Inutile de cherche à résumer toute la filmographie d’un des réalisateurs français les plus notoires… Intéressons nous plutôt à sa dernière œuvre, Roman de gare, et aux raisons de sa réussite…
L’histoire
Un étrange individu rencontre une midinette délaissée à la station service… Celle-ci va lui proposer de jouer un rôle bien étrange… Pendant ce temps, Judith Ralitzer, une romancière à succès, cherche le sujet de son nouveau roman…
La critique
Quand un parfum de renouveau pointe son nez…
Pas facile d’accepter l’idée qu’un vieux franchouillard tel que Claude Lelouch s’américanise… Un peu à la manière d’un Guillaume Canet avec
Ne le dis à personne ou d’un Franck Mancuso avec
Contre – Enquête, notre vieux briscard de réalisateur se modernise façon polar urbain. Le résultat est surprenant, frais, à la limite du génial… Pourrait-on aussi dire que le réalisateur français cède à la facilité d’une tendance cinématographique authentique, vorace et extrême ? Un peu… Pas parce que Claude Lelouch donne l’illusion de choisir une voie aisée, mais par des thèmes bourrus d’actualité cherchant au maximum à rendre palpable une actualité nauséabonde… Sans aller jusque là, le réalisateur de
La Belle Histoire nous livre un polar rural nerveux entre thriller limite horrifique et drame intensément urbain. Un mélange des genres pour une complète réussite.
Huguette est une midinette fumeuse et coiffeuse, une enquiquineuse hors classe qui vient de se faire larguer par son futur ex fiancé sur une aire d’autoroute. Surgit alors un étrange individu aux allures délavées (génial Dominique Pinon), qui lui propose de l’accompagner en voiture un bout de chemin… Mais dans cette petite aventure survient l’ombre d’un tueur en série, magicien et pédophile… Malgré les airs inquiétants de ce personnage bizarre et plein de charme, Huguette décide de lui faire jouer une comédie malsaine, dont les spectateurs ne sont autres que sa propre famille, étrange rassemblement de personnages étranges échappés d’un
Calvaire ou d’un
Massacre à la Tronçonneuse. Le film part donc dans tous les sens, ou plutôt, dans bien des sens avec tout ce que cela implique de fendard et de joussif. Car sous couvert d’accoucher d’un banal film policier, Claude Lelouch n’oublie jamais que ce sont ses personnages qui créent son film : des personnages charismatiques, forts et couleur, en gueule, et sacrément attachants. Une belle brochette de sacrées tronches qui manifestent tour à tour leurs émotions, leurs craintes, leurs tourments et leur âme.
Tout le génie de
Roman de Gare provient de l’aptitude du réalisateur à délibérément choisir certaines options scénaristiques afin d’emmener le spectateur avec lui. Ce dernier a bien conscience des directions dans lesquelles il est embarqué mais le piège fonctionne malgré tout : Claude Lelouch joue avec son spectateur comme avec une poupée de chiffon et nous livre au final un polar particulièrement bien réussi, haletant et trépidant.
Verdict : 8/10Un polar très réussi de la part du réalisateur de Tout ça… pour ça ! Le meilleur du moment !
Site officiel :
Roman de gare