Palme d’Or à Cannes cette année, un étrange film sans star, sans histoire, à mi-chemin entre le cinéma et le documentaire, étude sociale plutôt qu’œuvre artistique. Le jury a-t-il fait le bon choix ?
Entre les mursFrance, 2008
Réalisateur : Laurent Cantet
Adapté du livre de François Bégaudeau
Durée : 2h10
L’histoireParis, dans un collège difficile. François, jeune professeur de français, tente tant bien que mal de faire cours, en faisant régner l’ordre dans sa classe, et en essayer de répondre aux attentes d’élèves bien dissipés.
La critiqueAprès l’accueil réservé à ce film à Cannes, et la Palme d’Or, on se demandait bien qu’attendre de ce film mi-documentaire mi-fiction (adaptation d’un livre autobiographique avec les vrais élèves et le vrai professeur qui « rejouent » les scènes du livre). Qu’a-t-il de plus que tous les films sur l’école, documentaires ou fictions, déjà sortis ? Et la réponse est : pas grand-chose. Peut-être une véracité plus forte, une authenticité plus forte, mais à vrai dire on peine à voir ce qui peut le différencier des autres films, à part une quasi-absence d’histoire générale et d’enjeux autres que le bulletin scolaire. Alors oui, on a aussi la pédagogie, le dur métier d’enseignant, des tonnes et des tonnes d’incommunicabilité, mais vraiment vous êtes prêts à passer 2h08 dans une salle de ciné pour voir tout ça ?
En lui-même, le film est réussi, dans la limite de l’exercice. La mise en scène est minimale mais proche des acteurs, lesquels sont tous très crédibles puisque jouant leur propre rôle avec à peu près tout le naturel espéré. Quelques passages sont amusants, mais on regrette un peu le manque d’émotion du film, qui ne se penche pas assez (car restant dans l’enceinte de l’école) sur la vie des élèves (notamment on ne saura pas le destin d’un des élèves risquant le retour au bled). Un exercice plus pédagogique et social que touchant. Alors bien sûr le film permet de faire un point sur l’école en quartier [assez] difficile, mais pourquoi ne pas préférer un film qui ajoute aussi un vrai scénario, comme
L’Esquive, aussi crédible mais tellement plus prenant ?
En l’état, le film peut servir de base très solide à un débat sur l’école, une étude sociologique et pédagogique, tout ce que vous voulez de citoyen. Mais en tant qu’objet cinématographique, ça reste un film extrêmement bavard, à la limite du soûlant (sans oublier de vriller les oreilles par moment quand tout le monde parle en même temps), et avec un potentiel de divertissement assez faible. Vous me direz qu’un film peut ne pas se limiter à un divertissement, mais le propos reste ici tellement rebattu qu’il n’apporte pas grand-chose au débat. Reste juste à savoir ce que vous allez voir, mais pour ma part, les débats de société, c’est plutôt à la télé que sur grand écran.
A voir : si vous voulez voir comment ça se passe en classe
Le score presque objectif : 6,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1, réussi mais sans surprise, vous êtes sûr que le thème vous intéresse assez ?
Sébastien Keromen