Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé
Harry Potter and the Half-Blood Prince
Sortie:
15/07/2009
Pays:
USA, UK
Genre:
Durée:
2h30 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé

par: Sebastien Keromen



Après avoir été repoussé de six mois, voici enfin le sixième opus des aventures de Harry Potter, avec l’adaptation d’un des livres les plus réussis de la série. Comment faire rentrer toute cette histoire dans les 2h30 d’un film ? En coupant un peu, un peu plus, encore un peu. Du très bon et du très dommage en un seul film.

Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé
Titre original : Harry Potter and the Half-Blood Prince
USA, UK, 2009
Réalisateur
 : Peter Yates
Acteurs : Daniel Radcliffe, Emma Watson, Rupert Grint, Michael Gambon, Robbie Coltrane, Maggie Smith, Alan Rickman, David Thewlis, Jim Broadbent, Warwick Davis, Helena Bonham Carter, Timothy Spall
Adapté du roman de J.K. Rowling
Durée : 2h30

L’histoire
Voldemort est de retour. En sécurité à Poudlard, Harry va devoir aider Dumbledore à chercher un moyen de le détruire, pendant que Malefoy est engagé dans un funeste plan…




La critique

Le sixième tome de Harry Potter est le meilleur. Plein de gens pensent ça, et même 100% de moi-même sont d’accord avec cette affirmation. Après le cinquième livre qui réservait des bons moments mais se traînait aussi pas mal, et donnait envie de mettre des claques à Harry trop souvent, le sixième repart du bon pied avec une histoire passionnante, à plusieurs niveaux, des passages géniaux, des passages qui font plaisir, un bonheur. Reste à voir ce qui reste de ce bonheur sur grand écran. Car, comme toujours, ce qui fait l’intérêt du livre n’est pas seulement la grande histoire, mais aussi les détails, qui sont souvent les premières victimes d’une adaptation.




Le film se donne le temps d’adapter un maximum de choses, et c’est déjà une bonne nouvelle. Même si bien sûr il manque des choses (voir plus bas), une bonne partie est là, et l’impression d’urgence qui baignait les deux films précédents a presque disparu. Pour une fois, on prend le temps de chaque scène. Les transitions, bien loin des saccades des précédents, sont presque harmonieuses et posées. Si on ajoute une mise en scène efficace et surtout un traitement des couleurs assez spécial et réussi qui donne une tonalité assez sombre à l’ensemble, on prend vraiment plaisir à suivre les aventures des héros, le tout se déroulant selon la plupart de nos souhaits. En résumé, ça commence bien.




La suite donne raison à la première impression. Même s’il manque quelques gros morceaux (notamment la plupart des souvenirs décrivant la vie des ascendants de Voldemort), on retrouve à peu près tout ce qu’on attendait. Les thèmes développés correspondent à peu près au bouquin : affaires de cœurs (très présentes dans le film, mais finalement aussi pas mal dans le livre), recherche du secret de Voldemort, danger au-dehors (même si c’était beaucoup plus développé dans le livre). On perd par contre toute la recherche de la psychologie de Voldemort, et même si le thème se limitait au monde de Harry Potter, c’est un peu dommage de l’avoir ôté. Autre différence : le mystère autour des activités de Malefoy est quasiment inexistant dans le film, alors que cela restait mystérieux dans le livre. On n’oubliera pas la vague recherche de l’identité du Prince de Sang Mêlé et sa résolution, très expédiée, mais finalement également secondaire dans le livre. Mais tout ça n’entrave pas le bon déroulement de l’histoire, et le plaisir de spectateur, même si différent du plaisir de lecteur, est bel et bien installé.




Mais il y a un bémol. Un immense bémol. La fin. Ce qui est quand même très dommage. Autant la caverne est bien traitée, autant il n’y a rien après. Ah oui, pour ceux qui connaissent le livre et attendaient la grande bataille, et même pour ceux qui n’ont pas lu le livre mais attendaient le climax final, il n’y a pas la moindre bataille entre Mangemorts et Ordre du Phénix à la fin. Et cela surprend d’autant plus qu’une scène d’action n’existant pas dans le livre a été ajoutée au milieu du film, vraiment on ne pouvait pas penser que l’adaptation supprimerait une scène d’action aussi énorme. On retrouve bien sûr les événements hors bataille, mais ils sont plutôt ratés, et ce qui représentait dans le livre un sommet émotionnel fait ici un peu pétard mouillé.




