Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal
Indiana Jones and the kingdom of the crystal skull
Sortie:
21/05/2008
Pays:
USA
Genre:
Durée:
2h05 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal

par: Sebastien Keromen

On n’y croyait plus mais le revoilà. 19 ans après la Dernière croisade, Indiana Jones est de retour dans un film événement. Alors, en 19 ans, la série s’est-elle bonifiée ou a-t-elle juste vieilli ?

Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal
Titre original : Indiana Jones and the kingdom of the crystal skull
USA, 2008
Réalisateur
 : Steven Spielberg
Acteurs : Harrison Ford, Cate Blanchett, Karen Allen, Shia LaBeouf, Ray Winstone, John Hurt, Jim Broadbent
Musique de : John Williams
Durée : 2h05

L’histoire
Un entrepôt mystérieux, une caisse mystérieuse, un crâne mystérieux, une russe mystérieuse, une carte au trésor mystérieuse, des pouvoirs mystérieux… Et Indiana Jones pour éclaircir tous les mystères.




La critique

Depuis l’annonce d’un quatrième Indiana Jones, je souhaitais secrètement que ça n’aboutisse pas. Bien sûr, s’il était au niveau des autres, ça aurait pu être formidable, mais le risque de plomber la saga existante était trop fort. Mais bon, finalement ça s’est fait, et voici le résultat sur nos écrans. Et j’en suis bien désolé, mais j’avais raison (du moins à mon goût) : le quatrième opus va dépareiller grave avec la première trilogie dans votre cinéthèque. S’il n’est pas vraiment mauvais, ce Indy souffre de plein de petits défauts, et de l’absence de vraies qualités.
Pour commencer, c’est déjà le sujet qui ne convainc pas. Après les Aventuriers de l’arche perdue (ouais, de l’aventure, et l’Arche d’Alliance !), le Temple maudit (ouais, un temple dans la jungle avec une malédiction, et il doit sauver des enfants enlevés !), la Dernière croisade (ouais, les chevaliers et le Graal !), nous voici avec le Royaume du crâne de cristal (euh, c’est quoi cette histoire de crâne en cristal, c’est qui ce royaume, et puis d’abord ça sonne bizarre comme titre). Eh oui, rien que le titre met déjà la puce à l’oreille : ça sonne comme un assemblage non prévu de mots qui ne sont pas fait pour aller ensemble. Et c’est d’ailleurs assez représentatif du film, qui souffre d’un effet « patchwork » comme rarement. Pas un événement, une péripétie, une situation qu’on n’aie déjà vue ailleurs. Alors bien sûr, si vous n’avez jamais vu de film, ou jamais vu les autres Indy, les X-files, un film sur les années 60, un vaudeville, et une comédie sur un vieux couple, tout sera neuf pour vous. Mais j’imagine que c’est pas le cas de grand monde. Et plus grave, faudrait aussi ne pas avoir vu Tarzan, Les Mystérieuses cités d’Or, la Chèvre (ou Princess Bride), ou encore American Graffiti. Peut-être pour certains ce sont des clins d’œil ou des hommages, mais bon on aimerait plutôt voir un nouveau film qu’un collage d’anciens…




