The Dark knight : pour ou contre
The Dark knight
Sortie:
13/08/2008
Pays:
USA
Genre:
Durée:
2h25 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

The Dark knight : pour ou contre

par: Sebastien Keromen

Rarement blockbuster aura suscité autant d’attente. Relance de la franchise avec Batman begins, apparition du Joker, interprété par un Heath Ledger déchaîné, incertitude sur la présence de Two-Face, mort de Heath Ledger, record au démarrage aux States, critiques dithyrambiques… Qu’en est-il à l’arrivée ?

The Dark knight, le chevalier noir
Titre original : The Dark knight
USA, 2008
Réalisateur
 : Christopher Nolan
Acteurs : Christian Bale, Heath Ledger, Aaron Eckhart, Maggie Gyllenhaal, Michael Caine, Gary Oldman, Morgan Freeman, Eric Roberts
Musique de : Hans Zimmer & James Newton Howard
Adapté du comic créé par Bob Kane
Durée : 2h25

L’histoire
Gotham City. Le procureur Harvey Dent tente d’éradiquer la criminalité. Batman le soutient, mais doit aussi faire face au Joker, criminel sinistre et dérangé qui veut faire sombrer la ville dans le chaos.




Pour, par Sébastien Keromen

Après le succès de Batman begins, Christopher Nolan avait plus de latitude pour faire de The Dark knight le film qu’il voulait, un peu comme Tim Burton avait pu faire de Batman le défi un film très noir. Et d’ailleurs, Christopher Nolan ne s’est pas non plus privé pour faire un film aussi sombre que son titre, même si par moment on sent de petites concessions pour ne pas avoir une classification trop restrictive (le film est classé PG-13 et non R aux États-Unis), notamment quelques violences hors champ, ce qui diminue leur impact. Contrairement à d’autres, je n’avais pas été convaincu par Batman begins, film sans âme et un peu plat. Mais là, c’est une autre affaire.
The Dark knight n’est pas ce qu’on attend. Ce n’est pas un gros film bourrin avec des grosses bastons. Les scènes d’action ne sont à vrai dire pas si nombreuses, et ne sont sûrement pas le plus mémorable du film. Tout l’intérêt repose sur l’histoire et les personnages. Tous sont suffisamment développés pour avoir leurs motivations propres, leur caractère, leur rôle dans l’histoire. Car plus que l’histoire de Batman ou du Joker, c’est l’histoire du combat d’une ville contre la pègre, ville représentée par Harvey Dent, le personnage central de cette histoire. Batman se trouve presque relégué comme second rôle (avec l’avantage de ne pas être le héros, et donc la possibilité d’actions moins héroïques). Le Joker est un personnage assez étrange. Contrairement aux autres, il n’a pas de passé (ce qui manque tout de même un peu), et qu’un seul but : le chaos. Il agit plus sur l’histoire comme une catastrophe naturelle que comme un personnage qui veut obtenir quelque chose pour lui-même.




Il faut bien sûr parler des acteurs. D’abord Heath Ledger, qui donne au Joker son instabilité folle et inquiétante, imprévisible. Aidé par un maquillage très intelligemment bâclé, il fait de chacune de ses apparitions (plutôt rares) une scène mémorable. Passons sur Christian Bale, Michael Caine, Gary Oldman, Morgan Freeman et Maggie Gyllenhaal, justes mais sans performance exceptionnelle, pour finir sur Aaron Eckhart, qui tient quasiment le film sur ses épaules. Il arrive à donner vie et âme à son personnage qui aurait pu être un peu caricatural, et donne ainsi tout son sens au film. Sans oublier Two-face, qui enterre à mille pieds sous terre l’interprétation de Tommy Lee Jones (qui n’était pas difficile à enterrer, il faut dire), notamment grâce à un maquillage/effets spéciaux absolument terrifiant, qui lui fait une tête que je reverrai dans mes cauchemars.




