Waitress
Waitress
Sortie:
05/09/2007
Pays:
USA
Genre:
Durée:
1h45 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Waitress

par: Sebastien Keromen

Un joli film indépendant sur une charmante serveuse qui a une vie ratée mais un talent certain pour les tartes délicieuses. Voilà comment on pourrait vous présenter ce film, et, tiens, c’est exactement ce que je viens de faire.

Waitress
Titre original : Waitress
USA, 2007
Réalisateur
 : Adrienne Shelly
Acteurs : Keri Russell, Nathan Fillion, Jeremy Sisto
Durée : 1h45

L’histoire
Jenna travaille dans un diner, où elle crée des tartes succulentes. Mais hors boulot, sa vie est un échec total avec un mari totalement égoïste, macho, la totale. Lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte, elle tente de changer de vie, et tombe amoureuse de son gynéco. Mais son mari la laissera-t-elle partir ?




La critique

(cette critique est commune avec Le Goût de la vie, voir la fiche ici)

Ce n’est pourtant pas le succès de Ratatouille qui a eu le temps de lancer la mode, mais nous voilà avec deux films sortant en même temps et prenant place dans le milieu de la restauration. Ces deux films sont comparables par d’autres points, et je m’en vais donc les comparer, deux critiques pour le prix (et le coût) d’une.
L’héroïne : eh oui, les deux films brisent le côté macho de la restauration (qui en avait déjà pris un coup avec un rat cuisinier il y a peu) pour laisser place à un chef féminin dans Le Goût de la vie, et à une petite cuisine mais entièrement féminine dans Waitress. Comme vous avez d’un côté Catherine Zeta Jones et de l’autre Keri Russell, vous ne pourrez que succomber au charme de l’héroïne, quel que soit le film. Les deux nous donnent ici une performance réussie et presque touchante, sans être toutefois inoubliable.
Le ton : c’est sur ce sujet que les deux films se différencient le plus. Comédie plutôt amère et dramatique pour Waitress, comédie plus classique pour Le Goût de la vie. Le premier sent bon le film indépendant (c’est d’ailleurs la filiale indépendante de la Fox – Fox Searchlight Pictures – qui produit), la deuxième le film plus consensuel (produit par la Warner et non sa filiale indépendante). Si les deux cumulent des scènes de comédie et des sujets plus graves et profonds, l’équilibre n’est pas le même. L’histoire est dans les deux cas l’histoire d’une femme qui passe à côté de sa vie, mais le traitement diffère. Waitress se concentre bien plus sur le désarroi de son héroïne et sa vie ratée, en conservant ses collègues comme intermède comique (pas super réussi, mais on y reviendra). Le Goût de la vie préfère aligner les scènes de comédie, en intercalant parfois une scène plus grave ou plus « analyse de sa vie » que « comédie romantique ».




Les seconds rôles comiques : Waitress partage très clairement ses seconds rôles entre comiques et tragiques (ou du moins sérieux), et les seconds rôles comiques, assurés par les deux autres serveuses, manquent à la fois de crédibilité et d’intérêt. Il reste d’autres sources de comédie dans le film, mais vous ne rirez pas tant que ça. Pour Le Goût de la vie, les seconds rôles alternent comédie et tragédie, la principale étant la petite fille, tour à tour touchante car orpheline, ou irrésistible car petite fille avec un rôle bien décidé et bien écrit.
Les seconds rôles sérieux : ce sont les plus réussis dans Waitress. Un mari absolument imbuvable et qui nous donne envie de le haïr, un vieux monsieur misanthrope mais bienveillant, un docteur amoureux et maladroit, autant de rôles aussi bien écrits qu’interprétés. C’est bien pour ces rôles (et celui de l’héroïne) que Waitress peut marquer. Comme déjà évoqué, les seconds rôles du Goût de la vie sont moins tranchés entre comiques et non comiques, mais pas pour autant ratés. Aaron Eckhart est assez irrésistible en beau gosse sympa, et Abigail Breslin (la petite fille de Little Miss Sunshine qui a pris quelques centimètres et perdu quelques kilos) est à croquer et se délecte du toujours habituel mais toujours réussi rôle de petite fille qui a déjà pas mal compris la vie pour son âge.
Le rythme : même combat pour les deux films : ils sont trop longs. L’histoire n’a absolument pas de quoi couvrir toute leur longueur. Les deux durent 1h45, paraissent 2h, et n’auraient pas dû dépasser 1h25. Ça tourne un peu à vide au milieu pour le Goût de la vie, et ça patine carrément dans la choucroute pour Waitress pendant environ le tiers du milieu. Vraiment dommage, car à chaque fois on s’impatiente un peu qu’il se passe quelque chose, et qu’on reprenne l’histoire.
La réalisation : rien de particulier pour le Goût de la vie, réalisé sans grande personnalité, et oubliant même de mettre en scène la nourriture de façon appétissante, à défaut d’originalité. Waitress, qui est un premier film, inclut quelques effets originaux et sympa. Rien de transcendant, mais un petit plus quand même.




Les plats : quand même, pourquoi ai-je mis en parallèle ces deux critiques ? c’est bien pour en arriver ici, avec la comparaison de la mise en scène de la nourriture. Waitress ne parle que de tartes et tourtes, mais quelles tartes ! Chacune a un nom incroyable (décrivant parfois les sentiments de l’héroïne quand elle l’invente, comme la tarte « tromper son mari c’est mal et s’il le découvre il va me tuer », ou la tarte « les bébés sont une plaie »), une recette à faire tomber les papilles (avec des tas d’ingrédients trop succulents pour avoir des calories honnêtes), et une représentation simple mais efficace de la tarte en train d’être composée, vue de haut, avec les délicieux ingrédients qui se déversent dans la pâte. Eau à la bouche garantie. Pour le Goût de la vie, c’est plus varié, mais finalement beaucoup moins mis en valeur. On voit bien une cuisine de grand restaurant (comme dans Ratatouille) et toutes son agitation, des trucs qui cuisent, mais rien qui ne donne vraiment envie. Un beau plat de spaghetti, de beaux desserts, poissons frais, homards, crème brûlée, ça parle bien de bouffe mais sans le raffinement qu’on pouvait avoir dans Ratatouille, sans parler aux papilles. Et puis entre la tarte mûres et framboises écrasées/chocolat de Waitress et la caille aux truffes de Catherine Zeta Jones, je manque peut-être de raffinement, mais la tarte me fait autrement plus saliver.
En conclusion : c’est pas tout ça, mais nous voici au bout de cette double critique. Les deux films sont finalement assez sympathiques, mais rien d’inoubliable. De bons rôles, de bons acteurs, de bons dialogues, mais ça reste un peu moyen. Waitress est un peu plus original, un peu plus touchant, un peu plus coloré, mais accuse aussi une baisse de régime plus forte au milieu. Le Goût de la vie reste classique et agréable, mais vite oublié. A vous de choisir entre plus de qualités mais aussi plus de défauts, ou un film plus égal mais plus fade. Perso, je donnerais ma préférence aux tartes, mais si votre palet vous entraîne dans l’autre direction, ou même seulement au restaurant, ne vous gênez pas.

Waitress :
A voir : si vous aimez les tartes, ou les comédies pas seulement drôles
Le score presque objectif : 7/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, quelques scènes et rôles à retenir

Sébastien Keromen