Alice au pays des merveilles

par: Sebastien Keromen

Un nouveau film de Tim Burton, c’est toujours un événement. Et après des films merveilleux, il nous amène cette fois au pays des merveilles, alors ça ne peut qu’être un concentré de merveilles. Et tel est le cas.

Alice au pays des merveilles
Titre original : Alice in Wonderland
USA, 2010
Réalisateur
 : Tim Burton
Acteurs : Mia Wasikowska, Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Anne Hathaway, Crispin Glover, Stephen Fry, Michael Sheen, Alan Rickman, Timothy Spall, Michael Gough, Imelda Staunton, Christopher Lee
Musique de : Danny Elfman
Adapté des romans de Lewis Carroll (Alice au pays des merveilles et De l’autre côté du miroir)
Durée : 1h50

L’histoire
Alice a grandi, et son voyage au pays des merveilles lui laisse le souvenir d’un rêve. Mais à la veille d’un mariage dont elle ne veut pas, elle aperçoit un lapin blanc en redingote, et qui semble très en retard…




La critique

Quand on va voir le nouveau film de son réalisateur préféré, on a toujours à la fois l’excitation du nouveau film, et la peur que ce soit celui qui déçoive. Et pour Alice, je le sentais pas trop bien. Et, youpi, si, youpi, comme j’avais tort. Car Alice au pays des merveilles est tout ce que le maître pouvait y apporter. D’abord et surtout, de l’intensité, de l’abondance, de la substance, de l’exagération, des acteurs qui en font des tonnes, des effets spéciaux bizarres, bref tout ce qui fait que le spectateur va profiter de chaque seconde du film, entre amusement, fun, émerveillement, étonnement. Pas une seconde de perdue, pas un temps mort, pas un moment qui dépareille. Le film est un grand voyage vers le pays des merveilles et ses habitants, et si ça reste bien sûr un divertissement bizarre et léger, le film ne vous lâchera pas avant la dernière image, faisant passer le temps en un éclair.




Si le film compte de nombreuses qualités, je crois que la principale est l’interprète d’Alice, Mia Wasikowska, qui arrive à nous faire croire parfaitement à Alice, à sa personnalité, à son goût de l’impossible, à sa détermination. Elle est la pierre réaliste qui fait que ce monde incroyable a un pied dans le possible, le probable, le plausible. Bien sûr on retiendra tout ce qu’il y a d’incroyable dans le film, mais c’est bien sa performance qui permet à l’ensemble de tenir. Et maintenant qu’on a notre point fixe, on peut y ajouter tout et tout, et de préférence le plus barré et le plus n’importe quoi. Mes souvenirs des livres sont vagues, mais on retrouve un peu ici de leur logique biaisée et des mots inventés qui nous laissent toujours un peu en déséquilibre sur la compréhension de l’histoire. On y retrouve aussi des tas de trucs bizarres, dont les changements de taille qui font que pendant la plupart du film, il n’y a pas deux personnages à la même échelle, et pour déstabiliser c’est assez fort. L’histoire reste plutôt simple, mais s’éloigne assez rapidement de l’histoire originale (en en gardant les ingrédients) pour qu’on n’ait pas l’impression d’une redite du dessin animé.




Le film est beau. Bien sûr. Les paysages et personnages et costumes et arbres et animaux et monstres et fleurs et tout sont incroyablement inventifs, et arrivent sans problème à dépasser le dessin animé de Disney, avec pourtant un aspect réel qui aurait pu les desservir (plus facile de faire croire à l’incroyable en dessin animé) et finalement les magnifient car justement ils paraissent tellement réels qu’ils ne peuvent qu’être irréels. La 3D apporte un petit plus de profondeur, de beauté des plans (comme le cadre du générique de fin, si, vous verrez, c’est mieux avec l’image), des belles foules en profondeur, des belles chevauchées et beaux envols. Pas de plans incroyables de 3D comme dans Avatar, mais tout de même un petit niveau de beauté supérieur en 3D, si vous avez l’occasion.




Côté acteurs, Johnny Depp, bien sûr. Comment peut-on surjouer aussi incroyablement un personnage qui ne ressemble à rien et n’a pas un rôle bien défini, et s’en tirer de façon crédible ? Perso, j’ai pas la réponse, mais lui semble l’avoir, c’est le principal. Tout le monde semble aussi bien s’amuser, malgré les sales tours que leur jouent les effets spéciaux, petit corps, balafres, maquillages outrageux, ou juste personnages en images de synthèse, avec la préférence habituelle pour le chat du Cheshire qui est toujours aussi délectable et jouissif comme personnage (même sans rayures rose et mauve). En bref, à part une musique de Danny Elfman qui ressemble à un sous-Danny Elfman qui essaierait de copier Danny Elfman (par moments, d’autres moments sont heureusement meilleurs), tout est superbe et flamboyant, jubilatoire et plaisant, exotique et surréaliste, en fait je crois que Tim Burton a dû filmer le vrai pays des merveilles, et donc qu’il n’a aucun mérite.




Bien sûr, il y aura toujours des rabat-joie pour dire que ça fait toc, que l’histoire est maigre, que les acteurs surjouent, que le livre était mieux… Et peut-être même en ferez-vous partie, volontairement ou à l’insu de votre plein gré. Mais laissez au film une chance de vous convaincre, ouvrez votre âme d’enfant, laissez-vous déborder par les couleurs, les images, la folie, l’exubérance, la poésie, la fantaisie et les chapeaux de cette Alice dont le pays n’a jamais été aussi merveilleux et aussi fou.

A voir : pour les images, les idées, la folie
Le score presque objectif : 8,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, en espérant que vous vous y plairez autant que moi

Sébastien Keromen