La réalisation est réussie, mais les scènes qui marquent restent par les acteurs et l’histoire plutôt que par la mise en scène. La musique ne se fait pas remarquer (ni en mal, ni en bien), et le rythme du film pourra déboussoler un peu ceux qui attendaient beaucoup de scènes d’action. Mais l’intérêt est ailleurs, et permet au film de marquer durablement le spectateur de ce combat perverti pour le bien. Tout n’est pas parfait, certaines longueurs grèvent un peu le film, et les scènes d’action auraient mérité un peu plus d’originalité que juste essayer de battre le record de la plus grosse explosion. Et personnellement je ne supporte pas la voix d’outre-tombe ridicule que se fait Christian Bale en Batman. Mais la tension et la dureté du film rattrapent le tout. Un grand film plutôt mélancolique et pas trop optimiste, qui dépasse largement en terme d’impact le basique blockbuster de l’été.

A voir : pour un film assez dur et très réussi
Le score presque objectif : 8/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, je pense que le film vous surprendra

Sébastien Keromen






Contre, par Arnaud Weil-Lancry

Complètement obscurcie par la mort de Heath Ledger au début de l’année, la sortie de The Dark Knight n’a pas empêché la Warner de signer une des plus grandes réussites financières de son histoire, le film de Christopher Nolan engrangeant les millions jour après jour… Malgré des propos désireux de ne pas exploiter le décès de l’extraordinaire interprète du Joker, l’énorme major hollywoodienne ne peut qu’apprécier une telle manne principalement due à l’acteur de The Brokeback Moutain. En effet, tel un fantôme lugubre et une présence maudite, le Joker plane complètement sur The Dark Knight au contraire de notre chauve-souris préférée, reléguée au rang des oubliettes de Batman Begins.






Malgré tous les reproches qu’on peut trouver à The Dark Knight, la vision de Christopher Nolan de Batman est incroyablement innovante. Une vision démentiellement noire qui vous déprime jusque plusieurs heures après visionnage mais qui ne permet pas suffisamment de faire oublier une réalisation bancale et des acteurs inégaux. Ce parti-pris d’ériger complètement le Joker en héros dément du film en déroutera plus d’un. Quelle interprétation ! Quelle folie, quelle démence ! Tout, dans ce personnage au look très sobre et au jeu flippant, est sidérant de malveillance et de réussite. A tel point que Batman / Bruce Wayne en ressort invisible et transparent, ne pouvant que subir sa propre impuissance. Malheureusement, de là à affirmer que Christian Bale ne parvient nullement à devenir Batman, il n’y a qu’un pas à franchir, ce qu’on fera aisément, même si ce dernier point doit être laissé à l’appréciation de chacun. Les thématiques dérivées du Bien et du Mal qui en découlent sont très bien exploitées dans le film, ce qui laisse un sentiment de désespoir glaçant et meurtrissant.

Mais ce sentiment mitigé ne s’arrête pas aux personnages principaux et au manque d’intérêt ressenti face au triangle amoureux Bruce/Harvey/Rachel, la réalisation elle-même peine à retranscrire le Gotham City fidèle au Comics malgré les couleurs sombres données à la ville. La composition musicale de Hans Zimmer et James Newton Howard se fait cruellement ressentir par son absence, pendant que la structure scénaristique laisse songeur quand à sa complexité ponctuelle. Un deuxième visionnage sera sans doute nécessaire.






The Dark Knight laisse un sentiment complètement mitigé et inhabituel, probablement à cause de son ton dépressif si prononcé. Ce film très particulier accorde finalement une part importante au ressenti de chacun pour une impression durable et authentique. Dans tout ce marasme, on retiendra tout de même une interprétation complètement hallucinée du Joker, qui laissera probablement à Heath Ledger une place parmi les plus Grands.

Verdict : 6,5/10

Un Batman très très sombre qui ne vaut que pour son incroyable Joker. Dommage que le reste ne soit pas toujours au niveau…
S
ite officiel : The Dark Knight