Le fils de…… S’il est connu pour être le fils de ses parents (John Cassavetes et Gena Rowlands), Nick Cassavetes l’est aussi pour son parcours d’une polyvalence extrême (réalisateur, acteur, producteur, scénariste) surtout marqué en 1997 par
She’s so Lovely avec Sean Penn et Robin Wright Penn. S’emparant avec
Alpha Dog d’un fait divers dramatique, le réalisateur américain prend de gros risques en adoptant un ton résolument dramatique, certes, mais aussi en flirtant avec une pseudo image de djeun’s. La faute incombant à Justin Timberlake, star de ces demoiselles de son état, ici véritable poule aux œufs d’or. La surprise est néanmoins de taille car
Alpha Dog n’est pas le navet attendu, ersatz de
Boy'n the Hood mâtiné de
Fast and Furious. C’est un polar nerveux pas trop mal gaulé qui met en lumière une belle brochette de jeunes acteurs fichtrement surecxités : Emile Hirsh, Justin Timberlake, et surtout, Ben Foster, LA révélation du film. Exit son image de minet apeuré de
X-men 3, notre ex Angel livre ici une interprétation psychédélique et délirante, celle de Jake Mazursky, petite frappe notoirement barjot, dont les exactions n’ont d’égal que la folie. Paradoxalement, ces petits délinquants manquent de crédibilité : même aux firmament de la folie de Jake, même dans les passages soi-disant terribles de la dernière demi-heure, on a quelques difficultés à vibrer pour les malheurs de cette (trop) sympathique bande de petits merdeux. Malgré leur comportement hautement condamnable, ils demeurent ici avec leur charmante et belle gueule sans parvenir à convaincre le spectateur de la dangerosité de leurs intentions. A qui la faute… ? A une trame un rien laborieuse ? A des acteurs trop lisses pour être dingues ? A un film un peu trop propret ? Un peu de tout peut-être…
Los Angeles encore et toujours…
Un rien light dans son traitement scénaristique,
Alpha Dog fait aussi apparaître Bruce Willis et Sharon Stone, décidément plus en forme lorsqu’il s’agit pour elle d’éclater dans toute sa faiblesse. Elle se fait pourtant voler la vedette par la ville de Los Angeles, qui constitue un cadre parfait pour le désoeuvrement de cette joyeuse bande de drilles. Finalement, on est tous un peu gagnés par le laissé aller dominant, entre insouciance fatale et égarements dans ces grands espaces infinis. L’absence de responsabilité des parents, le désoeuvrement de toute cette jeunesse, l’abandon que ces gosses paraissent subir, rien que des miroirs de nos chères banlieues ici-bas… Avec des conséquences qui atteindront leur climax dans les dernières minutes. Ce ressenti d’égarement est tellement fort que l’on comprend sans peine le message véhiculé par Nick Cassevetes. Les propos du réalisateur confirment ce sentiment d’une quasi recherche identitaire au cœur d’une Amérique baignant dans une contre-culture dominée par l’image des gangsters et du gang dans son sens le plus large.
Très loin du petit nanard pour ado qu’on aurait pu attendre,
Alpha Dog n’est toutefois qu’à moitié réussi. Les acteurs sont doués, la réalisation technique sans faille, mais cela ne suffi pas complètement à faire un bon film. La grande star demeure Los Angeles, avec sa folie attenante et sa glauque impersonnalité… Jusqu’à un film qui bouleversera ce cliché si fortement installé…
Verdict : 7/10Un film inégal que cet Alpha Dog… Pas mal réalisé, pas mal interprété, il manque pourtant de rythme et de souffle pour complètement accrocher son spectateur. A visionner pour sa vision amère d’un monde désenchanté…
Site : Alpha Dog