Après avoir été punie pour avoir défié « Le parti », il y a trente ans, le grand chef d’orchestre du Bolchoï, Andreï Filipov, se retrouve à faire le ménage dans les couloirs du prestigieux opéra de Moscou. Jusqu’au jour où un fax venu de Paris, vient lui donner la possibilité de prendre sa revanche.
Il y a quelque chose de « La grande séduction » de Jean-François Pouliot, dans « Le concert » du réalisateur d'origine Roumaine Radu Mihaïleanu. Une fraicheur tout d’abord dans ces personnages qui tentent maladroitement de prendre une revanche sur un passé, qui les a laissé sur le bord de la route. Un passé lié à un pays dont le parti avait oublié, qu’il n’y a pas de grandeur dans l’oppression. Un passé qui les brisa en plein vol, uniquement pour avoir tenté d’aboutir à l’ultime harmonie de leur passion. Tous les personnages sont blessés au plus profond de leur honneur, et tente par un ultime espoir de retrouver la grandeur de leur prestige brisé. Ici point d’ile abandonné au milieu de nulle part, mais un chef d’orchestre et ses musiciens juifs forcés au silence pour avoir joué un compositeur interdit par la parti : Stravinsky. Les personnages évoluent dans un grand n’importe quoi, qui déstabilise le spectateur dans un premier temps, mais le fait, finalement, pénétrer une logique imparable, où chacun trouve sa place.
La mise en scène, d’ailleurs, de Radu Mihaïleanu, est à l’image de son histoire : décousue au départ, pour finalement rentrer dans une logique qui entraine le spectateur suffisamment loin pour ne pas imaginer le dénouement. Le réalisateur aime ses acteurs et aime surtout ses personnages, il nous entraine dans une comédie aussi drôle qu’émouvante, aussi légère que satyrique d’une époque, dont la nostalgie n’est plus de mise. En s’inspirant de ses racines, il nous donne une vision de ce que sont pour lui : la solidarité, l’amitié, le courage et forcément l’amour. Amoureux de ces histoires où des êtres se dépassent pour retrouver un idéal perdu, Radu Mihaileanu touche le public au cœur, et achève son film comme un concerto pour violon de Stravinsky.
La distribution, y est pour beaucoup dans ce succès, que ce soit les acteurs russes : Alexeï Guskov, Dimitri Nazarov et Valeri Barinov, ou encore la distribution française Mélanie Laurent (Inglorious Bastard) et François Berléand (les Choristes) en tête. Les acteurs s’amusent, allant même jusqu’à pousser le vice à utiliser les travers de certains des acteurs, tel François Berléand face aux acteurs russes, lors de leur première rencontre. Les acteurs s’amusent, cabotinent, et trouvent le ton juste pour toucher le spectateur à l’âme autant qu’au cœur.
En conclusion, "le concert" est une véritable bouffée d’air frais dans ces temps ou le gris aurait tendance à prendre le pas sur la couleur. Une lueur d’espoir, une leçon de vie en toute simplicité, à qui l’on souhaite évidemment une grande carrière.