Persepolis
Sortie:
27/06/2007
Pays:
France
Genre:
Durée:
1h35 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Persepolis

par: Sebastien Keromen



Après avoir raconté sa vie en BD, Marjane Satrapi l’adapte en film d’animation. Prix du jury à Cannes, Persepolis marque le cinéma de son style et de sa profondeur

Persepolis
France, 2007
Réalisateur
 : Marjane Satrapi, Vincent Paronnaud
Avec les voix de : Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve, Danielle Darrieux, Simon Abkarian
Adapté de la bande dessinée de Marjane Satrapi
Durée : 1h35

L’histoire
Téhéran, 1978. Marjane grandit dans un pays en crise. Résolument dégourdie et questionnant le monde, Marjane va continuer son apprentissage de la vie, en Iran et en Autriche, en portant sur son parcours un regard sarcastique.






La critique

Persepolis est unique à plus d’un titre. C’est à ma connaissance la première autobiographie en dessin animé, et c’est vrai que le pari est culotté (même s’il s’est fait progressivement puisque adapté d’une BD autobiographique). C’est de plus l’un des rares dessins animés à s’éloigner des styles Disney ou japonais sans être irrémédiablement laid (je ne citerai pas de nom pour ne vexer personne, mais je pourrais). C’est même du grand art, et les plans arrivent à mixer images en noir et blancs ou niveaux de gris, décors réalistes ou imaginaires, mise en scène réaliste ou stylisée ou onirique, transitions originale (par exemple le personnage apparaît d’abord sur fond noir, puis le décor apparaît), le tout sans que le style général ne semble hétéroclite, et le tout plus que réussi. Du côté artistique, c’est un sans faute, avec mention. Côté interprétation, ce film fait partie des 20% de DA français miraculés qui ne sont pas massacrés par leur doublage. Catherine Deneuve arrive enfin à ne pas faire du Catherine Deneuve, et nous délivre une performance de très haut niveau, comme tous les autres acteurs. Réalisation parfaite donc pour Persepolis.






Mais le film n’est pas une réussite totale pour autant. Un défaut assez important (mais peut-être très subjectif, et peut-être en aurez-vous une toute autre impression), c’est le relatif manque d’émotion. Je ne pense pas que la forme et l’absence de couleur en soit à l’origine, mais plutôt un détachement un peu trop prononcé (peut-être pour éviter trop de pathos) dans la narration. Par exemple, lorsque l’ami de la famille raconte qu’il a été torturé, c’est sans une once d’émotion dans la voix. La plupart des événements graves (et il y en aura) sont traités avec tellement de pudeur et d’ellipse que certains sont un peu dépossédés de leur force dramatique. Autre aspect qui désamorce un peu l’émotion, et peut, selon votre sensibilité, influencer votre appréciation du film : l’histoire est plus une mosaïque de petites scènes qu’une histoire complète, même si pourtant il y a bien une progression. Mais les scènes font rarement plus d’une minute, et à force de petites touches quasi anecdotiques ou très elliptiques, se détache plus un ton et une personnalité qu’une histoire. Et comme souvent dans ce genre de narration, la fin du film survient sans vraiment finir l’histoire, qui ne demande qu’à être continuée.






Au final, le film ne peut que faire l’unanimité sur ses qualités artistiques, mais peut laisser sur leur faim certains spectateurs par son histoire parsemées en saynètes, images, phrases isolées. Tout le monde ne sera pas sensible à l’émotion trop disparate et dissolue qui s’en dégage, et par exemple je me suis senti insensible pendant une bonne partie du film. Le film reste assez didactique pour qui ne connaît pas l’histoire de l’Iran, mais à apprendre à la fois la grande et la petite histoire, on perd sans doute un peu de vue la petite. A voir pour vous faire une idée, mais je pense que ce film plaira à certains beaucoup plus qu’à d’autres.

A voir : parce qu’il est unique en son genre
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, faites-vous votre propre idée, et profitez au moins des images

Sébastien Keromen