Valse avec Bachir
Waltz with Bashir
Sortie:
26/06/2008
Pays:
Israël
Genre:
Durée:
1h25 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Valse avec Bachir

par: Sebastien Keromen

Reparti bredouille du festival de Cannes, Valse avec Bachir méritait pourtant les honneurs de la croisette, tant par son fond que par sa forme. À vous de réparer l’oubli en allant le voir.

Valse avec Bachir
Titre original : Waltz with Bashir
Israël, 2008
Réalisateur
 : Ari Folman
Durée : 1h25

L’histoire
Ari rêve régulièrement de chiens sanguinaires qui le poursuivent. Il finit par comprendre le lien avec la guerre du Liban, mais s’aperçoit que son cerveau a oublié tout ce qui lui est arrivé. Il va interroger ses compagnons d’arme pour retrouver la mémoire.




La critique

Dessin animé ne rime pas avec film pour enfants, et Valse avec Bachir se charge de vous le rappeler. Car on trouvera difficilement sujet plus adulte que les traumatismes de la guerre, que le refus de la mort et surtout de donner la mort. Dès le début, on se sent hors des terrains connus : le film est en hébreu (plutôt rare), et le dessin est assez spécial, avec une impression d’absence de relief (qui vient de l’absence d’ombrage sur les aplats de couleur, surtout au début), mais avec une animation très fluide (je pense qu’elle a été faite par ordinateur, et même sans doute reprise d’acteurs réels). Puis très rapidement on ne fait plus beaucoup attention à la technique, pour se concentrer sur le sujet.




Le film raconte l’histoire d’une quête de mémoire, mais en fait cela n’apporte pas grand-chose au sujet (ça dessert même un peu le film, en le rendant bavard au-delà du raisonnable), à part faire raconter petit à petit cette guerre. Là, mieux vaut tout de même avoir une idée des événements, sinon vous suivrez tout juste. En sachant ce qui s’est historiquement passé, vous suivrez mieux, j’imagine, les tenants et les aboutissants, et apprécierez que les personnes qui racontent la guerre au héros sont les vrais personnes ayant vécu cette guerre (du moins leur voix, comme en témoigne le générique, à part deux personnes dont j’imagine qu’elles n’étaient pas disponibles). Un cachet d’authenticité qui donne confiance.




Et ce film va vous entraîner loin aux côtés de ce soldat qui a oublié l’horreur de la guerre. Petit à petit, ses raisons (bonnes ou mauvaises), ses personnages et ses drames vont nous être contés, dans toute leur horreur et leur absurdité. Des scènes poignantes, marquantes, soutenues par une musique excellente et forte, haletante et vibrante, absolument essentielle, sublimant la virtuosité des images. Et le film finit sur un tour de force : nous balancer avec toute la force de leur horreur des images réelles du village après le massacre, qui nous paraissent tellement vraies après les images animées, loin de toute la distance que nous avions réussi à prendre avec les images d’actualité. Un coup de poing bref, mais qui nous assomme. Au final un film pas seulement réussi, mais également marquant, même si on ne suit pas tout.

A voir : pour l’émotion, pour l’effort
Le score presque objectif : 8/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, ça va être dur mais ça vous restera

Sébastien Keromen