Sherlock Holmes
Sherlock Holmes
Sortie:
03/02/2010
Pays:
USA
Genre:
Durée:
2h10 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Sherlock Holmes

par: Sebastien Keromen

Blockbuster surprise aux Etats-Unis, Sherlock Holmes arrive enfin chez nous, pour que nous puissions voir si Robert Downey Jr. est crédible dans la peau du plus génial des détectives, et Jude Law dans la peau d’un vétéran d’Afghanistan. Et si c’était juste un très bon divertissement ?

Sherlock Holmes
Titre original : Sherlock Holmes
USA, 2009
Réalisateur
 : Guy Ritchie
Acteurs : Robert Downey Jr., Jude Law, Rachel McAdams, Mark Strong, Kelly Reilly, James Fox
Musique de : Hans Zimmer
Adapté des personnages créés par sir Arthur Conan Doyle
Durée : 2h10

L’histoire
Sherlock Holmes vient de faire arrêter Lord Blackwood, qui pratiquait des messes noires. Ce dernier, condamné et pendu, vient de réapparaître. Comment, dans quel dessein, que faire ? Tant de réponses à donner pour Holmes et son fidèle Watson




La critique

Faut faire attention quand on touche à Sherlock Holmes. Parce qu’il a de nombreux inconditionnels assez intransigeants, moi le premier. Mais bizarrement, celui-ci s’annonçait bien, malgré le fait qu’il avait l’air de changer pas mal de choses. Et en fait, c’est un changement dans la continuité car s’il est assez loin des Sherlock Holmes poussiéreux déjà faits, il reste dans l’esprit des personnages de Conan Doyle. Holmes se bat contre des brutes ? Le livre précise à plusieurs reprises qu’il aurait pu être boxeur professionnel, et il dessoude plus d’une fois, sans mal, des musclés mal intentionnés. Le film offre d’ailleurs une proposition d’explication à ses talents de boxeur via son don d’observation, bien vu et bien intéressant. Holmes fait preuve d’humour ? Peut-être pas aussi souvent dans le livre, mais il lui arrive de faire des blagues de potache, comme de mettre la pierre précieuse retrouvée en cachette dans la poche de celui qui l’avait perdue (dans La Pierre de Mazarin), ou de cacher un rubis dans un verre de porto pour la faire découvrir par son propriétaire (dans l’Aventure du rubis d’Abbas, même s’il est vrai que celle-ci a été écrite par les héritiers de Conan Doyle). Holmes court après Irene Adler ? Bien sûr, il reste désespérément célibataire dans le livre, mais Irene Adler est la seule femme qui l’ait marqué, et dans le film il semble bien être aussi sensible à ses charmes qu’à son intellect. Mais à part ça il fume la pipe, est toujours une loque humaine en l’absence d’affaire à élucider, triture son violon quand il réfléchit, joint les extrémités de ses cinq doigts pour se concentrer, a toujours des idées brillantes et des expériences étranges pour les vérifier.




Malgré les apparences, le film n’est donc aucunement un détournement de Sherlock Holmes, mais plutôt une actualisation de son personnage et de ses aventures, sans renier le fond. Plutôt que d’adapter une des aventures existantes (qui en général sont assez plates sur grand écran, l’énigme ne suffisant pas à occuper tout le film), le scénariste a choisi de créer une nouvelle histoire plus moderne. Un peu trop moderne, même, puisqu’on en arrivera à des engins destructeurs télécommandés, c’est un peu bizarre pour l’Angleterre Victorienne. Laquelle Angleterre est parfaitement reconstituée, notamment un Tower Bridge en pleine construction, mais aviez-vous vraiment des craintes de ce côté-là ? Non, alors venons-en enfin au cœur du film : son intérêt. Franchement, on prend beaucoup de plaisir à suivre Holmes et Watson, interprétés avec beaucoup d’entrain par Robert Downey Jr. et Jude Law, tout à fait crédibles dans ces rôles, et parfaitement complémentaires et complices. Les scènes d’action sont réussies sans être mémorables, les dialogues vont de l’amusant à l’irrésistible, on prend du bon temps avec le détective et le docteur. La musique est assez atypique et pas obligatoirement d’époque, mais ajoute tout de même une impression historique à l’ensemble, une belle réussite.




Et puis ça continue, et encore. Le scénario rebondit, Holmes fait quelques autres petites déductions, on se demande si le scénario n’est pas en train d’inclure la vraie magie dans son univers, et surtout on regrette un peu que tout le suspense soit d’empêcher des meurtres, et non de trouver le coupable, qu’on connaît ici depuis le début. On nous parachute bien un peu de Moriarty (alors que dans les livres, même si c’est un des meilleurs adversaires de Holmes, on ne parle de lui que dans trois aventures !), mais pour cette histoire ça n’apporte quasiment rien. Alors il n’y a pas de temps mort, mais tout s’enchaîne sans une grande logique, plutôt comme une succession d’indices à suivre, même si Holmes ne manquera pas, dans la grande tradition des bouquins, d’expliquer tout et toutes ses déductions à la fin. On regrette un peu aussi l’absence totale de clins d’œil aux incollables des aventures littéraires du détective, pas une seule allusion ou détail touchant à ses autres aventures. Au final, le film est très plaisant, on est impatient d’en avoir un autre, mais il n’a pas la « replay value » qu’on aurait pu en attendre après la bande-annonce, c’est-à-dire pas assez de jubilation de spectateur pour que ce soit un film qu’on prenne plaisir à revoir sans arrêt. Peut-être le deuxième…

A voir : pour se faire plaisir, mais pas autant qu’on aurait espéré
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, un bon Sherlock Holmes moderne, mais avec encore beaucoup de possibilités inexplorées

Sébastien Keromen