Au final, Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé est un excellent film sur quatre cinquièmes, avant de décevoir cruellement sur la fin, juste au moment où on s’y attendait plus vu la qualité de tout ce qu’il y avait avant. Alors bien sûr ça reste encore largement recommandable pour les fans des autres films, mais on ne peut s’empêcher de regretter le raté final. Bon, d’accord, des batailles on devrait en avoir dans les deux derniers films, mais en l’état celui-là reste un peu bancal. La magie opère toujours, la mise en images, la musique et les effets spéciaux étant irréprochables, de même que les acteurs, et pendant un long moment on croit avoir enfin l’adaptation quasiment parfaite. Et la déconvenue finale ne pourra pas gâcher tout ça.

A voir : bien sûr, si vous avez vu et aimé les autres films
Le score presque objectif : 8,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3 quand même, il y a tellement de réussite qu’on ne va pas la fin gâcher tout ça




Supplément gratuit à déconseiller aux moldus, et autres personnes n’ayant pas lu le livre : différences entre le film et le livre

Voici donc une description plus détaillée de ce qui a changé lors de l’adaptation, à ne lire sans doute qu’après avoir vu le film, à moins que vous vouliez avoir les mauvaises surprises avant.
Pour commencer, on n’a pas le commencement. Cette excellente scène où le premier ministre anglais reçoit la visite de Fudge qui lui présente Scrimeour a disparu. D’ailleurs, Scrimgeour n’apparaît pas dans ce film, encore un personnage qu’on va présenter au dernier moment dans le film suivant. On a quand même droit à quelques scènes montrant les méfaits des Mangemorts, méfaits évoqués dans cette scène supprimée.
On retrouve bien assez rapidement la scène où Rogue fait le Serment Inviolable, sans par contre l’impression qu’on a dans le livre qu’en fait Rogue pourrait bien finalement être un méchant. On sait comment les événements nous montreront la vérité, mais ici il n’a pas l’air très convaincu.
Le recrutement de Slughorn est à peu près inchangé, mais Dumbledore n’est pas venu chercher Harry à Privet Drive, ce qui nous prive de la scène où il discute avec sa famille. On ne parle donc pas non plus du sort qui y protège Harry, va falloir qu’ils trouvent une autre excuse pour l’en faire sortir au début du septième.
Chez les Wesley, on ne retrouve pas grand-chose, Fleur n’est pas là (son mariage au début du septième va être sacrément parachuté), pas de résultat des BUSE non plus (même si on évoque quelques notes plus tard dans l’école). Par contre, la boutique de Fred et George est bien là, et très réussie.
La séquence du train, à part l’absence d’invitation de Slughorn (mais on aura du Slug club plus tard), est respectée, sauf que c’est Luna qui trouve Harry, et non Tonks (qu’on doit voir maximum cinq minutes, et directement avec Lupin, en sous-entendant qu’ils habitent ensemble).




