Julia
Sortie:
12/03/2008
Pays:
Fr / USA
Genre:
Durée:
2h20 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Julia

par: Arnaud Weil-Lancry



Julia, ou la naissance d’une actrice.

L’histoire
Julia, alcoolique et forte en gueule, a de plus en plus de difficultés à faire face à l’alcoolisme. Un jour, elle finit par perdre pied…

La critique

En crever…
Il est des films qui font plus que vous percuter, ils vous marquent au fer rouge et s’impriment tellement profondément dans vos chairs que des années après, la douleur demeure présente. Le simple fait d’apercevoir l’affiche de tels films suffit à vous retourner l’estomac et bien sûr un visionnage ultérieur est à proscrire sous peine d’un nouveau départ pour l’Enfer dans les prochaines années. Le premier film d’Erick Zonca, La Vie rêvée des anges, en fait partie, et personne n’a pu oublier les personnages immortalisés par Elodie Bouchez et Natacha Régnier il y a 10 ans maintenant. Des personnages dévorés par la rancœur et par la mélancolie, mais surtout, par un désespoir à en faire pleurer les pierres. Aujourd’hui, Julia présente les mêmes symptômes, c'est-à-dire un abandon complet de tout espoir et un mépris authentique de la vie. Moins fataliste qu’attendu, le dernier film d’Erick Zonca, Julia, permet de retrouver ce penchant pour les actes désespérés, la noirceur en moins. Un peu comme si La Vie rêvée des anges devenait La Vie d’un ange.






Tilda Swinton
Aperçue dans Le Monde de Narnia, Constantine, et de multiples longs-métrages où elle ne bénéficiait que de seconds rôles, Tilda Swinton tient enfin sa revanche. Cette rousse pâle et incendiaire interprète ici Julia, une femme alcoolique qui ne parvient plus à faire face à sa dépendance. On vous rassurera tout de suite, vous n’avez pas affaire à un Leaving Las Vegas bis. Si la première partie de Julia en donne franchement l’impression par sa peinture affreusement crue de la vie de cette magnifique âme perdue, le personnage interprété par Tilda Swinton est incroyablement fort. Cette ambivalence si puissante à l’écran constitue vraiment l’atout majeur du film d’Erick Zonca. Tour à tour blessée, perdue, bourrée, égarée, Julia n’oublie jamais d’être forte, d’être LA plus forte. Et ce n’est pas une image. L’incroyable force de cette Paumée de la vie transcende littéralement l’écran pour venir percuter le spectateur par l’ampleur de sa rage de vivre. Bien sûr, Julia ne tient pas que sur les épaules de l’actrice de Adapation et il faut bien toute l’adresse d’un Erick Zonca pour accompagner une telle chronique ordinaire de la vie d’une Américaine au bord de l’implosion. Le pays aussi a droit à ce traitement de (dé)faveur : l’Amérique des parias et des exclus, celle des honnis et des damnés, mais aussi celle des gens simples qui ne peuvent que subir la précarité de leur vie.

La tentation aurait pourtant été facile de partir dans une épopée larmoyante et sans retour dans laquelle Julia enlevait ce petit garçon, ce dernier devenant ensuite la clé de sa survie. Mais même à ce niveau-là, le réalisateur de La Vie rêvée des anges fait un sans faute et le lien (prévisible) qui se tisse entre ces deux magnifiques personnages est d’une beauté et d’une vigueur sans égal. Tout au plus, on pourra lui reprocher de passer un peu trop brutalement d’un aspect à l’autre de son héroïne et de nous la montrer si forte. Finalement, on ne s’en plaindra pas… Son œuvre, magnifique et pleine d’espoir, lui permet en plus de révéler celle qui sera probablement l’une des plus grandes actrices de l’année. Chapeau !

Verdict : 8/10
Julia, s’il est un peu inégal, est un film à ne pas rater, ne serait-ce que pour la splendide interprétation de son actrice principale, Tilda Swinton
Le site officiel : Julia