Alice au pays des Merveilles
Alice in Wonderland
Sortie:
24/03/2010
Pays:
USA
Genre:
Durée:
109 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Alice au pays des Merveilles

par: Emmanuel Galais

Ce film a été vu en avant-première grâce au club 300 Allociné.

Voir la bande annonce VO :
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18942606&cfilm=132663.html

Voir la bande annece VF :
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18940545&cfilm=132663.html


Critique de Emmanuel Galais
:

Alice, désormais âgée de 19 ans, retourne dans le monde fantastique qu’elle a découvert quand elle était enfant. Elle y retrouve ses amis le lapin blanc, Bonnet blanc et blanc bonnet, le Loir, La chenille, le chat du Cheshire et, bien entendu, le Chapelier Fou. Alice s’embarque alors dans une aventure extraordinaire où elle accomplira son destin : mettre fin au règne de terreur de la Reine rouge.

« Alice aux pays des merveilles » et l’univers joyeusement sombre de Tim Burton : voilà qui sonnerait presque comme une évidence. Le réalisateur confesse aisément, à qui veut l’entendre, que le dessin animé l’ennuyait profondément. Pourtant c’est dans cette histoire qu’il va trouver un nouveau moyen d’assouvir sa créativité débordante, sa finesse visuelle et sa folie narrative contagieuse. Car, il faut bien le dire, « Alice aux pays des merveilles », s’inscrit une fois de plus dans les réussites du réalisateur de « Charlie et la chocolaterie ». La mise en scène toujours aussi minutieuse ne se censure de rien, les personnages doivent aller au bout de leur folie, les plans se succèdent avec toujours autant de maestria, utilisant chaque fois les profondeurs de champs, les perspectives comme autant de supports à la qualité de sa création. A l’image du « Chapeauté toqué » dont il semble que Tim Burton ait une affection particulière, au point d’en faire son personnage central, l’ensemble de cette folle farandole concourt à faire de ce film une réussite autant visuelle qu’artistique.

Respectant une esthétique devenue, au fil des années, sa marque de fabrique, Tim Burton, fait encore une fois se côtoyer le clair et l’obscur, les couleurs sont aussi éclatantes et vives qu’elles peuvent être mâtes et sombres, ainsi le pays merveilleux n’est pas forcément ce monde où les animaux parlent et où une reine de cesse de hurler « Qu’on leur coupe la tête ! », non c’est un monde où la folie règne autant que la tendresse et où les nuances sont aussi présentes que dans notre monde actuel. Dans son scénario, d’ailleurs, Linda Woolverton (La belle et la bête) s’évertue à ne pas mettre trop en avant la naïveté psychédélique de l’œuvre de Lewis Carroll, mais au contraire d’en faire naitre les nuances, pour mieux plonger le spectateur dans un pays qui souffre aussi de ses contradictions. Tim Burton, comme à son habitude, s’en approprie d’ailleurs l’univers et lui redonne une nouvelle couleur, une nouvelle dynamique, toujours plus en phase avec les sujets qui ont jalonné sa carrière. Tout au plus pourra-t-on lui reprocher une prise de risque moins évidente qu’avec le très bon « Big fish », au mieux on reconnait une fois encore son incroyable facilité à adapter les œuvres à son univers baroque.

Pour cela le réalisateur peut toujours compter sur une équipe fidèle et dévouée, comme ses deux acteurs principaux : Johnny Depp (Charlie et la chocolaterie) et Héléna Bonham Carter (Swenney Todd), qui, encore une fois, plonge littéralement et partage une véritable complicité qui confine à l’osmose avec le réalisateur. Johnny Depp, fidèle à lui-même, rayonne à l’écran compose un personnage de Chapeauté Toqué aussi fou que plein de tendresse et prouve une fois de plus la grandeur de son talent à créer  un personnage complexe qui ne ressemble à aucun autre. Héléna Bonham-Carter, démontre quand à elle, et si besoin en était, sa grande capacité à absorber la folie de son réalisateur de mari pour en offrir le meilleur. La comédienne impressionne dans son personnage de reine sanguinaire et frustrée. Quand à la jeune Mia Wasikowska (Les insurgés), si sa composition est impeccable (elle rappelle d’ailleurs Claire Danes dans Stardust), elle n’en demeure pas moins en partie effacée par la qualité de jeu des acteurs principaux.

