Les Noces rebelles
Revolutionary Road
Sortie:
21/01/2009
Pays:
USA
Genre:
Durée:
2h05 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Les Noces rebelles

par: Sebastien Keromen

Leonardo DiCaprio et Kate Winslet réunis à nouveau à l’écran, sous la direction du réalisateur de American Beauty. Voilà une affiche plus qu’excitante. Bien loin de la romance joyeuse de Titanic, les voici maintenant plongés dans les disputes d’époux qui n’ont pas fait de leur vie ce qu’ils avait prévu. Le registre dramatique leur réussit-il ?

Les Noces rebelles
Titre original : Revolutionary Road
USA, 2008
Réalisateur
 : Sam Mendes
Acteurs : Leonardo DiCaprio, Kate Winslet, Michael Shannon, Kathy Bates
Musique de : Thomas Newman
Adapté du roman de Richard Yates
Durée : 2h05

L’histoire
Dans les années 50, aux États-Unis, Frank et April Wheeler ont une vie parfaite : un bon boulot, une jolie maison, deux enfants. Mais n’avaient-ils pas d’autres rêves ? Est-il encore temps de les réaliser ?




La critique

Promis, à l’occasion de la réunion à l’écran de Leonardo DiCaprio et Kate Winslet, je ne mentionnerai même pas Titanic. Zut, raté.
Bon, ça c’est fait.
Dissection des relations au sein d’un couple, Les Noces rebelles (mais quelle traduction idiote, et en plus une affiche austère, le service publicitaire n’a rien fait pour l’aider) est un film assez particulier, par son ambiance, son thème, son traitement. S’il est clairement ancré dans les années 50 et leur optimisme, le discours qu’il tient est toujours d’actualité, et tourne autour de l’incommunicabilité, des aspirations de chacun, de la difficulté à vivre à deux, du droit de regard qu’a la société sur votre vie… Oui, c’est du lourd. C’est traité de belle façon, de façon élégante, de façon intelligente, mais ne vous attendez ni à de l’action ni à de l’humour (ou presque), ça reste un film sérieux et plus ou moins désespéré d’un bout à l’autre.




Bon, je sens que je vous ai déjà tout déprimé, mais tout n’est pas si noir. Si le film est plutôt grave, il ne s’agit pas non plus d’un mélo, et si on sourit peu, on n’a quasiment pas besoin non plus de mouchoir en papier. Au contraire, on reste accroché aux disputes et espoirs des deux protagonistes, certes pas parfaits mais ne faisant pas systématiquement les pires erreurs à chaque possibilité, c’est toujours ça de gagner pour ne pas nous agacer. Si chacun ne s’y prend en général pas de la meilleure manière, ou rate des trucs importants (lui, surtout, ne voit pas venir certaines choses pourtant évidentes ; bon d’accord, évidentes pour le spectateur), les deux essaient tout de même de faire marcher leur couple, et c’est bien ça qui est déchirant : ne pas réussir à progresser vers un but commun. Le film rend ça de façon exemplaire, suivant au plus près chaque acteur.




Distingués aux Golden Globes (un prix et une nomination) et incompréhensiblement oubliés aux Oscars, Leonardo DiCaprio et Kate Winslet sont parfaits. Leur couple est tout de suite crédible, chacun de leurs personnages également, et on a l’impression de les connaître personnellement avant la moitié du film. Ceci nous rendra d’autant attentif et impliqué dans leur histoire. Les seconds rôles sont également au diapason, pas de fausse note de ce côté-là. Mention spéciale à Michael Shannon (nominé aux Oscars mais oublié aux Golden Globes, vraiment ils veulent pas essayer de penser à tout le monde en une seule cérémonie ?) qui est épatant dans un rôle en plus assez jubilatoire. Dans le rôle du fou ou presque, sortant d’un hôpital psychiatrique, il va être celui qui énonce les vérités que personne ne veut affronter. Ces scènes, par leur culot, amusent et soufflent à la fois le spectateur. De plus, faire dire la vérité par un fou, j’ai pas eu le temps d’y réfléchir, mais ça me semble intelligemment plein de sens et de sous-entendus.




Du fait de son thème, le film se retrouve tout de même un peu enfermé dans son propos. Discussions, disputes, dialogues, et quelques plans fixes en silence. Même s’il s’agit bien de l’adaptation d’un roman, ça a un petit goût de théâtre filmé. Si les images sont superbes (excellent travail sur la lumière), et la musique de Thomas Newman agréable (comme dans American beauty : aérienne, lumineuse, pure… et un peu anémique), ça reste légèrement répétitif et limité dans le déroulement. C’est l’histoire qui veut ça, mais on regrette parfois de rester dans cette boucle dispute-réflexion-réconciliation. À part ça, un film assez triste et déprimant mais qui peut faire réfléchir chacun, après l’avoir ému.

A voir : pour l’histoire, les acteurs, l’émotion
Le score presque objectif : 8/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, ça vous remontera pas le moral, c’est un peu bavard, mais c’est un film beau et intelligent

Sébastien Keromen