A l'intérieur
Sortie:
13/06/2007
Pays:
France
Genre:
Durée:
1h20 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

A l'intérieur

par: Arnaud Weil-Lancry

Le premier film d’un journaliste de Mad Movies n’avait tout simplement pas droit à l’erreur. Mais Monsieur Bustillo, était-ce réellement nécessaire de nous pondre un chef d’œuvre… ? Je vous le demande…

L’histoire
Depuis la mort tragique de son mari dans un accident de voiture, Sarah, enceinte, vit seule, repliée sur elle-même. Alors qu’elle décide de passer le soir de Noël chez elle, une femme vient frapper à sa porte…
 

La critique

Le cinéma gore…
Je me le farcis depuis mes sept ans ou presque. Bien qu’il me manque diverses bases cinématographiques (personne n’est parfait), les films d’horreurs, j’en ai vu des kilos, j’en ai bouffé des plâtrées, et j’adore ça depuis plus de deux décennies. Evil Dead et Le Retour des Morts-Vivants, c’était ma seconde famille et mon pire trip remonte à Candyman en 1992 lorsque je suis sorti de la séance avec les cheveux blancs de trouille. Mais ce soir, c’est la première fois où j’ai failli prendre mes jambes à mon cou tellement j’étais aux abois. Plus d’une fois, j’ai crié pendant la projection de A l’intérieur, complètement enfoui dans le fauteuil, terrorisé comme un gamin de deux ans, les couilles rentrées dans la gorge et l’estomac qui me la joue Star Wars meets The Feebles. Après une soirée post projection difficile où j’essaie de remettre mon cœur en état, je vous écris du milieu de la nuit (il est près de 5 heures du matin) suite à des cauchemars abominables. Ce film, je n’en suis toujours pas revenu et mes cris de frayeur de cette nuit l’attestent complètement. A l’intérieur fait pratiquement table rase sur tout les films du genre que l’on a pu voir ces dernières années. Le premier film de Julien Maury et Alexandre Bustillo redéfinit littéralement le genre et donne une définition nouvelle aux mots épouvante et horreur. Alors que le cinéma de genre se targue de son retour en force via des films gores extrêmes tels que Hostel ou Saw, A l’intérieur fait figure de maître d’école et provoque une véritable terreur… de l’épouvante à l’état pur, des moments de flippe authentiques, des bad trip en veux-tu en voilà. Putain, Messieurs, chapeau pour un tel film. Je n’ai jamais vu un truc pareil…


L’état de grâce…
On va éviter les sempiternelles références : c’est quand même un rédacteur de chez Mad Movies qui est aux commandes de ce film, et ses références, il les connaît sur le bout des ongles. A l’intérieur narre donc l’histoire de Sarah, une jeune femme enceinte, qui se retrouve, le soir de Noël, aux prises avec une femme qui cherche à lui arracher son enfant. Gore, épouvante, harcèlement… beaucoup de thématiques propres au slasher sont présentes, mais A l’intérieur va infiniment plus loin par sa terreur complètement irraisonnée. Après une très brève introduction, le film s’emballe vite et les premiers plans mettant Béatrice Dalle en scène confirment bien que cette folle soirée de réveillon ne va pas être une partie de plaisir… Après Trouble Every Day, le délire cannibale de Claire Denis, l’actrice révélée par 37,2° le matin prouve une fois encore son attachement aux projets atypiques et décalés. Face à elle, une Alysson Paradis fragile, enceinte, qui cherche à protéger son enfant de cette folle prête à tout pour lui arracher sa future progéniture.

Nos deux jeunes réalisateurs jouent avec les nerfs du spectateur du début à la fin, ce dernier étant complètement perdu au milieu de ces deux zouaves qui cherchent purement et simplement à prendre leur pied. Et ils le font si bien… D’une caméra toujours alerte et judicieuse à une photo effrayante de précision et d’exactitude (on salue au passage le splendide travail de Laurent Bares), Julien Maury et Alexandre Bustillo savent toujours dans quelle direction s’oriente leur film. De temps en temps, drame insensé et à d’autres moments film d’horreur, A l’intérieur s’octroie même le luxe d’un final entre romantisme macabre et grand guignol pétaradant. Et leurs actrices, nos réalisateurs les aiment, ils les vénèrent, toujours prêts à mettre en exergue la souffrance de chacune, quitte à faire passer le personnage de Béatrice Dalle pour celle qui souffre. C’est probablement leur plus belle réussite, que de faire passer une folle psychotique pour un individu à qui il ne reste plus que sa condition de femme. Nos deux héroïnes en ressortent magnifiées, d’une beauté toujours accentuée par la partition musicale de François Eudes. Ce n’est d’ailleurs pas le premier travail de ce compositeur pour ce genre puisqu’il a déjà œuvré sur Haute Tension et Qui a tué Bambi ?.

A l’intérieur s’immisce donc là où peu se sont déjà aventurés. Pourtant ultra respectueux des codes du genre, le film de Julien Maury et Alexandre Bustillo parvient à complètement traumatiser son public en lui livrant un film d’une terreur intégrale et d’un romantisme franchement dangereux. D’une formidable personnalité et d’un charisme rare, ce premier long-métrage dégage une classe folle et un style unique, que l'on peut déjà qualifier de à la française. Et bien Messieurs, pour un premier film, vous nous servez un putain de chef d’œuvre...
  
Verdict : 9/10

Hallucinant de pondre un film pareil pour une première œuvre… Je n’en reviens toujours pas… Quand on pense que pour préparer Alysson Paradis et Béatrice Dalle, Julien Maury et Alexandre Bustillo leur ont fait visionner Nekromantik 1 et 2… Non mais je vous jure…
Site officiel : A l’intérieur