Un nouveau Tarantino est toujours un événement. Auréolé d’un prix d’interprétation à Cannes, Inglourious basterds arrive sur nos écrans, pour une plongée historique hallucinante et hallucinée.
Inglourious basterds Titre original : Inglourious basterds
USA, Allemagne, 2009
Réalisateur : Quentin Tarantino
Acteurs : Brad Pitt, Mélanie Laurent, Christoph Walz, Eli Roth, Diane Kruger, Daniel Brühl
Durée : 2h35
L’histoireSale temps pour les nazis. D’un côté une jeune juive, seule survivante de sa famille, décide de se venger avec un projet d’attentat, de l’autre le lieutenant Aldo Raines et sa bande de scalpeurs de SS. Il va y avoir du sang…
La critiqueInglourious basterds est énorme. Quand Tarantino s’attaque à l’histoire, il n’y a que peu de survivants. Le film ne s’interdit rien, ni la reconstitution, ni le quinzième degré qui fait jouer les SS au jeu du portrait (avec le post-it sur le front), ni les passages plus contemporains, ni les scènes à la Sergio Leone avec musique assortie, ni même de réécrire assez radicalement l’histoire (si ça peut servir de catharsis pour certains, tant mieux pour eux). Un gros plaisir jubilatoire comme les films de Tarantino savent en apporter.
Inglourious basterds est sur son 31. Malgré le ton résolument moderne (quand il n’est pas western), l’univers reconstitué par Tarantino reste totalement crédible, et on s’y croirait presque. Hitler ressemble à Hitler, et on a vraiment l’impression de se retrouver plongé au cœur de l’état major nazi. En précisant que le film n’oublie pas que tous ces gens parlaient des langues différentes, et on a donc droit à presque un tiers de français, un tiers d’allemand et un tiers d’anglais, ça fait toujours plaisir et ça fait beaucoup plus vrai. Les acteurs sont tous très bien, mention spéciale à Christoph Walz qui joue un colonel nazi tout en profondeur et personnalité, à la fois raffiné et cruel, ironique et idéaliste, bien loin des clichés. Tous les personnages ont d’ailleurs une part de positif et une part d’ombre, jusqu’au spectateur qu’on prendra sans doute à applaudir (c’était le cas dans ma salle) à une scène de massacre collectif, vous êtes sûr de ne pas vous être laissé emporter ?
Inglourious basterds est une grosse lavette. Malheureusement le film n’est pas aussi réussi que toutes les parties dont je viens de parler. Parce qu’il y a d’autres scènes. Ne vous attendez pas à beaucoup d’action, je pense que ça doit représenter maximum 20 minutes de film. Ne vous attendez pas à beaucoup de tueries de nazis, là c’est même pas 10 minutes. Et alors, qu’est-ce qui reste ? Des tunnels et des tunnels de dialogues, des dizaines de minutes de discussions d’une platitude exacerbée, de poncifs sans relief, de bla bla assommants. Autant on retrouve quelques pointes de dialogues abscons et décalés chers à Tarantino, autant la plus grande partie est juste longue, à l’image du premier chapitre, qui permet de faire un peu connaissance avec le colonel, mais est surtout très longue et très plate, et aurait pu (ou aurait dû) être fortement écourtée. Tout le reste est aussi verbeux, expliquant à tout le monde, spectateur y compris (alors qu’il avait déjà compris) ce qui s’est passé ou ce qui va se passer. L’histoire avance ainsi plus que laborieusement, nous endormant d’ennui, avant qu’une scène énorme ne nous réveille. Au chapitre des regrets, j’ajoute aussi qui si Tarantino a toujours aussi bon goût pour les musiques, on aurait apprécié qu’il ne recycle pas déjà celles qu’il avait choisi pour
Kill Bill.
Inglorious basterds est mi-figue mi-raisin. Quel dommage. S’il vaut le coup pour ses scènes énormes (heureusement plus nombreuses sur la fin), on ne peut que regretter les énormes longueurs molles qui parsèment le film, surtout au début. Sans rire, d’habitude on veut des director’s cut avec des scènes en plus, là il faudrait une director’s cut avec 3/4h en moins (oui, tout ça à enlever), et peut-être le film peut-il prétendre à être mémorable. Ou alors faut le voir à la télé avec avance rapide. En l’état, vous serez content de l’avoir vu, mais moins content du temps qu’il vous aura aussi fait perdre. À vous de voir.
A voir : pour des scènes énormes, si vous arrivez à faire abstraction des longueurs qui sont également énormes
Le score presque objectif : 7,5/10, mais c’est vraiment parce qu’on reste sur une fin énorme
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2 quand même, la fin est mieux que le début et c’est ce dont on se souvient quand on sort
Sébastien Keromen