Surveillance
Sortie:
30/07/2008
Pays:
Etats-Unis
Genre:
Durée:
1h38 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Surveillance

par: Arnaud Weil-Lancry



Une envie de polar malsain et mal barré ? Surveillance est fait pour vous…

L’histoire
Dans une petite ville américaine, des agents du FBI débarquent afin d’élucider une série de meurtres. Ils se retrouvent face à une junkie, une petite fille et un policier à la gâchette facile. Chacun détient sa version de l’histoire…

La critique

Fille de son père…
On évitera la comparaison facile et inutile entre la fille et son père. Mais pourtant, la parenté est présente : du cinéma instable, dérangé et quasi psychotique de David Lynch, Jennifer Chambers Lynch a hérité un goût prononcé pour un cinéma extrême et brutal. Une conception artistique dans laquelle les images jouent en permanence avec les délires scénaristiques les plus dérangeants, et avec des personnages comportant leur lot d’authenticité décalée. Surveillance entre sans problème dans cette catégorie. Quinze ans après l’étrange Boxing Helena, Jennifer Chambers Lynch nous livre son dernier film, Surveillance. Un polar malsain et viscéral qui nous plonge dans l’enfer des petites bourgades marginales du fin fond des Etats-Unis.






Des agents du FBI (Bill Pullman et Julia Ormond) sont chargés d’élucider une série de meurtres. Ils débarquent dans une petite ville et se retrouvent face à trois témoins : une petite fille, une junkie et un policier véreux. Chacun détient sa version de l’histoire et une grande partie de l’intérêt de Surveillance réside dans ce triptyque ingénieux. Chacun n’a pas forcément sa version de l’accident, mais chacun peut avoir vu quelque chose. On ne reste pas dans une « basique » théorie des jeux, mais dans une situation de curiosité malsaine qui va comporter son lot de révélation. L’identité des tueurs ne revêt que peu d’importance face à cette analyse studieuse de ces trois personnalités qui détiennent leur lot de surprises. Jennifer Chambers Lynch maîtrise parfaitement ce génial jeu scénaristique qui lui permet de complètement anesthésier les sens du spectateur. Ce dernier détourne ainsi son attention jusqu’à la révélation, amenée de manière magistrale. Logique et confondant de naturel, le dénouement apporte son lot de réponses sans pour autant détruire l’histoire précédemment construite (énorme défaut de bien des thriller). Le ressenti est bien sûr surprenant sans que le film dans son intégralité ne perde son intérêt.

Surveillance choque, dérange et fascine. Sa peinture dégueulasse de beaucoup de protagonistes empêche le spectateur de nouer une réelle empathie et ne fait que contribuer à l’égarer dans les pièges du réalisateur. Jennifer Chambers Lynch surprend ainsi par sa maîtrise d’un genre archi-vulgarisé en lui apportant son lot d’intelligence et d’authentique violence. Sa mise en scène, tour à tour géniale, stylisée et d’une crudité rare, met en exergue bien des versants de l’ignominie humaine. Cru et sans concession, Surveillance est un thriller qui vaut le détour.
 
Verdict : 7/10

Surveillance est un polar nerveux et angoissant maîtrisé de bout en bout. Plus intéressant pour sa structure scénaristique et ses personnages ambigus, il ravira les amateurs de cinéma extrême.
Site officiel : Surveillance