Abandonnée
The Abandoned
Sortie:
30/05/2007
Pays:
Espagne
Genre:
Durée:
1h36 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Abandonnée

par: Arnaud Weil-Lancry



Abandonnée… Ne cherchez pas, vous ne connaissez probablement pas ce film de Nacho Cerda malgré une distribution en salle plus que correcte…

L’histoire
Marie, une productrice de cinéma, décide de revenir dans sa terre natale, en Russie. Une fois sur place, elle tente de retrouver une trace de sa propre histoire, n’ayant pour seul indice que la maison familiale près de laquelle fut assassinée sa mère il y a une quarantaine d’année…
  

La critique

Abandonnée n’inaugurait pourtant pas grand-chose de fameux : une trame ultra visitée (un endroit démoniaque au milieu de nulle part) et une atmosphère très fashion, abusant allègrement de la frousse actuelle inoculée par les pays de l’est. Cette fois-ci, l’histoire se délpace encore plus vers l’est pour délaisser la Pologne et autres Républiques Tchèque pour la Russie et ses grandes contrées verglacées. Dans Abandonnée, point d’étendues enneigées mais un huit-clos du feu de dieu en zone terreuse et boueuse, un putain d’enfermement claustrophobique marécageux du genre aller simple pour un Enfer mouvant.





Nacho Cerda aborde pourtant son dernier long-métrage de manière archi simpliste à la limite de la vulgarisation. Mais très vite, il embarque son spectateur pour une éprouvante embardée dans laquelle on assiste à une fuite éperdue de la part de son héroïne. Rien n’est fait pour s’attacher à elle : pas de background émouvant, pas ou peu de famille, pas vraiment d’histoire larmoyante. Sauf peut-être celle de sa mère, assassinée longtemps auparavant. Nacho Cerda utilise avec tact nos peurs les plus intimes en jouant plus particulièrement avec l’angoisse humaine de l’enclavement et de l’inconnu. Mais le plus passionnant c’est cette matérialisation quasi palpable des questionnements que nous nous trimballons tous depuis l’enfance. Les traumatismes d’antant sont là, ici, présents, et Nacho Cerda s’attache à leur donner un aspect « humain ».

Quand la dimension fantastique de Abandonnée prend le relais, c’est toujours pour une incursion rapide et ponctuelle afin de ne pas faire oublier au spectateur qu’il reste prisonnier de l’imaginaire du réalisateur et qu’il a signé pour se faire happer par un film d’épouvante. Et épouvante il y a. Nacho Cerda joue avec sa caméra comme avec un fusil et fait mouche à tous les coups : d’une photo cradingue à des gros plans fiévreux en passant par un style frénétique qui vire à l’épilepsie, sa réalisation est absolument irréprochable et se joue complètement d’une histoire à jeter par la fenêtre. Le spectateur n’en ressort absolument pas déboussolé mais flanqué d’une belle chocotte et d’un trouillomètre à son maximum.
 
Verdict : 7/10

Particulièrement bien fichu malgré une trame archi classique, Abandonnée vaut franchement le détour par sa réalisation impeccable et son style particulièrement efficace.
Site : Abandonnée