Gran Torino
Gran Torino
Sortie:
25/02/2009
Pays:
USA
Genre:
Durée:
1h55 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Gran Torino

par: Sebastien Keromen

Un film de Clint Eastwood est toujours un événement. En plus, cette fois-ci on le retrouve des deux côtés de la caméra, ce qui se fait rare. Encensé par la critique et le public, sa Gran Torino est-elle une voiture de grande classe ou une guimbarde ?

Gran Torino
Titre original : Gran Torino
USA, 2009
Réalisateur
 : Clint Eastwood
Acteurs : Clint Eastwood
Durée : 1h55

L’histoire
Walt Kowalski vient de perdre sa femme. Ancien de la guerre de Corée, il vit seul dans une banlieue peuplée principalement d’immigrants asiatiques. La rencontre avec ses voisins va le transformer autant qu’il va leur changer la vie…




La critique

Monsieur Eastwood a de la gueule. Les films de monsieur Eastwood, même si je ne suis pas très client, ont de la gueule. Alors un film de monsieur Eastwood avec monsieur Eastwood, devinez ce que ça a. Oh oui, un paquet de gueule. Quand en plus le grand Clint s’est réservé un rôle un petits oignons, mi-inspecteur Harry mi-vieux ronchon, ça ne peut donner qu’un grand moment. Sauf que c’est justement ce moitié-moitié qui plombe un peu le film.




Côté pile, Eastwood en vieux ronchon. Même s’il n’a rien inventé, le film lui donne le beau rôle en vieux mutique qui veut juste qu’on lui foute la paix et qu’on ne marche pas sur sa pelouse, et qui va s’ouvrir aux autres et à la vie grâce à ses voisins asiatiques. La fraîcheur des petits jeunes qui désarme le vieux bougon, lui-même qui s’attendrit et voit une chance de redorer sa vie. Bien sûr, tout est un peu caricatural, lui trop grognon (et même grognant), les voisins trop traditionnels mais trop moderne, surtout la petite voisine dégourdie comme dans un film de Disney, ses enfants à lui trop pitoyables d’égoïsme, le prêtre trop compréhensif, tout est un peu exagéré pour être plus délectable. Mais que ne ferait-on pas pour avoir ce superbe numéro de Clint Eastwood en râleur raciste et rétrograde mais finalement attachant ?




Côté face, Eastwood noir. Mais on sait dès le début que le film n’est pas une comédie, et que ça va se gâter. Et ça va effectivement se gâter, de façon fort violente et soudaine, d’ailleurs, âmes sensibles s’abstenir. On bascule alors dans un plan de vengeance à la inspecteur Harry, à une petite finesse du scénario près. Mais il y a un mais. Cette réserve concerne justement le côté exagéré décrit précédemment. Du fait de la légère caricature, on a du mal à prendre au sérieux l’histoire quand elle devient tragique, on a du mal à être vraiment ému et à y croire. On est juste plutôt choqué du changement de ton, en attendant et en espérant que ça revienne à la blague.




Ne croyez pas que je refuse le mélange des genres. Laisser le spectateur s’attacher aux personnages pendant des scènes heureuses pour leur en foutre plein la gueule après reste un procédé tout à fait envisageable, même si parfois on maudit l’auteur d’avoir détruit tout ce qu’il avait construit. Mais ici, c’est un peu comme si les nazis débarquaient chez Blanche-Neige : un clash d’ambiance et de ton qui nous fait décrocher. La dernière partie est trop dure pour ne pas tâcher la partie comédie, et la partie comédie trop appuyée pour que le spectateur soit accroché par le tournant plus sombre. Ce qui nous donne donc deux bons morceaux de film, mais pas du même film. Alors reste tout de même un film de grande qualité technique et d’acteurs. Le film parle de l’intégration, sans idée nouvelle, mais rien que le fait de traiter ce sujet change un peu. C’est juste qu’on a deux films différents dans le même, alors pour quel spectateur, je vous le demande.

A voir : pour les parties drôles, pour les parties poignantes qui font mal. Faut juste changer d’état d’esprit au milieu
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1, la première partie est un peu gâchée par la deuxième, et la deuxième est trop sombre pour moi

Sébastien Keromen