Inception

par: Sebastien Keromen

Précédé d’une énorme réputation, Inception arrive sur nos écrans. Bien loin du blockbuster habituel, le muscle qu’il fait travailler, c’est le cerveau. L’expérience vaut-elle les nœuds au cerveau qu’elle vous causera ?

Inception
Titre original : Inception
USA, 2010
Réalisateur
 : Christopher Nolan
Acteurs : Leonardo DiCaprio, Marion Cotillard, Ellen Page, Cillian Murphy, Michael Caine, Joseph Gordon-Levitt, Ken Watanabe, Tom Berenger, Lukas Haas
Musique de : Hans Zimmer
Durée : 2h30

L’histoire
Dom Cobb est un spécialiste du vol. Du vol d’idée, directement dans le rêve de la victime. Mais dans la vraie vie, c’est un fugitif. C’est alors qu’un industriel lui propose d’effacer son passé judiciaire en échange d’un travail inédit : ne plus voler une idée, mais l’implanter dans le cerveau de quelqu’un.




La critique

L’été, nous arrive généralement un déluge de films de divertissement. Par exemple, pas du tout Inception. Parce que si vous vous attendiez à un gros film de grosse action qui tache, de la baston et des fusillades, option cerveau au repos, vous risquez le saignement de neurone caractérisé. Non pas que Inception soit hermétique, on comprend tout, dans l’ensemble, du moins à un premier niveau de lecture. Mais mieux vaut ne pas cligner des yeux au mauvais moment, interdiction de relâcher votre attention pendant 2h30, parce que vous allez en arriver à suivre 4 niveaux d’histoire à la fois, vous aurez besoin de toute votre concentration.




Ce scénario ultra-riche et ultra-complexe est d’ailleurs la première bonne raison d’aller voir le film. Arriver à suivre les rêves et sous-rêves, bercés par un écoulement du temps différent (dans chaque sous-rêve, le temps passe des dizaines de fois plus vite que dans le rêve qui l’engendre) est absolument fascinant, et sur toute la fin du film on est tendu comme une corde de violon pour ne pas rater la jonction entre les rêves. Le sentiment est très fort et à peu près inédit au cinéma, et ça c’est rare. Autre point fort : l’interprétation totalement impeccable, entre habitués du circuit (Leonardo DiCaprio, Michael Caine, et déjà Ellen Page et Marion Cotillard) et acteurs qu’on voudrait voir plus souvent (Joseph Gordon-Levitt, Cillian Murphy et Ken Watanabe). Tout le monde habite son rôle et toutes ses déclinaisons dans tous les rêves avec aisance et conviction, rien à redire là-dessus. Le film est baigné dans une ambiance dictée par le sujet : le rêve, où tout peut arriver, même l’impossible, effets spéciaux soufflants à l’appui. Tout pour vous plonger dans ce trip onirique. Et malgré ces idées incroyables, Inception semble ancré dans la réalité tant la partie scientifique (les drogues) et organisationnelle (l’équipe de spécialistes) de cette science des rêves est crédible, tout se tient.




Mais tout n’est pas parfait, quand même. Premier défaut : les scènes d’action. D’abord, leur montage est très cut, et parfois on a bien du mal à voir ce qui se passe. Elles sont loin d’être les pires du genre, mais comme le film est très cérébral, on regrette un peu qu’on nous embête avec ces bastons pas très claires. Et en plus, le scénario ne s’est pas privé de balancer des tueurs dans tous les rêves. D’accord, ça ajoute un peu à la tension, mais n’est-ce pas un peu trop ? Le montage complexe de l’inception était déjà suffisant en lui-même, y ajouter des tas de gens qui tirent sur l’équipe (alors qu’on imagine mal qu’elle va se faire descendre d’un coup, arrêtant le film) semble assez vain et inutile. Mais le pire, c’est la musique. Pourtant, Hans Zimmer n’est ni un bleu ni un mauvais compositeur, mais soit on lui a demandé de faire quelque chose de très fort, soit il devient sourd, car la musique est totalement tonitruante et envahissante, martyrisant les oreilles quasiment sans répit, et en plus pas terrible. Quand on repense à l’environnement sonore si soigné de Memento, on se dit que Christopher Nolan a peut-être perdu l’oreille ou ne s’est pas assez intéressé à la bande-son ici. Ça ne suffit bien sûr pas à flinguer le film, mais ça le tire continuellement vers le bas, empêchant d’atteindre l’extase cinématographique à laquelle il pouvait prétendre.




Mais trêve de critiques, Inception est un film qui fera date, d’abord parce qu’il arrive à mettre en scène un scénario totalement original (qui s’éloigne très vite de ses inspirations Matrix et Dark city), qui vous procurera des sentiments jamais éprouvés devant un film. Libre à vous après de comprendre le film d’une façon ou d’une autre, ça ne changera rien à la fascination que vous aura fait éprouver le film. Et ça c’est plutôt rare. Très rare.

A voir : pour quelque chose que vous n’avez jamais vu
Le score presque objectif : 8/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, malgré ses quelques défauts, à voir absolument un jour où votre cerveau est sur ON (et pas sur OFF)

Sébastien Keromen