Micmacs à tire-larigot
Sortie:
28/10/2009
Pays:
France
Genre:
Durée:
1h45 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Micmacs à tire-larigot

par: Sebastien Keromen

Déjà 5 ans depuis le dernier film de Jean-Pierre Jeunet, déjà 8 ans depuis Amélie Poulain, il était temps que Micmacs à tire-larigot sorte sur nos écrans. Un film débordant de tout et n’importe quoi. Un film barré et déglingué. Un film à voir ?

Micmacs à tire-larigot
France, 2009
Réalisateur
 : Jean-Pierre Jeunet
Acteurs : Dany Boon, André Dussollier, Jean-Pierre Marielle, Julie Ferrier, Omar Sy, Dominique Pinon, Yolande Moreau
Durée : 1h45

L’histoire
Le père de Bazil a sauté sur une mine. Bazil a lui-même une balle dans la tête. Recueilli par un groupe de marginaux, il décide de se venger des fabricants d’armes.




La critique

On ressort toujours l’estomac bien rempli d’un film de Jean-Pierre Jeunet. Pas de film désertique avec des dialogues spartiates, une histoire transparente et des personnages fades. Chez Jeunet, on apprécie ou on n’apprécie pas le plat, mais il est toujours copieux. Et c’est bien le cas ici, car si Micmacs à tire-larigot pêche par quelque chose, c’est par excès. Le film est rempli jusqu’à la gueule d’action, de dialogues, de personnages, d’idées, de délires, de surprises, de gags… L’indigestion guette. Mais avant ce péril pour ceux qui ont l’estomac cinématographique un peu trop délicat, le problème est aussi le ton du film. Si, après la séance, on comprend l’intention de Jeunet, vers le début on se demande un peu où on va. Mort du père sur une mine filmée comme un film de guerre, balle dans la tête du héros filmée comme un polar, errance du héros filmée comme un film social, marchands d’armes filmés comme un film d’espionnage, et par-dessus des personnages frappadingues, on se demande vraiment à quoi ça va ressembler au final.




Et au final, ça ressemble bien finalement à quelque chose, mais il aura fallu plus d’un tiers du film pour savoir comment prendre les scènes, comment prendre l’humour, comment prendre les méchants. Un peu, pour reprendre l’incroyable métaphore culinaire du premier paragraphe, comme s’il fallait manger la moitié du plat avant de décider si on vous a servi une entrée ou un dessert : ça n’enlève rien à sa qualité, mais on l’apprécie mieux quand on sait enfin ce qu’on mange.




Dans ce magma virevoltant, qui aurait plutôt mérité de s’appeler Bric-à-brac à tire-larigot, on trouve du bon et du un peu moins bon, mais aussi des grosses scènes bien jubilatoires, des surprises, des personnages qui finissent par être presque touchants (mais seulement « presque »), et des formules vieillottes de français déclamées sans fatigue par un Omar Sy irrésistible. Vous aurez aussi votre quota de Jean-Pierre Marielle qui fait du Jean-Pierre Marielle, Julie Ferrier que tout le monde sauf moi semble adorer, et un Dany Boon à vrai dire un peu perdu là-dedans, ne parvenant pas vraiment à rendre son personnage intéressant.




Dans tous les cas, impossible de résumer tout ça, car le résumé durerait aussi longtemps que le film. Il vous faudra vous rendre compte par vous-même. L’histoire n’est pas toujours convaincante (notamment la balle dans la tête du héros n’apporte pas grand-chose), et manque pas mal de profondeur. Mais quels que soient vos goûts, vous devriez trouver matière à ne pas regretter votre séance, et plus si affinités. La réalisation de Jeunet est comme toujours somptueuse et onctueuse, couleurs retouchées, plans vertigineux, et aussi une musique étonnamment déglinguée qui va bien avec le tout. Si comme moi vous trouvez son titre un peu exagérément alambiqué, laissez-vous tout de même tenter. Bien sûr, on est loin d’Amélie Poulain, mais le film vous accueillera à bras ouverts pour vous emmener dans un tourbillon de n’importe quoi.

A voir : pour l’invention, l’imagination, et réciproquement
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, obligé, y a des trucs qui vous plairont. Obligé.

Sébastien Keromen