La princesse et la grenouille
The princess and the frog
Sortie:
17/01/2010
Pays:
USA
Genre:
Durée:
97 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

La princesse et la grenouille

par: Emmanuel Galais



Critique d'Emmanuel Galais :

Tiana habite en Louisiane, où elle a des rêves plein la tête. Lorsqu’un jour, une grenouille parlante lui explique qu’elle est un prince victime d’une malédiction, et qu’il a besoin d’un baiser pour mettre fin à son calvaire, Tiana ne sait pas encore que sa vie va prendre un autre sens.

Lorsqu’il y a un peu plus de 5 ans Disney avait annoncé l’abandon de l’animation traditionnelle au profit des imageries 3D, la déception se lisait autant que la compréhension, suites aux échecs artistiques et publiques de films tels que « La ferme se rebelle » ou encore « Lilo et Stitch », qui malgré une qualité scénaristique évidente, ne parvient pourtant pas à séduire totalement le grand public. La grande réussite de Pixar, donna donc des idées à la firme pour abandonner son métier historique et se lancer avec plus ou moins de bonheur dans les nouvelles technologies. La raison de son nouveau patron (John Lasseter) et certainement les résultats médiocres, aux vues de leur potentiels, des derniers Disney (Chicken Run et Volt), fit donc faire à l'entreprise Disney, un volte-face saisissant. Annonçant son retour à la 2D avec "La princesse et la grenouille". 

Seulement voilà ce retour ressemble plus à un pétard mouillé qu'à un véritable retour en fanfare et notamment par un manque évident de prise de risque. Car il faut bien le dire « La princesse et la grenouille », ne vient pas renouveler le genre, mais lui donne plutôt une continuité que l’on aurait préféré éviter. Ainsi, il y a des chansons, une princesse, de la magie, mais malheureusement pas de nouveauté. Ce dessin animé est une succession de clins d’œils au grandes heures du studio, mais jamais un renouveau. On était pourtant en droit d’espérer un véritable choc, tant l’esprit de John Lassetter (Nouveau directeur de l’animation du studio) semblait présent. Et à notre grand désespoir, alors que Pixar nous régale systématiquement d’une histoire originale, avec une prise de risque constante et une intelligence scénaristique évidente. Ron Clements et John  Musker (La petite sirène, Aladdin) semblent avoir au contraire joué la carte de la prudence.

Pourtant le film en lui-même ne manque pas d’intérêt, et l’on prend toujours autant de plaisir à regarder ce dessin animé en famille,  Les studios savent créer du rêve et cela se voit encore une fois. Outre la (très !) bonne surprise de voir enfin une princesse noire entrer dans la grand cour des studios Disney, les ingrédients habituels font toujours autant « mouche », la jeune fille qui rêve d’un quotidien meilleur, le prince qui passe par là, les animaux qui sont les meilleurs amis de l’héroïne, (on notera d’ailleurs une certaine ressemblance entre Baloo du livre de la jungle) et Louis l’alligator. Les enfants y trouveront, à coup sûr, leur compte, surtout grâce à la musique d’Alan Menken (La petite sirène) et de Randy Newman (Toy Story), qui se sont librement inspiré du Jazz Cajun.

En conclusion, si les enfants découvriront avec beaucoup de plaisir et toujours autant d’enthousiasme : « La princesse et la grenouille », les parents regretteront à coup sur, le manque d’originalité de l’histoire et son absence de prise de risque dans son traitement. Espérons seulement que cette renaissance des studios Disney dans l’animation 2D ne soit qu’un avant-goût et que le prochain long métrage traditionnel du studio sera réellement à la hauteur de nos attentes.

Critique de Bruno Orru :



Il est des décisions étonnantes dans la vie d’un studio de cinéma.  L’abandon il y a maintenant 5 ans de l’animation traditionnelle 2D au profit de l’unique animation 3D résultait d’un constat d’échec commercial. Il semble qu’aux yeux des dirigeants Disney, l’échec était plus lié à la notion 2D qu’à l’échec imaginatif des créateurs maisons et, plus certainement, aux discutables décisions dirigistes d’équipes marketing qui, comme un peu chez tous les grands studios, pensent à la place du public de ce qui doit lui plaire.

