Le Prix à payer
Sortie:
04/04/2007
Pays:
France
Genre:
Durée:
1h35 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Le Prix à payer

par: Arnaud Weil-Lancry

Le Prix à payer sort peut-être dans une discrétion totale mais il gagne à être vu. Une petite comédie sans prétention, mais une peinture glaciale de ce qu'il peut advenir de la vie de couple.
Avec Christian Clavier et Nathalie Baye, impériaux.

L’histoire
Jean-Pierre Ménard en a ras-le-bol de voir sa femme lui soutirer son argent sans rien lui donner en retour. Il décide d’instaurer une nouvelle règle entre eux : « pas de cul, pas de fric ! »…

La critique

Le Prix à payer est…
Loin d’être le prix fort… Conspué par la quasi intégralité de la presse cinématographique en ligne et papier, le dernier film de Alexandra Leclère ne mérite pourtant pas un tel accueil. Dans la lignée parfaite du sympathique Les Sœurs fâchées (son premier film), la jeune réalisatrice confirme son talent entre aperçu il y a déjà trois ans avec ce film de sœurs en guerre, interprétées par Isabelle Huppert et Catherine Frot. Si le lien de parenté entre ces deux longs métrages est facilement décelable (comique de situation, dialogues acerbes, personnages forts en gueule et en couleurs), Alexandra Leclère aborde son nouveau film de la même manière que le précédent et réitère donc ses erreurs des premiers jours. Tout comme Les Sœurs fâchées, Le Prix à payer est un film sympathique, agréable et cocasse mais qui a grand peine à s’achever de manière plausible tout en satisfaisant le spectateur. On quitte la salle légèrement sur sa fin, souhaitant un dénouement plus corsé, plus vivant. Mais soyons tout de même objectif car Le Prix à payer mérite d’être remarqué dans la foule ambiante des comédies françaises foireuses du calibre de Mon meilleur ami.

Pauvres Hommes…
Il sont aussi peu considérés que les Femmes dans Le Prix à payer : agaçants, vantards, maladroits, égoïstes… des mecs, quoi. Mais comprenons les, vous supporteriez une année d’inexistence sexuelle, vous ? C’est pourtant le cas de Jean-Pierre Ménard, richissime homme d’affaires en manque d’affection qui se voit contraint de couper les vivres à son épouse afin d’obtenir d’elle un soupçon d’amour. C’est de ce postulat léger mais pas dénué d’intérêt que vont découler une heure trente cinq d’affrontements au bazooka entre deux couples, de riches bourgeois parisiens, et le chauffeur et sa compagne. La surprise vient pourtant où on ne l’attendait pas tellement Christian Clavier et Nathalie Baye (divine !) composent un couple convaincant, avec d’un côté ce pauvre gugusse désireux de tendresse, et de l’autre, cette épouse froide et autoritaire, détestable et égoïste, que n’aurait nullement renié une Isabelle Huppert. Le duo est tout bonnement génial, alternant les situations cocasses mi amusantes, mi dramatiques avec un Christian Clavier d’une sobriété rare, d’un parfait reflet pour son épouse acariâtre et hargneuse. Sans être inoubliables, les dialogues sont bien trouvés et tombent tout le temps de manière on ne peut plus adéquate : ils sont justes, directs, francs.
Mais on rigole ici, ou pas… ?
On pourrait vraiment se poser la question tellement les situations prêtent à confusion. Alexandra Leclère joue ainsi un jeu dangereux à continuellement promener son second long-métrage sur le fil ténu qui sépare le drame de la comédie. Mais si le pari est gros, l’enjeu en vaut la chandelle et le résultat, concluant. Le caractère si authentique des situations, mais aussi leur dureté, laisse souvent un sentiment amer de crudité. Certaines situations sont franchement hilarantes mais l’instant d’après la réplique tombe, pour laisser place à un malaise désagréable de vécu et de véracité. On oserait presque dire de cruauté, et d’un registre autrement plus réussi que Intolérable Cruauté, la très surestimée comédie romantique des frères Coen. Le personnage de Gérard Lanvin incarne cette vérité, une véracité qu’il assaisonne de sa violence, qui explosera aux moments les plus surprenants et les plus inattendus. A des situations improbables, Alexandra Leclère se débrouille toujours pour prendre le spectateur à contre-pied et pour donner à son film une direction imprévue. Cette accumulation de vérités vraies et de violence contenue fait toute la réussite de ce Prix à payer.

Tandis que le film s’écoule et qu’on en veut finalement un peu à la réalisatrice de faire partir son oeuvre dans tous les sens, on en vient logiquement à se questionner sur le dénouement de ces difficiles affrontements conjugaux. La fin est comme un cheveu sur la soupe, malvenue, courte, somme toute complètement injuste… Mais on fera avec…

Verdict : 6,5/10
Une comédie sympathique signée Alexandra Leclère, servie par un quatuor d’acteurs excellents.
Un film qui aurait quand même gagné à une fin plus finement concoctée…
Site : Le Prix à payer