La Nuit nous appartient
We Own the Night
Sortie:
28/11/2007
Pays:
USA
Genre:
Durée:
1h54 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

La Nuit nous appartient

par: Arnaud Weil-Lancry



Un drame humain poignant à la distribution impeccable, ça vous tente ? Alors, laissez vous entraîner dans La Nuit nous appartient, le dernier film de James Gray. Avec Joaquim Phoenix, Mark Wahlberg et Robert Duvall.

L’histoire
Bobby est gérant d’une boîte de nuit qui sert indirectement à la maffia russe pour certains actes illicites. Afin de faire son « travail », il est obligé de dissimuler la vérité : son frère et son père sont d’éminents membres de la police New Yorkaise…

La critique

James Gray, une griffe…
En seulement trois films, James Gray a imposé une empreinte, un style, une griffe. De Little Odessa à La Nuit nous appartient, et en passant par The Yards, toujours ce même style technique et narratif. Des familles déchirées par les drames qui les lient, la fatalité des liens du sang, un enracinement indélébile, le tout avec cette obsession de l’oppression. Une sorte de pesanteur, d’inéluctable et de destin auquel on n’échappe pas. Trois films c’est peu et beaucoup pour imposer un style. C’est pourtant le cas et La Nuit nous appartient n’échappe pas aux règles précitées, tout en enfonçant définitivement le clou de ce réalisateur à la fois doué et peu prolifique.






Les larmes, la famille, encore et toujours…
Bobby gère une boîte de nuit plus ou moins sous l’emprise de la maffia, alors que son frère et son père tentent de le faire collaborer avec eux. Entre devoir familial et ambition personnelle, le jeune homme va devoir trancher, avec les conséquences néfastes qui en découleront inévitablement. Tout ce qui fait James Gray est présent : le refus de l’obligation familiale, le refus des traditions, les frères liés par l’amour et la haine, la culpabilité déchirante… Mais le réalisateur originaire du Queens, tout en demeurant en terrain conquis, parvient à nous surprendre en permanence, embarquant le spectateur presque systématiquement à l’opposé du bon sens scénaristique. Ce qui donne lieu à des retournements de génie tout comme à des séquences prévisibles aussi bien que surréalistes. Et toujours, telle une chape de plomb indestructible, le poids de la culpabilité couplée aux envies de changement et d’épanouissement personnel.

On a beau savoir que le terrain est complètement balisé et que finalement on joue toujours sur les mêmes terres, celles qui ont créé le réalisateur James Gray… Nom de Dieu, quels moments déchirants, quels dialogues pleins de violence mentale, quel scénario cousu de fil blanc. De cette extraordinaire course poursuite sous la pluie qui se termine dans le sang et les larmes, à cette réunion familiale glaçante dans une église un jour de réjouissance, on baigne en permanence dans le drame. Un drame servi avec maestria par Robert Duvall (impérial, comme d’habitude), Mark Wahlberg et Joaquin Phoenix, parfaits. On notera que ces deux derniers acteurs ont déjà travaillé ensemble dans The Yards, le précédent film de James Gray.

Les larmes du dernier plan, et c’est le coup de grâce… On en sort les tripes à l’air, la gorge nouée et une journée au grand minimum pour s’en remettre… Quel enfoiré, ce James Gray !

Verdict : 8/10

Un très beau drame familial et humain comme sait si bien les faire James Gray.
Site officiel : La Nuit nous appartient