Le Nouveau protocole
Sortie:
19/03/2008
Pays:
France
Genre:
Durée:
1h30 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Le Nouveau protocole

par: Sebastien Keromen

Le cinéma français ne s’aventure pas souvent sur le terrain miné du film qui dénonce. Thomas Vincent va pourtant tenter de mettre les pieds dans le plat des sociétés pharmaceutiques en envoyant Clovis Cornillac et Marie-Josée Croze enquêter.

Le Nouveau protocole
France, 2008
Réalisateur
 : Thomas Vincent
Acteurs : Clovis Cornillac, Marie-Josée Croze, Dominique Reymond
Durée : 1h30

L’histoire
Le fils de Raoul Kraft s’est tué dans un accident de voiture, sur une route qu’il connaissait pourtant bien. Une journaliste altermondialiste le fait douter en lui révélant que l’accident pourrait être dû à un médicament expérimental qu’il prenait. Une enquête dans le monde des sociétés pharmaceutiques commence.




La critique

Pas facile, en France, de s’attaquer à un sujet d’actualité, de faire un film politique. Avant même de l’avoir vu, c’est déjà le premier mérite du Nouveau protocole : mêler la fiction et le divertissement avec une pointe de revendication et de controverse. La deuxième bonne idée, c’est de réunir Clovis Cornillac et Marie-Josée Croze, deux acteurs beaux et talentueux s’il en est. Et on n’est pas déçu, ils arrivent tous deux à faire passer leurs émotions et leurs passions malgré le rythme élevé du film, qui ne se prêtait peut-être pas beaucoup aux états d’âme. Clovis Cornillac est immédiatement convainquant et touchant dans son rôle de père en colère après la mort de son fils. Marie-Josée Croze hérite du rôle très casse-gueule d’une activiste un peu trop extrême pour que le spectateur s’y attache vraiment, et toujours entre contrôle et pétage de plombs. Elle s’en sort cependant avec les honneurs, et le film bénéficie grandement de ces deux performances.




Côté action, ne vous inquiétez pas, vous allez avoir votre compte. Poursuites, cambriolages, fusillades, rien n’y manque. Si elles ne peuvent rivaliser en moyens avec les productions américaines, elles s’en sortent d’abord grâce à leur énergie et leur réalisme, et grâce également à l’enjeu qu’elles représentent dans le scénario, qui fait que le spectateur est bien accroché à leur dénouement. Finissons par le côté dénonciation de pratiques honteuses. Le problème, qui était déjà celui de The Constant gardener, qui touchait au même sujet, c’est qu’il ne s’agit pas d’une histoire vraie, et que donc tout est imaginé et extrapolé à partir de faits réels plus ou moins avérés. En l’état, rien n’empêche de considérer que tout est imaginé, et que rien n’est vrai. Mais le film se libère un peu de cette limite, d’une part en accordant qu’une petite portion à ce problème, le reste étant pris par les personnages et leurs poursuites, et d’autre part en présentant un point de vue et une volonté d’engager le débat, plutôt qu’une critique sans base des pratiques des compagnies pharmaceutiques. En bref, à chacun de se faire une idée sur le sujet, après avoir été interpelé par le film.




En résumé, sans atteindre des sommets, le Nouveau protocole est un film tout à fait recommandable, mêlant action à la française (dans le bon sens du terme) et tentative d’engager un débat de société. Le scénario a le bon goût d’être intelligent et de ne pas perdre de temps à expliquer ce que tout le monde a déjà compris, notamment en pratiquant l’ellipse avec talent. De plus, les personnages sont loin d’être manichéens, et on peut même se demander s’ils ont raison ou si la paranoïa les a débordés, et encore plus si ce sont ou non vraiment les gentils (mais y a-t-il des gentils ?), Complétez avec des acteurs à leur meilleur, et une réalisation nerveuse et un rythme sans temps mort, et vous obtenez un bel exemple de réussite, dans les limites de l’exercice.

A voir : pour Marie-Josée Croze, pour Clovis Cornillac, pour l’énergie, pour le sujet
Le score presque objectif : 7/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, accroché ou pas, vous ne vous ennuierez pas

Sébastien Keromen