En conclusion, « Alice aux pays merveilles » est une nouvelle folie visuelle de Tim Burton, dont la surprise est totale et dont la qualité de la distribution montre à quel point le réalisateur sait s’entourer. En se basant sur un scénario, qui a su tirer le meilleur de l’œuvre de Lewis Caroll, Tim Burton nous livre un film merveilleusement sombre et coloré, comme lui seul en a le secret.




 Critiques de Bruno Orru :





Comme l’indique le synopsis, Tim Burton ne rejoue pas l’histoire que l’on connait mais en invente une suite, profondément en lien avec l’original toutefois, et en reprenant l’esprit dérangé de l’opus Disney original mais en y ajoutant sa dimension. De fait, ce film n’est absolument pas une reprise des deux ouvrages de Lewis Carroll mais une très libre adaptation.

Cet Alice au pays des merveilles cumule un scénario simple mais efficace et un casting (acteurs et doubleurs) parfait pour chacun des rôles, sachant que le film a été visionné en VOST pour cette critique. Johnny Depp est parfait dans le rôle du chapelier mais ce type de jeu on connaît déjà… bref nous apprécions à sa juste valeur mais nous ne sommes pas subjugué comme les performances de Mia Wasikowska (Alice) qui surprend par ce mélange de candeur et de lucidité,  de jeunesse et de maturité et surtout Helena Bonham Carter (la reine rouge) qui est un régal pour chaque plan ou elle est présente. Coupez lui la tête !

Des merveilles, nous en avons également du coté de la technologie qui offre certes une immersion 3D dans ce monde fou des rêves d’Alice mais surtout qui mêle avec un naturel scénaristique et technique confondant les personnages vivants et les caractères animés. Pas facile parfois de faire la part des choses tant la photographie a été savamment travaillée pour offrir des palettes de couleurs inédites et proches d’un non réalisme de rêve.

Cet Alice au pays des merveilles devrait être vu en 3D car le monde imaginé par Burton regorge, un peu comme celui d’Avatar, de multiples surprises visuelles. Des décors eux-mêmes aux personnages et objets qui le parsèment, difficile d’observer à loisir ce nouveau monde d’Alice complexe et trop riche pour un seul visionnage. Il faut dire que l’action va vite, le scénario ne laissant guère reposer le spectateur à partir du moment ou Alice tombe dans le trou. Signalons quelques facilités d’effet 3D dans lesquelles est tombé de réalisateur en forçant les mouvements de caméra et la profondeur de champ pour impressionner le spectateur avide de sensations de profondeur. Mais dans l’ensemble la caméra de Burton tente de capter au mieux les émotions de chacun des personnages (plans souvent très proches) et de mettre en valeur ces fabuleux décors, bien que souvent inquiétants et morbides.

Cette nouvelle version est peu comique, qu’on se le dise. Quelques sourires peuvent égayer le visage du spectateur mais ce n’est clairement pas la volonté du réalisateur d’offrir un film pour les plus jeunes et pour amuser la galerie. De fait, cela donne de la force et de la consistance au scénario qui ne s’égare jamais vers des ficèles néfastes pour séduire le plus large public possible. Et bien que la fin de ce rêve soit inscrit dès le début, Burton sait surprendre son public par le déroulé de cette aventure.

En conclusion

Une féérie proposée par Tim Burton peut difficilement se refuser. Celle d’Alice au pays des merveille se doit d’être vue pour plonger dans un doux rêve ou les choses impossibles deviennent possible et où la folie qui se dégage de chacun des personnages – sans aucune exception – se transmet avec délice à notre imaginaire.