 

L’élément salvateur s’appelle John Lasseter.  Oui, c’est bien l’un des créateur de la société Pixar, rachetée par Disney, là aussi devant le même constat d’échec commercial. Seulement voilà, Lasseter, dieu de la 3D rappela aux équipes Disney que la souche créatrice de l’animation était belle et bien du coté de l’animation 2D traditionnelle. On en vient donc à cet argument marketing incroyable de la  part des studios de vanter l’arrivée avec La princesse et la grenouille du premier film 2D depuis 5 ans.

 

De fait, La princesse et la grenouille associe tout le savoir faire d’animation et d’imagination Disney, avec on le sent bien la patte Lasseter. En disant cela on approuve le cachet Disney pour une recette connue par cœur. Et c’est bien là le problème. Disons le clairement, La princesse et la grenouille est un film plaisant Mais du dessin au scénario en passant par les personnages, on nage en terrain connu, plus que connu même. Les nostalgiques du dessin Disney seront donc aux anges, avec cette modernité nécessaire dans les dialogues et la gestuelle des personnages. Ceux qui attendaient un renouveau, en partie de par la bénédiction Lasseter, en seront pour leurs frais. Cette impression est peut être bien liée au fait d’avoir retenu un conte traditionnel. Il aurait certainement été plus judicieux de sélectionner un thème plus moderne pour asseoir la ressuscitation de la cellule animation. 

La princesse et la grenouille reprend donc sous la direction de Ron Clements et John Musker les bonnes recettes Disney et celle qui fonctionne le plus est de proposer de nombreux numéros musicaux. Encore une fois, si l’animation qui entoure ces numéros n’est pas follement novatrice, le rythme Jazzy proposé nous emporte facilement dans la bonne humeur. Difficile par contre de ne pas lier le personnage de l’alligator Reggie avec celui de l’ours Balou du Livre de la jungle. On en retient par pour autant de « tube » dans les nombreuses compositions proposées et je dois avouer que personnellement le choix répété de Randy Newman pour l’illustration sonore appuis ce sentiment de déjà vu… enfin déjà entendu.

On peut à l’opposé s’étonner du pari audacieux du coté sombre qui parcourent quelques séquences. Les éléments vaudou d’outre-tombe sous l’autorité du Villain Dr Facilier ne pourront qu’inquiéter le plus jeune public, dessin et musique étant plutôt inquiétants dans ces moments.

Notre princesse Tiana, co-vedette du prince Naveen est certes noire, un point objet de nombreux étonnements et discussions, les deux personnages sont surtout vert grenouille la plus grande partie du film. L’animation qui les entoure est superbe et on se surprend à adhérer facilement aux moments d’émotions, heureux ou plus tragiques. C’est certainement l’un des points fort du film.

Les personnages secondaires sont nombreux (un bon point pour Mama Odie) et plutôt réussis, même si une nouvelle fois, ils manquent cruellement de surprise. On a parfois l’impression qu’ils sont issus des autres longs métrages Disney tout en étant costumés différemment.

Notre avant première étant en VOST, je ne vous parlerais que des voix originales, parfaitement bien sélectionnées mais la garantie Disney sur ce point n’a (pratiquement) jamais eu de faille. Je serais plus réservée sur les voix françaises (entendues lors de la bande annonce) qui, là aussi, m’ont trop rappelé d’autres long métrages.

En conclusion

La princesse et la grenouille est une belle fable, avec suffisamment de blagues décalées pour que l’animation Disney 2D rentre de plein pied dans le 21ème siècle, avec toutefois quelques réserves narratives et de conception comme je vous l’ai précisé. A voir en famille bien évidemment pour passer assurément un bon moment, dans un cocon Disney sans surprise mais efficace.