Zodiac
Zodiac
Sortie:
17/05/2007
Pays:
USA
Genre:
Durée:
2h35 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Zodiac

par: Sebastien Keromen



En peu de films, David Fincher s’est forgé une réputation et un cercle d’amateurs inconditionnels. Son nouveau film sera donc sans doute plébiscité par certains, mais que peut-on en dire pour un spectateur normal ?

Zodiac
Titre original : Zodiac
USA, 2007
Réalisateur
 : David Fincher
Acteurs : Jake Gyllenhaal, Mark Ruffalo, Robert Downey Jr., Brian Cox, Chloë Sevigny, Philip Baker Hall
Adapté du roman de Robert Graysmith
Durée : 2h35

L’histoire
1966. Le Tueur du Zodiaque fait sa première victime. Commence alors un jeu du chat et de la souris entre lui et la police, par voir de presse. Un inspecteur de police, un reporter, et un illustrateur, vont s’attaquer à l’enquête vertigineuse pour percer à jour l’identité du tueur.






La critique

Les serial killers inspirent une fois de plus le cinéma, et on peut même dire une fois de plus David Fincher, après Seven. Bien loin de l’horreur de ce dernier, Zodiac resserre l’histoire à l’enquête, menée à trois voix par un inspecteur, un journaliste, et un illustrateur, petit malin de service. Ce n’est pas là la seule originalité de ce film, puisqu’il se propose également d’étendre l’histoire sur 20 ans, depuis les premiers crimes du Zodiaque jusqu’au dernier chapitre de cette affaire. Au moins, le film ne ressemble que très peu aux autres films de serial killer, et se résume finalement à des discussions, des interrogatoires, des recherches dans des dossiers. Et c’est tout. Si on reconnaîtra à David Fincher le mérite de présenter une enquête assez complète, avec toutes les fausses pistes qu’elle comporte, on a finalement la désagréable impression de perdre notre temps avec toutes ces fausses pistes. C’est pas qu’on s’ennuie, et les 2h30 du film passent finalement assez vite, c’est qu’on est un peu noyé sous le flot d’information, avec en général une conclusion qui est qu’on n’est pas plus avancé. Sans doute comme les enquêteurs, mais en tant que spectateur, ça fait assez bizarre.






Attardons-nous sur la réalisation, juste le temps d’un paragraphe. Derrière la caméra, on n’a pas affaire à un débutant, loin de là. L’ensemble est très bien réalisé, mais finalement assez sobre, et David Fincher n’a pas l’occasion de nous gratifier de ses plans incroyables, du genre travelling à travers un mur ou en suivant une fibre optique. Côté interprétation, c’est du bon, sans plus. Chacun joue sa partition comme il sait le faire, sans nous surprendre. Par exemple, Robert Downey Jr nous joue une fois de plus le mec un peu barré, alcolo, asocial, insolent, comme il a déjà prouvé maintes fois qu’il savait le faire. On va pas reprocher à un acteur de bien jouer les personnages qu’il sait déjà jouer, mais quand même ça manque d’un petit plus. Le seul à tirer son épingle du jeu, c’est Mark Ruffalo, qui se transforme complètement d’un film à l’autre, et encore une fois est méconnaissable. Seul défaut, son personnage manque un peu d’épaisseur et d’intérêt, mauvaise pioche. Les personnages sont d’ailleurs assez cliché, et on ne vous épargnera pas certains stéréotypes, par exemple les problèmes de vie de famille des enquêteurs trop absorbés par leur enquête (quelqu’un tient encore le compte du nombre de film où le héros ou l’héroïne a des problèmes de couple à cause de son boulot de héros ou d’héroïne ?). On a par contre droit à un bon nombre de seconds rôles (le nombre de rôles parlant est assez hallucinant), tous de bon niveau.
Revenons un peu sur le rythme du film. Et là, vous avez intérêt à avoir de quoi noter. Non, pas quand vous lisez ce paragraphe, mais en regardant le film. Comme l’action s’étend sur 20 ans (surtout les 10 premières années), on s’attarde parfois sur une période avant de zapper quelques semaines ou mois ou années. Heureusement, c’est à chaque fois indiqué, soit avec le délai (1 heure après, 1 ans après, oui tous les délais sont acceptés), soit avec la date. Sauf que pour la date, si vous n’avez pas noté la date précédente, vous aurez peut-être du mal à savoir combien de temps a passé. Des fois les dialogues le rappellent, mais des fois c’est le noir complet. A force d’essayer de faire rentrer tout dans le film, y compris les fausses pistes, le rythme fait parfois le forcing sur les scènes, et vous verrez parfois des scènes qui commencent par " Un an après ", un mec dit au revoir, l’autre lui répond au revoir, et hop " Trois semaines après ". Ça a beau être bien rangé, ça donne un peu une impression de bordel.






Difficile de conclure sur ce film, qui, en abordant un sujet classique, le traite de façon assez spéciale. Si on se réfère uniquement à l’intérêt du spectateur, on ne peut pas nier qu’il se passe plein de trucs et qu’on ne s’ennuie pas, mais on aurait aussi aimé que le réalisateur élague un peu de complexité à l’enquête pour qu’on s’y retrouve. On a pas 20 ans pour étudier les dossiers, nous. Au final un film pas désagréable mais pas vraiment plaisant non plus. A vous de vous faire une idée…

A voir : pour un polar de serial killer 100% complexité et 0% action
Le score presque objectif : 7/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1, donnez-lui une chance

Sébastien Keromen