L’histoire
Francis, Peter et Jack, trois frères qui ne se sont pas parlé depuis un an décident de faire un voyage ensemble, dans un train, à travers l’Inde, afin de renouer les liens d’autrefois. A bord du darjeeling limited, leur « quête spirituelle » va vite dérailler, et ils vont se retrouver seuls, perdus dans un pays dont ils ignorent tout, avec onze valises et beaucoup de comptes à régler avec la vie…
La critique
A 38 ans, Wes Anderson s’est imposé comme le chef de la bande la plus cool du cinéma indépendant américain. Dans son nouveau film, il aborde de nouveau les liens familiaux (thème déjà présent dans La famille Tenenbaum en 2002, et dans La vie aquatique en 2005) : une comédie douce amère, coécrit « en famille » avec Roman Coppola (fils de Francis F. Coppola et frère de Sofia) et Jason Swartzman (fils deTalia Shire, sœur de Francis F. Coppola).
L’action se déroule dans un train à bord duquel trois frères sillonnent les déserts du Rajasthan et se dépatouille de leurs vies comme ils peuvent : Francis (Owen Wilson), l’aîné, couverts de pansements et de bandelettes, suite à un accident de moto, Peter (Adrien Brody) , le cadet, fuyant ses responsabilités de futur papa, et Jack (génial Jason Schwartzman), le benjamin séducteur, obsédé par son ex petite amie (interprétée par la sublime Nathalie Portman, que l’on aperçoit dans « Hôtel Chevalier », le court métrage précèdant le film et qui donne le ton) laissée à Paris.
A l’origine de ce périple, Francis décidé à renouer les liens distendus par la vie, et la mort récente de leur père. Un deuil encombrant, symboliquement représenté par le lot de bagages Vuitton paternel, reçus en héritage, qu’ils se traînent comme ils traînent leurs névroses, leurs angoisses et leurs manies. Le but du voyage étant aussi la recherche de leur mère, sorte de mère Térésa rock’n’roll (Angelica Huston), retirée au fin fond de l’Himalaya, dans un orphelinat.
Les trois personnages, immédiatement attachants, follement drôles, déjantés, mélancoliques et blessés font sourire, rire, et pleurer. Tour à tour, les frangins se chamaillent, se piquent les affaires, et se maternent. Ils connaissent tout les uns des autres, leurs goûts culinaires, leurs habitudes, et même la place qu’ils préfèrent dans les lits superposés. Ce voyage, dans un joli train bleu, finira par les réconcilier avec eux-mêmes, et les éveiller à une autre culture.
Une explosion de couleurs, un usage poétique du ralenti, et une bande son « indie pop », Wes Anderson nous entraîne dans sa bulle ferroviaire, comme un enfant le ferait dans sa chambre pour déballer son coffre à jouets, et nous séduit par son univers mélancolique et absurde, où même sur des rails, un train peut se perdre…
Alors ne faites pas comme Bill Murray, et ne ratez le départ... Embarquez A bord du Darjeeling limited!