Millénium, le film – Les hommes qui n’aimaient pas les femmes
Män som hatar kvinnor
Sortie:
13/05/2009
Pays:
Suède
Genre:
Durée:
2h30 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Millénium, le film – Les hommes qui n’aimaient pas les femmes

par: Sebastien Keromen

Une adaptation d’un best-seller, c’est souvent. Mais une adaptation suédoise en suédois d’un best-seller suédois, c’est sans doute une première, et qui sait si ça se reproduira. Alors si vous vouliez en voir un, c’est maintenant !

Millénium, le film – Les hommes qui n’aimaient pas les femmes
Titre original : Män som hatar kvinnor
Suède, 2009
Réalisateur
 : Niels Arden Oplev
Acteurs : des suédois de Suède qui parlent suédois
Adapté du roman de Stieg Larsson
Durée : 2h30

L’histoire
Journaliste économique sur la touche après un procès en diffamation, Mikael Blomkvist est engagé pour résoudre un meurtre datant de 40 ans. Une famille où tout le monde est louche, une associée géniale gothique, une enquête sombre et difficile…




La critique

Je suis sûr que je pourrais faire une critique-type pour les films adaptés de romans, mettant en exergue les différences entre les deux (quand il s’agit d’un roman que j’ai lu). Tiens, comme justement j’ai lu Millénium la semaine dernière, je pourrais m’y essayer ici, et réutiliser la structure pour Anges et démons. Allons-y.
(tout ce qui est entre [] a été adapté pour le film, tout le reste devrait pouvoir être réutilisé à chaque critique)




Après son succès en librairie, il est tout naturel de voir débarquer [Millénium] au cinéma. Cette fois-ci, c’est [une surprise mais Hollywood n’a pas piqué les droits, et c’est un suédois] qui s’y colle. Mais comment rendre la complexité et la richesse du livre à l’écran ? C’est bien sûr impossible, et on peut d’ores et déjà compter les victimes. Côté personnages, c’est [surtout Erika] dont le rôle a été réduit à [moins de 3 minutes d’écran, oups]. Quant aux héros, on retrouve bien leurs faits et gestes, mais leur psychologie a été grandement simplifiée, notamment pour [Lisbeth] qui [devient plus loquace, moins renfermée, moins haineuse, et on ne suit plus ses débats intérieurs], mais il est vrai que [rendre les pensées au cinéma c’était pas évident].




Pourtant le portage est convaincant, la mise en images correspondant à la vision qu’on avait du livre, et facilitant la compréhension de l’histoire. Au détriment de sa complexité, bien sûr, et si l’intrigue principale a été globalement respectée (à quelques simplifications et changements mineurs près), ce sont les histoires périphériques, qui participaient à l’ambiance, qui ont pâti de l’adaptation. Certains morceaux sont passés totalement à la trappe, comme [Millénium, si, le journal, dont toute la vie durant l’enquête a proprement et totalement disparu, on se demande bien pourquoi on a gardé le titre], d’autres sont réduits à un événement anecdotique, ici [le groupe Vanger et ses problèmes de gouvernance dont on ne parle quasiment pas], et, plus grave, certains détails prépondérants du livre, qui lui donnaient une bonne partie de sa personnalité et de sa qualité, ont été négligées ou prises à l’envers. Ici, notamment, on voit que [l’éclairage féministe que Lisbeth donnait à tous les tenants de l’histoire et qui accusait des (plusieurs, pas juste le tueur) « hommes qui n’aiment pas les femmes » (d’où le titre)] qui était un point fort du livre se retrouve [à peine cité et en tout cas pas assumé] dans le film. Par contre, on note avec satisfaction que [la plupart du côté sordide et glauque de l’histoire, qu’on aurait pu craindre édulcoré,] a bien été repris, alors que c’était loin d’être gagné. Toujours ça de pris.




Un livre c’est aussi des petits détails qui plaisent à la lecture, et certains s’en sont sortis, comme [le caractère très direct de Lisbeth], et d’autres sont absents, comme [le goût de Lisbeth pour le dernier PowerBook sorti (même si le product placement Apple est bien là, mais ils ont dû se dire que ça serait un peu trop appuyé)]. Comme toujours, le film s’est concentré sur l’histoire générale plutôt que sur les personnages, l’ambiance, et le résultat manque donc un peu de profondeur (mais pas de rythme, c’est qu’il faut enchaîner sans temps mort pour tout faire rentrer, malgré une durée plutôt généreuse). La réalisation, sans être remarquable, est d’un niveau correct, et les [vagues] scènes d’action sont plutôt réussies. Côté acteurs, c’est partagé, si [Noomi Rapace] incarne [Lisbeth] de façon plus que convaincante, on est plus circonspect concernant [Michael Nyqvist], qui joue [Blomkvist], à cause de [d’une gueule un peu trop burinée (comme tous les autres acteurs, à vrai dire, ça abime tant que ça, le froid ?) qui masque mal une inexpressivité générale].
Pour conclure, comme une fois de plus le film est plutôt réussi (quand on aime le livre) mais en a tout de même perdu pas mal en route, tout dépend de l’appréciation que vous avez du livre. Si vous n’avez pas aimé, pas trop la peine de tenter le film, qui reste tout de même fidèle. Si vous avez aimé, vous pouvez y aller, en connaissance des élagages de son contenu. Et si vous n’avez pas lu le livre, le film devrait vous contenter. Mais et si vous lisiez un peu, hein ?

A voir : pour un polar plutôt bien foutu, assez glauque, et fortement en suédois
Le score presque objectif : 7/10 si vous n’avez pas lu le livre, et aussi si vous l’avez lu mais vous auriez espéré plus
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +/-0, l’adaptation n’apporte rien, mais pourquoi pas

Sébastien Keromen