En plus, certaines scènes semblent reprises de films qui déjà reprenaient les scènes des premiers Indy. Peut-être qu’en fait c’est juste inspiré des premiers Indy, mais à force d’essayer de coller à l’esprit initial, le film ignore 19 ans de films d’aventures, et la comparaison joue en sa défaveur. C’est par exemple très criant sur la progression dans la caverne et le temple, qui rappelle furieusement celle du premier Benjamin Gates. Et pendant qu’on finit d’achever le scénario, autant lui sauter dessus à pieds joints avec des chaussures à crampons : il est aussi peu convaincant que globalement idiot. En plus de son but pas motivant pour un sou (il est grave moche le crâne de Cristal), son déroulement et sa résolution sont un peu tirés par les cheveux, son rythme un peu lent (vraiment mou au début, et pas mal de pause pour des bavardages assez plats), son histoire globalement pas passionnante, et parfois ridicule. Quand on pense au temps qu’il a fallu à Spielberg et Lucas pour se décider sur ce scénario, on n’ose pas imaginer la qualité des autres. Et, quitte à partir dans le surnaturel comme ici, on regrette amèrement que le film n’ait pas adapté l’histoire excellente du jeu vidéo Indiana Jones and the fate of Atlantis. Atlantis, voilà un truc qui avait de la gueule.
Mais n’oublions pas que tout en voulant faire un Indy comme au bon vieux temps, nous avons aussi affaire à un Indy 19 ans après. Ça implique d’abord que ça se passe dans les années 60, une époque qui fait vraiment bizarre dans un Indiana Jones (mais bon, quand ils arrivent au Pérou, ça se voit plus). Et bien sûr ça implique un Harrison Ford grisonnant, qui arrive à tenir la route physiquement, même si l’insouciance du personnage et sa désinvolture semblent avoir renoncé devant l’âge (un peu comme Harrison lui-même, si vous avez pu comparer des interviews d’époque et de maintenant). Les personnages secondaires sont un peu en retrait, car à part une Marion toujours aussi forte tête, les autres n’arrivent pas à la cheville des Marcus, Sallah, et Henry Jones senior de la trilogie (Marcus et Henry sont d’ailleurs censés être morts dans le film ; pour Marcus, ça fait hommage à Denholm Elliot, mais pour Henry, il doit en déduire quoi Sean Connery ?). Le petit jeune s’en sort pas trop mal, mais son rôle tellement déjà vu ne réserve pas de surprise. Les méchants sont rarement mémorables dans les Indy, et c’est encore ici le cas, Cate Blanchett et son accent russe postiche (j’ose à peine savoir à quoi ça ressemblera en VF) n’arrivent pas à faire exister un personnage transparent et sans relief.



Bon, j’imagine que ça vous plairait que je vous cause un peu de l’action. De la bonne vieille action. Oui, les deux qualificatifs sont importants. Tout d’abord, il faut noter que comme la quête d’Indy nous indiffère pas mal, l’enjeu de l’action est moindre et notre implication aussi, nous freinant dans notre envie de haleter avec les poursuites. La première scène est d’ailleurs emblématique, Indy essaie juste de sortir d’un entrepôt, on sait pas ce qu’il fait là, c’est le début, c’est pas comme si on craignait qu’il n’en sorte pas (il se sortira d’ailleurs de pire juste après, ne disons rien, mais on commence déjà à s’inquiéter vachement sur le ridicule du scénario). On aura tout de même droit plus tard, dans la jungle, à une poursuite assez haletante, surtout grâce à sa longueur et à sa persévérance. Mais dans l’ensemble, les scènes d’action sont juste dans la norme (et on sera gentil en ne disant pas la norme de quelle année).
Nous arrivons à la conclusion, qui, comme vous vous y attendez si vous n’avez pas lâchement commencé par le dernier paragraphe, n’est pas fameuse. Indy 4 est une déception, indubitablement, mais même plus qu’une déception car n’assurant pas vraiment le niveau qu’on est en droit d’attendre dans un film d’aventures. Les dialogues ne sont pas percutants, l’histoire pas motivante, les scènes d’action pas trépidantes, le tout pas très emballant. On a un peu l’impression que la série a vraiment pris 19 ans et qu’elle est maintenant vieille. Bien sûr, c’est toujours un peu biaisé de comparer un film qu’on a vu il y a 19 ans (même si on l’a revu depuis) avec un nouveau film, mais ce quatrième opus semble vraiment plusieurs niveaux au-dessous de la trilogie originale. Un coup pour rien, ils auraient dû s’abstenir.

A voir : par acquit de conscience, peut-être, mais on peut aussi garder la trilogie intacte et s’en contenter
Le score presque objectif : 6/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -1, ni un bon Indy, ni même vraiment un bon film d’action

Sébastien Keromen