage de la vie, décalage avec la réalité, négation de ses origines...Bref, on a déjà souvent vu ces thèmes abordés au cinéma, qui plus est dans cette Angleterre costumée. On s'attend donc à ce qu'Ozon mette une certaine patte pour personnaliser un peu ce récit très convenu, et dont on connaît tous les rouages par avance.
Cette marque du cinéaste prend la forme d'un kitsch plus ou moins bien vu : décors surchargés, couleurs criardes, saynètes de voyage mises en scène à l'ancienne (un fond projeté et des personnages devant se détachant nettement...). Mais on frôle le ridicule sur ce dernier point : est-ce un choix de réalisation ou une astuce acceptée tant bien que mal à cause d'un budget de production à respecter ? Le fait même de se poser la question n'est pas très bon signe.
Certains y verront sans doute l'expression d'un style (plutôt que l'exercice de), des touches personnelles ou encore feront le rapprochement (forcément) avec les autres films d'Ozon, voire relieront l'époque diégétique avec la nôtre. C'est un peu injuste pour ce réalisateur qui sait mieux faire qu'un film qu'on regarde poliment : le kitsch peut lasser, on peut chercher sans la trouver une pointe d'originalité et il n'est pas anormal de trouver le temps d'Angel un tantinet longuet.
Certes on peut aimer le romantisme et une certaine cruauté latente dans cette histoire déjà contée mille fois. Mais avouons que si style il y a, il est tout de même un peu épais... La musique omniprésente, les cadres dans le cadre flemmards, les hystéries d'une héroïne au melon pas possible et la longueur du film avec une partie "décadence" qui traîne à n'en plus finir achèveront de décevoir. Pas beaucoup d'originalité, ni dans le récit, ni dans la réalisation.
Alors bien sûr, Angel n'est pas un mauvais film. Mais il appartient à ceux dont la séance finie, on se dit "Bon, ben...voilà, 2 heures de passées" Pas un mauvais film, mais pas d'intérêt particulier.
A voir : si vous aimez la variété d'Ozon
Le score presque objectif : 6/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : 0, rien de neuf...