Looking for Eric
Looking for Eric
Sortie:
27/05/2009
Pays:
UK, France
Genre:
Durée:
2h00 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Looking for Eric

par: Sebastien Keromen

Encensé mais oublié à Cannes, le dernier Ken Loach est le film le plus improbable ce cinéaste habituellement social et déprimant. Cette fois on constate médusé l’apparition de rire dans son film, et d’Eric Cantona. Alors on profite !

Looking for Eric
Titre original : Looking for Eric
UK, France, 2009
Réalisateur
 : Ken Loach
Acteurs : Eric Cantona, et d’illustres inconnus
Durée : 2h00

L’histoire
Eric Bishop n’a pas la pèche. Pauvre postier, deux mariages ratés, deux beaux fils qui l’ignorent… Obligé de revoir sa première femme, il craque. Qui va pouvoir le sortir du trou ? Et si c’était Eric Cantona ?




La critique

Engagement. Ken Loach a fait une comédie. Euh, non, Ken Loach a pris un scénario social misérabiliste comme il en a plein ses poches, a rayé toutes les morts accidentelles ou naturelles, et a rajouté plein de blagues, et Cantona. Le film alterne ainsi de façon assez brusque entre grosse déconnade et scènes plus tragiques (et dont on n’aurait pas douté de l’issue si on nous avait pas dit que c’était une comédie).
Corner. Tout le cinéma de Ken Loach revient par le coin, sans qu’on se méfie, avec sa banlieue anglaise et l’accent cockney à couper au couteau des habitants, la pauvreté mais la dignité, la solidarité, tout ça. Heureusement, l’homme sait faire du bon cinéma (ce que peuvent déjà vérifier ceux qui peuvent aller voir ses films non comiques sans se défenestrer en rentrant chez eux), et tout ça se tient, et ajoute un côté poignant à l’histoire.




Mi-temps. Profitons de la pause pour parler de Cantona, je vois bien que vous ne tenez plus. Eh bien, que du bien. Déjà pour les amateurs de foot, puisqu’ils auront droit à un petit florilège de ses actions, et à des discussions techniques plutôt bien senties. Et aussi pour les amateurs de cinéma, car Cantona sait jouer. Et là, comme indique le générique, il joue « lui-même ». Cantona joue Cantona, mais un Cantona au-delà de l’homme, arrivant à la fois à se moquer de lui-même et de ses aphorismes alambiqués et à garder l’épaisseur du personnage. Ses apparitions (pas si nombreuses, tout de même) sont en général des pépites, même si finalement il ne s’agit pas des scènes les plus drôles du film (mais difficile de surclasser l’envahissement d’une maison de mafieux, je vous laisse découvrir). On peut très bien aller voir le film juste pour lui, on a déjà vu largement pire excuse.
Reprise. Arriver à insuffler de l’humour classique puis délirant dans le quotidien modeste de personnes pas très heureuses, sans abandonner le fond, c’était pas gagné d’avance mais c’est largement gagné dans ce film. Contrairement à Gran Torino où les deux ambiances s’affaiblissaient l’une l’autre, ici le tout semble parfaitement cohérent. Ajoutez une pincée de comédie romantique (mais sur fond dramatique initial, on ne refera pas Ken Loach), et le film est complet.
Touche. Parlons un peu des autres acteurs, qui ont tous l’air si naturel qu’on hésite entre des acteurs talentueux et des non-professionnels qui jouent leurs propres rôles. On croit instantanément à chaque personnage, et on les suit de près, comme la caméra qui colle aux visages et à l’action. Et aussi Cantona fait très bien Cantona. On dirait le vrai. Non, on dirait mieux que le vrai.




Penalties. Pas besoin de tirs au but pour départager le film : c’est un succès, la partie sociale (mais si très classique) apporte du corps à l’humour, et on rit de meilleur cœur après une scène qui vous l’a un peu serré (le cœur). Avec en bonus de luxe un Éric Cantona délectable de second degré et d’accent frenchy infernal (à voir en VO absolument). Des grands rires pour un très bon moment. Et un ! et deux ! et allez le voir !

A voir : pour bien rire, pour Canto, pour un bon film
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, allez +3 si vous êtes fan de ouh ! ah ! Cantona !

Sébastien Keromen