Coraline
Coraline
Sortie:
10/06/2009
Pays:
USA
Genre:
Durée:
89 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Coraline

par: Emmanuel Galais



L’histoire d’une fillette qui pousse une porte secrète dans sa nouvelle maison et découvre alors une version alternative de sa propre vie. Au premier abord, cette vie similaire est étrangement identique à la sienne, en bien meilleure. Seulement tout ne semble pas être exactement comme il parait, et Coraline devra faire preuve de beaucoup de courage et d’intelligence pour s’en sortir.

Réalisé par Henry Sellick (L’étrange Noël de Mr Jack, James et la pêche géante) "Coraline" surprend d’abord par la qualité de son graphisme et par la beauté rassurante de ses couleurs. Mais ensuite par la qualité narrative de son scénario. Directement inspiré de l’œuvre de Neil Gaiman, « Coraline » a l’intelligence d’être un conte à deux lectures. Celle linéaire qui donne une leçon de chose aux enfants, parfois  indisciplinés, où en mal de compréhension des parents. La jeune fille se sent mal comprise de ses parents, doute constamment de l’amour qu’ils lui portent, et il lui faut alors découvrir par elle-même l’importance de ces derniers pour qu’elle puisse enfin accepter leurs interdits.  Ce qui en fait une fable particulièrement réjouissante, y compris pour les parents qui y verront une intéressante métaphore sur l’éternelle problématique unissant les parents (et leurs obligations) et les enfants (et leurs besoins d’attention).

Mais les qualités de Coraline, vont bien au-delà, de ces considérations pseudo-psychologiques, elles ressortent d’une volonté de faire un film d’animation radicalement éloigné des produits traditionnellement proposés par les grands studios : Une intelligence de scénario qui permet ainsi aux parents comme aux enfants de se plonger dans les véritables méandres d’une histoire beaucoup moins lisse qu’elle n’y parait, mais aussi et surtout un soin méticuleux apporté à l’animation notamment grâce à la fabuleuse technique du « Stop Motion ». Le réalisateur Henry Sellick donne l’énergie nécessaire à l’ensemble pour que la cohérence soit régnante, et que ce nouveau film d’animation finisse par approcher la perfection dans l’utilisation du « Stop Motion », dans sa fluidité comme dans son rythme.

Néanmoins, on regrettera tout de même une narration en deux temps qui peux vite surprendre et voir-même impressionner les plus petits. Car si la première partie est totalement à recommander aux plus jeunes, l’effet 3D a tendance à renforcer l’aspect terrifiant de certains personnages et a, ainsi, rendre vite mal-à l’aise les plus petits. Car si « L’étrange Noël de Mr Jack » annonçait d’ores et déjà la couleur, avec une affiche résolument sombre et une histoire ouvertement macabre, « Coraline » au contraire donne plutôt l’impression d’un film rassurant et d’un conte sympathique pour les plus petits. Mais voilà, le revers de la médaille donne une film en deux parties, dont l’une s’adresse à un public jeune et l’autre à un public plus vieux. De la même manière que la première partie dit en subliminal aux parents « ne laissez pas votre travail prendre le pas de votre famille ! », la deuxième partie parle aux enfants en disant « Attention derrière l’image de l’idéal, se trouve parfois le mal terrifiant ! », le film sombre alors dans un cauchemar éventuellement impressionnant pour les enfants.

En conclusion, « Coraline » est un magnifique film d’animation qui donne définitivement ses lettres de noblesse au « Stop Motion ». Porté par un scénario intelligent et un graphisme d’une beauté saisissante, le film se lisant en deux parties peut impressionner les plus jeunes lors d’une projection en 3D. Mélange de « Alice aux pays des merveilles » et « Monster House », "Coraline" peut surprendre, mais pour tout dire ce petit film d’animation est un véritable chef d’œuvre.

CRITIQUE  DE BRUNO ORRU :

Note : nous remercions chaleureusement l’équipe d’Allociné « Club 300 » qui nous a permis de découvrir ce film en avant-première, en compagnie du réalisateur Henry Selick?, du compositeur Bruno Coulais et de Neil Gaiman qui est l’auteur du conte Coraline (2003).

 

Coraline (et non pas Caroline comme se complaisent  certains personnages pour nommer notre petite héroïne) est un film étonnant de par son esthétique. C’est un conte… certes noir mais tout de même originellement destiné aux enfants. Mais le costume que revêt le conte dans la vision d'Henry Selick vise ici plutôt un public au minimum dans les 10 ans. Une restriction d’âge (totalement informelle de ma part) est à lier à l’univers décrit : un univers merveilleux et qui s’apparente au Paradis dans la première moitié du film mais qui va ensuite se transformer en prison inquiétante. Une prison sous le commandement d’une sorcière qui peut se paraître des apparences qu’elle souhaite, aidée par une collection d’animaux mutants.

 

Evidemment la 3D renforce notre perception de cet univers, souvent hypnotisant imaginé par l’équipe. Je vous conseille d’ailleurs si vous le pouvez de voir le film dans cette version 3D, tant on perçoit au fil des plans que le film a véritablement été réalisé avec ce point de vue en relief.

 

Mais revenons à Coraline. Petite fille curieuse, Coraline va découvrir une porte secrète dans sa nouvelle maison. Dès les premiers instants, le décor est posé – un tantinet déprimant – et l’on admire l’esthétique du film, les dialogues se faisant attendre, la musique étant alors le seul élément qui accompagne Coraline dans ses déambulations. Coraline est en effet seule, on comprend rapidement que ses parents peinent à être disponible pour elle, en pleine écriture d’un catalogue de jardinage. Est-ce du à la technologie STOP MOTION utilisée ? Les séquences s’étirent, ce qui restera une caractéristique du film tout au long. Remarquez, cela à l’avantage de mieux poser l’ambiance ; le  temps s’étire pour Coraline qui s’ennuie ferme et pense à des parents plus proches de ses préoccupations. Elle va en fait découvrir par le passage secret qui se cache derrière une porte faussement condamnée ses « autres parents ». C’est à ce moment là que la poésie du film démarre réellement avec la découverte successive (et en 3D rappelons le) de merveilleux environnement, même si ceux-ci sont un rien morbide dans  la population. En cela, on retrouve sans difficultés l’imaginaire précédemment déployé dans l’Etrange Noël de Monsieur Jack ou encore James et la pêche géante, tous deux également réalisés par Henry Selick.

 

Coraline peut évidemment se voir et se comprendre sur plusieurs niveaux de lecture. La morale est quant à elle plus évidente (je vous laisse toute de même la surprise de l’histoire) et c’est sur ce final que les plus jeunes pourront avoir une certaine appréhension. D’autres idées circulent puisque la réussite de Coraline (aidée par un chat noir parlant) ne sera due qu’à sa fermeté devant le danger, son entêtement à détruire la méchante sorcière, aidée par une certaine imagination pour se débrouiller.

 

Coraline s’inscrit véritablement dans les œuvres poétiques, d’ailleurs merveilleusement mise en musique par Bruno Coulais, mais qui demande à laisser vagabonder son imaginaire afin d’adhérer au parti pris de décors et de personnages loin du profil arrondi, sucré et jovial des derniers Disney, Pixar ou Dreamworks. C’est évidemment tant mieux pour la diversité. C’est évidemment plus difficile pour apprécier pleinement l’univers proposé.