Côtés cours, comme d’habitude, aucun autre cours que ceux du nouveau professeur, et à vrai dire (et malheureusement, comme d’habitude), on n’a droit qu’à un seul cours, celui où il récupère le livre et obtient le felix felicis. On n’aura donc pas droit aux cours de défense contre les forces du Mal de Rogue.
Le quidditch fait (enfin !) un peu son retour. On a droit aux essais pour les gardiens, et au premier match où Ron croit avoir bu le felix felicis. Difficile de vraiment suivre le match, mais on a droit à quelques actions. Par contre on n’aura pas les autres matches, ce qui évitera la blessure de Harry, mais nous privera aussi de Luna en commentatrice.
Côté histoire de Voldemort, on a coupé dans le vif. Seuls deux souvenirs sont dévoilés : la rencontre avec Dumbledore et la discussion sur les horcruxes avec Slughorn. Et c’est tout. Rien sur son grand-père, sa mère, son goût pour les objets précieux des fondateurs. D’ailleurs Harry ne discutera pas avec Dumbledore des objets possibles pour les horcruxes. Déjà que dans le livre, avec quelques indices, ils galèrent pour les trouver, là ça va être mission impossible, j’espère que Dumbledore lui a laissé des instructions ! De même, on ne voit pas la scène où Voldemort revient à Poudlard demander un poste, et pourtant ça sert après…
Les ensorcellements divers (collier, bouteille d’alcool) sont bien là, et à vrai dire n’apportent pas beaucoup plus que dans le livre. Et comme la scène de cours où Harry lit dans le livre d’utiliser un bézoard comme antidote a disparu, on se demande un peu comment il pense à ça quand Ron est empoisonné. Mais bon.
Côte cœur, c’est pas mal respecté. L’histoire entre Harry et Ginny est tout de suite plus réciproque (de toute façon, comment rendre à l’écran juste les tourments de Harry pensant à Ginny ?), mais reste aussi attendrissante que dans le livre pour les midinettes comme moi. Le film reprend également assez exactement l’histoire de Lavande et Ron-Ron, avec Hermione pleurant dans le fond où lançant des oiseaux magiques attaquer Ron.
Si Noël se passe bien au Terrier (avec scène d’action inédite à la clé), on n’a pas la visite de Scrimgeour tentant de recruter Harry, ni toute la partie sur la façon dont le ministre de la Magie tente de gérer la situation en arrêtant un peu au hasard, ni les nouvelles récurrentes de morts ou blessés, ni le rapport de l’Ordre du Phénix sur les agents en place, les ministres sous l’emprise d’Imperium… Hors Poudlard, on ne voit pas grand-chose.
Autre gros manque : les leçons de transplanage. Comme dans le livre, Harry transplane avec Dumbledore pour se rendre chez Slughorn, mais c’est tout. Sans ces leçons, comment vont-ils pouvoir se déplacer dans les Reliques de la mort ? Mystère. Et pendant qu’on approche de la fin et qu’on coupe de plus en plus de choses, on ne revoit pas ici Kreattur à qui Harry ne demande donc pas de suivre Malefoy. Encore un qui va réapparaître comme par magie dans les deux derniers films.
Revenons à des choses mieux faites : toute la scène où Harry prend le felix felicis est fidèle, et à peu près aussi jubilatoire que dans le livre (même s’il manque à mon goût un petit artifice visuel pour indiquer la confiance de Harry, cette confiance se manifestant ici par une bonne humeur verbale par ailleurs plutôt réussie). Le duel entre Harry et Malefoy, se terminant par l’utilisation du sectusempra, est également là (mais pas de punition à sa suite, mince la discipline c’est plus ce que c’était).
Encore parti avec l’eau du bain, le fait que Harry apprenne que c’est Rogue qui avait répété la prophétie à Voldemort, entraînant la mort de ses parents, et accroissant sa haine contre Rogue. Ça augmente encore le manque de consistance de la colère de Harry contre Rogue à la fin du film.




Mais avant la fin, il y a la caverne et ses pièges. Si la scène est un peu trop longue dans le livre, elle est très réussie dans le film, et un peu plus courte. Par contre, vient l’énorme suppression de la grande bataille entre les Mangemorts, arrivés par l’armoire à disparition, et l’Ordre du Phénix (et l’Armée de Dumbledore) qui aurait dû être encore plus impressionnante que la fin du cinquième. La scène entre Dumbledore et Malefoy est à peu près respectée, avec l’arrivée de Rogue (mais le tout sans grande conviction, y compris la supplique de Dumbledore), mais après ça les Mangemorts repartent tranquillement par les bois, en ayant traversé que des couloirs vides, ça fait bizarre.
Pas de bataille donc pas de blessés, c’est pas que j’en voulais à Bill Wesley, mais la scène où Fleur affirme à Mrs Wesley qu’elle l’épousera malgré sa blessure par un loup-garou était le détail que je préférais dans le livre, vraiment dommage. Et pendant qu’on y est, parce que vraiment on ne doit plus avoir de temps, on zappe l’enterrement de Dumbledore, pour le remplacer par un rapide hommage de la foule devant son corps (mais bon, l’enterrement pourrait facilement être remis au début des derniers films).
Voilà pour les grandes lignes et les petits détails qui me plaisaient dans le livre. Dans l’ensemble, pas trop de perte, à part la scène d’introduction (mais pas de surprise puisqu’il n’y avait pas de Scrimgeour dans le film) et la scène entre Bill et Fleur à la fin (mais pas de surprise non plus puisque Fleur ne jouait pas dans le film). Seule perte inexplicable, mais je l’ai déjà dit et répété, la grande scène finale, quelle drôle d’idée.

Sébastien Keromen